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Acheter une occasion à l'étranger : fait-on vraiment de bonnes affaires ?

Dans Guide fiabilité / Budget

Manuel Cailliot

Lorsque l'on achète une voiture neuve, il peut se révéler intéressant d'aller la chercher dans un pays étranger, où le modèle convoité est parfois moins cher. Mais du coup, est-ce aussi le cas pour les voitures d'occasion ? Caradisiac pose la question, et y répond pour vous.

Acheter une occasion à l'étranger : fait-on vraiment de bonnes affaires ?

On ne refera pas le monde, et ce constat quasi universel : on cherche toujours à payer le moins cher possible pour les biens que l'on convoite. Et c'est bien sûr le cas pour les voitures. Quand on achète neuf, on traque la promotion, on négocie pied à pied avec le commercial de la concession, on lui demande de nous faire des cadeaux. Et lorsque ça ne suffit pas, on fait parfois appel à un mandataire (quand on ne fait la démarche tout seul), pour qu'il aille chercher à l'étranger le modèle que l'on désire, à moindre coût. La raison ? Des différences de tarif entre pays de la zone euro. Car selon les politiques commerciales (plus ou moins agressives selon les pays), ou selon les différences de taxes (plus elles sont élevées, plus le prix hors taxe est bas, en général), une même voiture peut se retrouver moins chère en Belgique, en Allemagne ou en Espagne qu'en France.

 

Tout cela est intéressant, mais en France, le marché de l'occasion pèse 2,5 fois plus lourd que le marché du neuf ! Du coup, est-ce qu'on observe le même phénomène ? Les voitures d'occasion sont-elles moins chères à l'étranger que chez nous ? Certains le disent, en effet. Idée préconçue ou réalité ? C'est ce que nous allons voir avec quelques exemples concrets.

Mais le prix ne fait pas tout. Car d'autres frais sont à ajouter lors d'un achat à l'étranger, ce qui peut diminuer voire annuler la rentabilité d'une telle opération. Nous les détaillerons également.

 

Aussi, il faut être prudent. Certaines voitures sont moins bien équipées sur les marchés étrangers. Il est donc nécessaire de bien regarder les niveaux de dotation. Et bien sûr, certains professionnels peu scrupuleux ont tendance à rajeunir les compteurs, une pratique fort répandue en Allemagne par exemple. La Belgique est plus sûre sur ce point grâce au Car Pass qui garantit la véracité du kilométrage par des relevés réguliers et inscrits dans une base de données nationale.

 

Le prix : est-ce TOUJOURS moins cher à l'étranger ?

Cette question est centrale. Car elle conditionne l'intérêt des démarches d'achat à l'étranger. Si ce n'est pas moins cher, aucun avantage (belle évidence).

Nous avons donc sélectionné quelques exemples, afin de savoir s'il était toujours, souvent, de temps en temps ou jamais (rayez la mention inutile) intéressant d'acheter à l'étranger une voiture d'occasion. La meilleure vente française, la Clio 4, la meilleure vente européenne, la Volkswagen Golf, un modèle emblématique, le Dacia Duster, mais aussi une allemande haut de gamme (BMW 330i) et une sportive, elle aussi allemande (Audi S3).

 

La Renault Clio 4

Acheter une occasion à l'étranger : fait-on vraiment de bonnes affaires ?

Nous avons jeté notre dévolu sur un modèle de 4e génération, de 2014, doté d'un moteur 0.9 TCe de 90 ch et affichant entre 60 000 et 80 000 km au compteur.

En France, son prix moyen s'établit à un peu moins de 9 500 €, avec des offres intéressantes à 8 900 €. En Allemagne, le prix moyen est strictement identique. En Belgique et en Italie, il tourne plutôt autour de 8 800 €. Mais c'est en Espagne qu'il est le plus intéressant, avec un tarif moyen de 8 000 €, et des offres basses à 7 200 €.

Victoire Espagne donc, avec un gain moyen de 1 500 €. Mais on le voit, déjà, aller chercher sa Clio en Allemagne n'a aucun intérêt. Et ça en a peu en Belgique ou en Italie, vu les frais annexes, dont nous parlerons ensuite.

La Volkswagen Golf

Acheter une occasion à l'étranger : fait-on vraiment de bonnes affaires ?

Il s'agit d'un modèle de 7e génération, année 2016, dotée d'un moteur 1.2 TSI 110 ch et entre 50 000 et 70 000 km au compteur.

