L'A86 Ouest est l'un des plus grand chantier routier souterrain actuellement réalisé en Europe. Il emploie deux mille ouvriers. Il aura fallu trente ans de réflexion, onze ans de travaux et autant d'embouteillages pour que la première section du tunnel de l'A86 voit le jour dès octobre 2007 à l'ouest de Paris. 90 % du tracé est en souterrain et la partie visible en surface se limite aux échangeurs, unités de ventilation et puits de secours, des installations elles-mêmes situées pour la plupart au-dessous du niveau du terrain naturel, et occupant, de toute façon, un espace limité dans le paysage. Le caractère discret de l'ouvrage est rendu possible par l'utilisation d'un tunnelier, pièce maîtresse de la construction, machine géante capable de forer profondément en sous-sol des galeries circulaires de plus de 10 mètres de diamètre. Une technologie apparue dans le courant des années 1980, qui a fait notamment ses preuves lors du percement du tunnel sous la Manche. En accomplissant son œuvre dans le sous-sol de l'Ouest parisien, à des profondeurs allant de 20 à 90 mètres, le tunnelier rend un grand service aux riverains : il trace le chemin de l'A86 Ouest sans porter atteinte au paysage et à l'environnement, sans gêner d'aucune manière les déplacements quotidiens, préservant donc le cadre de vie. Le tunnel a été construit sur deux niveaux superposés de deux voies chacun, reliés entre eux tous les 200 mètres par des portes coupe-feu. Seule Shanghai connaissait déjà une telle infrastructure. Les ingénieurs de Cofiroute ont dû revoir leurs plans durant les travaux afin de s'adapter à la nouvelle législation apparue après l'accident du tunnel du Mont-Blanc. Un puits d'accès a donc été creusé tous les kilomètres pour que les pompiers puissent y accéder rapidement.
En dix minutes, vous pourrez rejoindre l'A13 au triangle de Rocquencourt depuis Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). André Broto, chargé des constructions chez Cofiroute, a expliqué : "Il désengorgera les communes de l'Ouest parisien, saturées par la circulation de transit." Mais les automobilistes vont devoir patienter pour en profiter pleinement : pour l'instant, seule une portion de 4,5 km est sur le point d'être terminée. La deuxième, reliant l'échangeur de l'A13 avec Jouy-en-Josas, est en cours de creusement et devrait être livrée en 2009. Quant au raccordement avec l'A12, ouvert à tous les véhicules, le tracé n'est même pas encore défini.
Cofiroute envisage de rembourser 1,7 milliard d'euros injecté au moment de la construction. L'entrée du tunnel sera donc payante : de 1,50 euro la nuit à 4 euros en heure pleine. Des tarifs d'abonnement devraient être proposés. La question de son utilisation et de son trafic se pose : le prix, environ 75 euros par mois pour les trajets travail-domicile, risque d'exclure une population qui n'a pas forcément les moyens d'y consacrer un tel budget. Le tunnel sera interdit aux camions et aux motos. Cela suscite l'incompréhension de la Fédération française des motards en colère (FFMC) qui y perçoit "une politique de répression envers les deux-roues." Le tunnel A86 est présenté comme bénéfique pour l'environnement et le paysage mais les contraintes sont nombreuses. Nous verrons dans quelques mois si les automobilistes seront au rendez-vous.
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