Bientôt moins de bouchons, mais pas grâce au couvre-feu !
Les 20 millions de personnes concernées par le couvre-feu en vigueur depuis samedi soir pourraient bien mieux circuler dans les prochains jours. Non parce qu’ils sont claquemurés chez eux dès 21 heures, mais en raison du protocole sanitaire mis en place par le ministère du Travail vendredi soir et qui instaure le télétravail sans vraiment le dire.
Certains se souviendront longtemps de ces matins du mois d’avril de cette année où Bison Futé, et d'autres, annonçaient zéro kilomètre de bouchons en Ile-de-France à 8 heures du matin. Évidemment, c’était en plein confinement et personne, ou pas grand-monde, n’en vient à regretter ce drôle de moment. Mais il est des matins ou ces zéros bouchons ont un goût de nostalgie, remplacés désormais par les 300 kilomètres en moyenne de voitures quotidiennement à l’arrêt sur les voies d’accès à la capitale.
Et si l’on retrouvait ce bon temps sans se reconfiner pour autant ? Pas par le biais du couvre-feu en tout cas. Le rush du matin, du moins pour les 20 millions d’habitants des 8 métropoles concernées, ne risque pas de diminuer. Quant au soir, les embouteillages risquent même d’augmenter, puisque notamment les cadres, qui ont pour habitude de travailler plus tard que les employés, devraient décamper plus tôt, de peur de se retrouver coincés à l’heure ou les rues doivent être vidées. L’étalonnement habituel des embouteillages n’aura même plus lieu, ce qui risque de rajouter quelques kilomètres de saturation supplémentaires.
Un protocole sanitaire qui pourrait bien renvoyer les salariés chez eux
Il est pourtant un petit élément qui pourrait non pas vider les périfs des grandes villes aux heures de pointe, mais du moins faire baisser suffisamment le nombre de voitures en circulation pour résorber ces maudits bouchons.
Ce petit élément est écrit noir sur blanc dans un document très officiel publié vendredi dans la soirée par le ministère du Travail. Et que dit ce protocole national, à la page 5 du texte destiné aux entreprises ? Que « le télétravail est une pratique recommandée en ce qu’il participe à la démarche de prévention du risque d’infection au SARS-CoV-2 et permet de limiter les interactions sociales aux abords des lieux de travail et sur les trajets domicile travail. »
Évidemment, aucune obligation n’est fixée aux entreprises pour qu’elles envoient leurs salariés travailler à la maison. Pourtant, depuis ce week-end, les syndicats comme les DRH phosphorent sur ces quelques phrases. Et les responsables des ressources humaines de se demander ce qu’il se passerait si leurs salariés non télétravailleurs, et dont le poste le permet, en venaient à être testés positifs, ou pire, à déclencher le Covid. Pourraient-ils se retourner contre leur employeur devant un tribunal sur la base de ce texte ? Dans les locaux des grandes centrales syndicales, le week-end a été tout aussi juridiquement chargé.
Des routes moins embouteillées à cause des DRH ennuyés
Mais alors que faire ? Prendre le risque de forcer les collaborateurs à braver les bouchons et à se rendre au bureau ? Ou, alors à l’inverse, appliquer le principe de précaution (inscrit dans la constitution) et instaurer deux jours de télétravail minimum, comme l’a demandé Élisabeth Borne, la ministre du Travail ?
Nombre de dirigeants de petites entreprises qui n’ont pas de direction des ressources humaines et encore moins de services juridiques vont bien entendu demander à leurs salariés de pratiquer le « présentiel », comme on dit dans le monde d’après. Mais d’autres ne prendront pas ce risque, et laisseront leurs collaborateurs travailler à domicile, par crainte des représailles.
Alors le nombre de kilomètres embouteillés pourrait bien baisser. Puisque l’on sait que 10 % de voitures en moins suffisent à fluidifier la circulation. On ne va pas pour autant retrouver les fameux zéros kilomètres de bouchons du mois d’avril, mais au moins serons-nous moins nostalgiques de cette période-là. À condition que ce télétravail exigé par le gouvernement sans le demander se réalise. Pour le vérifier, il suffira de guetter les périphériques de Paris, Lyon, Lille ou Marseille dès cette semaine.
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