En France, son prix moyen en occasion est de 15 000 €. En Italie, c'est encore plus cher (16 000 €), en Belgique aussi (15 500 €). En Allemagne, le prix est équivalent par rapport à la France. Il n'y a qu'en Espagne, encore une fois, que c'est plus intéressant, avec un tarif moyen à 13 500 €.

Victoire Espagne encore. Quant aux autres pays, circulez, y'a rien à voir.

Le Dacia Duster

Acheter une occasion à l'étranger : fait-on vraiment de bonnes affaires ?

Un modèle 2014, doté du très répandu 1.5 dCi 110 ch, année 2014 et entre 80 000 et 100 000 km, coûte en moyenne, toutes finitions confondues (comme pour les autres exemples), 11 500 € en France. Un tarif élevé, preuve que les cotes baissent très lentement, mais on le savait déjà.

En Italie, le prix moyen est à 10 700 €, en Allemagne, 10 200 € et en Espagne, 10 000 €.

Victoire Espagne pour la troisième fois. L'Allemagne est aussi un marché intéressant pour le Duster, nos amis d'Outre-Rhin apprécieraient-ils peu les véhicules low cost ? Mais l'Italie est peu intéressante.

La BMW Série 3

Acheter une occasion à l'étranger : fait-on vraiment de bonnes affaires ?

Un modèle un peu plus ancien cette fois-ci, mais bien plus haut de gamme. En effet une version essence 6 cylindres en ligne 330i, entre 2006 et 2008, affichant entre 150 000 et 175 000 km sera notre cobaye.

Elle se pavane en France en moyenne à 13 500 €. Tandis qu'en Espagne ou en Belgique c'est plutôt 10 600 €. En Italie, pas d'offre sur ce modèle précis. Mais en Allemagne, patrie d'origine de l'auto, la moyenne des tarifs est à 10 000 € seulement, avec des offres autour de 8 000 € au mieux ! Soit 3 500 € d'économie en moyenne.

Victoire Allemagne cette fois. Mais Espagne et Belgique se défendent bien.

L'Audi S3

Acheter une occasion à l'étranger : fait-on vraiment de bonnes affaires ?

Enfin on termine avec une sportive. Réputées chères en France et peu chères en Allemagne, est-ce bien le cas ? Nous avons choisi une version de dernière génération, entre 2015 et 2017, dotée du 2.0 TFSI de 300 ch, et affichant entre 50 000 et 80 000 km.

Dans l'hexagone, le prix moyen ressort à 35 000 €. En Espagne, c'est 32 000 €. Mais en Allemagne c'est 30 500 €. Et mieux encore, en Italie ou Belgique, le prix moyen est inférieur de 5 000 € au prix tricolore, soit 30 000 €. De quoi économiser 5 000 €. En pourcentage, ce n'est pas mieux que ce que l’on a trouvé sur la BMW, mais facialement, c'est très intéressant, puisque cela représente une économie de plus de 14 %.

 

On le voit donc, la France ne sort jamais vainqueur de ces comparaisons de tarifs en occasion. C'est surtout l'Espagne qui se distingue, surtout pour les modèles les moins onéreux, tandis que l'Allemagne est intéressante pour les modèles les plus haut de gamme et puissants, avec la Belgique.

 

Acheter une occasion à l'étranger : les frais supplémentaires à prendre en compte

Mais le prix de la voiture, c'est une chose, le prix global en est une autre. En effet, lorsque l'on va chercher sa voiture dans un pays étranger, même frontalier, il faut tenir compte de frais afférents, qui peuvent grever la rentabilité de l'opération, voire annuler tout avantage.

En effet, lorsque l'on va chercher son occasion à côté de chez soi, on évite par exemple des frais de transport, inévitable si l'on doit se rendre au fin fond de l'Espagne ou de l'Allemagne.

Ainsi, il faut prévoir le coût des billets de train ou d'avion pour se rendre sur place, et éventuellement le prix d'une nuit d'hôtel si faire l'aller-retour est impossible dans la journée. Et voilà déjà une bonne centaine, voire deux, d'euros à prévoir.

Des plaques provisoires allemandes.
Des plaques provisoires allemandes.

