Carlos Tavares, droit dans ses bottes et ses contradictions
L’ancien patron de Stellantis profite de la sortie de son livre pour donner quelques interviews et s’exprimer près d’un an après son départ. Mais des lignes de son ouvrage à ses phrases dans la presse ou sur les ondes, l’homme dis parfois une chose avant de proclamer l’inverse.

C’est ce que, dans un festival de lieux communs, on appellerait une rentrée médiatique. Entre la parution de son livre Un pilote au cœur de la tempête coécrit, selon l’expression consacrée, avec Bertille Bayard du Figaro et Dominique Seux de France Inter, et des interviews distillés au compte-goutte, Carlos Tavares entend bien reprendre une place dans le game, selon l’expression consacrée toujours.
Pour quoi faire ? Cicatriser un ego malmené par son éviction à la tête de Stellantis ? Tenter de rebondir pour juguler un trop plein d’énergie que sa semi-retraite dans son vignoble portugais ne saurait contenter ? Difficile à dire. En tout cas, l’ex-boss a un avis et entend bien le partager.
C’est un départ volontaire, ou presque
Il revient évidemment sur la fin de partie qui s’est jouée il y a près d’un an. Selon lui, il n’a pas été viré, mais serait parti de son plein gré. Soit. Sauf que dans son ouvrage, il raconte le coup de fil que John Elkann lui aurait passé, pour lui expliquer « qu’il a perdu la confiance du conseil d’administration ». Pour montrer la direction de la sortie à un homme en langage châtié, on ne fait pas mieux.
Autre contradiction : la fameuse phrase prétendant qu’il serait un « psychopathe de la performance ». Tavares ne s’attribue aujourd’hui la sentence qu’à lui-même. Or, interrogé il y a deux petites années en pleine conférence de presse sur l’incroyable turn over régnant parmi les cadres dirigeants du groupe, il a tout simplement expliqué que « la performance doit être le seul critère social en vigueur dans le groupe ».
On a aussi beaucoup reproché à l’ancien patron de foncer trop vite et trop fort dans l’électrique, ce qui lui aurait coûté son poste. Comme il le reconnaît sur France Inter, en référence à la course auto qu’il adore, « quand les autres freinent, il faut accélérer ». Soit. Pourtant, dans son livre, il évoque, une folie, en parlant « de la décision d’imposer une technologie au marché européen. En octobre 2018, le Parlement européen a adopté cet objectif de ventes de voitures neuves « zéro émission », donc électriques ». À la fois pour et contre, un en même temps macroniste, une dédicace au président de la République que Tavares admire, tout en le trouvant autophobe.
Il évoque aussi l’avenir, celle de l’automobile en général et de son groupe en particulier. Pour lui, les Chinois, qui ont tout compris, vont s’octroyer 10 % de parts de marché en Europe dans les prochaines années. Et Stellantis pourrait bien, selon lui, tomber dans l’escarcelle de Leapmotor par exemple. Mais n’est-ce pas lui qui a fait entrer le loup dans la bergerie ? Un détail, car tous ont tort, sauf lui. C’est l’impression qui ressort des 233 pages de son livre, et des interviews qu’il a données eu Point et à France Inter. Et pour bien faire comprendre le marasme dans lequel l'Occident est plongé, par rapport à l'Asie, il prévient du risque de devenir "une société décadente qui a oublié la valeur travail".
Les limites de la loi pour lui, l’autorégulation pour les autres
Également interrogé sur son implication dans les catastrophes Takata et Puretech, il a mis en cause la direction de la qualité de Stellantis, et non ses propres décisions. Tout en reconnaissant, in fine que si « on a 80 % de réussite et 20 % d’échecs, c’est déjà pas mal ».
Bien entendu, il ne faut pas effacer d’un trait les réussites du dirigeant d’entreprise qu’il a été, celle d’avoir tiré PSA d’une inévitable faillite en 2013, celle d’avoir absorbé Opel un peu plus tard, et celle d’avoir crée Stellantis en 2021.
Pour autant, est-il obligé de trouver tout à fait normal de percevoir les salaires mirobolants qu’il a touchés ? Il s’est contenté de respecter la loi livre-t-il en guise de justification. Mais il ajoute que, en ce qui concerne la taxe Zucman, ou les autres ponctions possibles sur les ultra-riches, tout en glissant qu’il n’en fait pas partie, il se transforme soudain en adepte de l’autorégulation, sans qu’il ne soit donc nécessaire d’en passer par la législation. Contradiction quand tu nous tiens.














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