Il faut aussi (Allemagne, Belgique), prévoir des plaques et une assurance provisoire pour pouvoir rouler au retour. Cela coûte environ une trentaine d'euros, hors prix des plaques. Et si vous décidez de transporter la voiture sur un plateau, ce qui évite les démarches de plaques et assurance provisoire, cela coûte aussi très cher en location. Plusieurs centaines d'euros selon le kilométrage parcouru. Il faut donc que le gain à l'achat soit important pour que cela vaille le coup (et le coût...).

 

Nous l'avons dit, les démarches administratives sont également (un peu) plus contraignantes. Et coûteuses également.

L'immatriculation doit se faire dans un délai d'un mois après l'achat. Il faut fournir les pièces justificatives suivantes.

Les justificatifs administratifs :

  • une pièce d'identité
  • un justificatif de domicile
  • une demande de certificat d'immatriculation
  • un justificatif de vente (soit une facture, soit un certificat de cession). Si ce dernier est en langue étrangère, il doit être accompagné d'une traduction en français effectuée par un traducteur agréé.
  • L'ancien certificat d'immatriculation (ce peut être un certificat CE comme le nôtre, soit un certificat d'immatriculation national, soit une pièce officielle de propriété prouvant l'origine du véhicule ou prouvant que le certificat d'immatriculation a été retiré)
  • Un contrôle technique datant de moins de 6 mois effectué dans un centre français.

Il faut également un justificatif fiscal :

  • le quitus fiscal "1993 VT REC" (il s'agit d'un certificat d'acquisition délivré par les services des impôts, on peut le faire faire dans l'agence du Trésor Public dont dépend votre résidence). Il faut fournir la facture d'achat ou le certificat de cession en français, le certificat d'immatriculation d'origine, une pièce d'identité et un justificatif de domicile.

Et enfin un justificatif de conformité : il existe plusieurs cas.

  • Le certificat de conformité doit être traduit en français si ce n'est pas le cas.
    Le certificat de conformité doit être traduit en français si ce n'est pas le cas.
    Le cas d'un véhicule conforme à un type communautaire. C'est le plus courant puisqu'il concerne tous les véhicules depuis 1996. Vous devez alors fournir le COC (Certificate of conformity, ou certificat de conformité européen), délivré par le vendeur. Si le certificat n'est pas fourni, il faut alors demander une attestation d'identification à un type communautaire, à un concessionnaire ou au constructeur ou à son représentant en France.Attention, cette démarche peut être facturée, parfois cher (jusqu'à 180 €).
  • Le cas d'un véhicule conforme à un type national français (souvent pour un véhicule antérieur à 1996). Il faut une attestation d'identification à un type national, délivrée par le constructeur ou son représentant en France. Elle peut être établie également par la DREAL (Direction régionale de l'environnement et l'aménagement et du logement, ex DRIRE) compétente de votre lieu de résidence, pour un coût de 87 €.
  • Dans tous les autres cas, seule la DREAL est compétente et délivre un procès-verbal de réception à titre isolé. Si des tests sont à effectuer sur la voiture, il faudra, en France, passer par le seul organisme habilité à les effectuer, l'UTAC. C'est coûteux, mais rare. À réserver le cas échéant à des véhicules de grande valeur.

Pour plus d'informations sur les démarches, vous pouvez consulter notre article dédié, ici :

https://www.caradisiac.com/Acheter-une-occasion-a-l-etranger-toutes-les-demarches-pour-la-faire-immatriculer-99818.htm

 

BILAN

Il est clair que dans certains cas, faire la démarche d'achat d'une voiture de seconde main dans un pays limitrophe est une bonne opération, financièrement parlant. Mais ce n'est pas tout le temps le cas. Il faut en effet bien tenir compte des frais que cela implique. Et parfois, ces frais, et les risques, annulent tout simplement l'intérêt de la chose.

Il faut donc, pour que cela vaille le coup, que la différence de prix soit conséquente. Nous vous conseillons, comme toujours, de bien faire le tour des petites annonces, de regarder les prix moyens, les meilleures offres, pour vous faire une idée de la rentabilité.

Les démarches, elles, ne sont pas si compliquées lorsque la voiture provient d'un pays européen et est dotée d'un certificat de conformité européen. Avec un minimum de lecture, c'est tout à fait faisable.

Donc au final, et pour répondre à la question du titre, oui on peut faire de bonnes affaires, mais ce n'est pas systématique. Chaque cas est particulier, et peut faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre. Eh oui, encore une réponse de Normand !

 

 

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