Charles Krajka : la sécurité avant tout.
A l'occasion du Salon Moto Légende, j'ai eu l'occasion de discuter longuement avec Charles Krajka.
Si pour les plus jeunes d'entre vous ou ceux qui ne pratiquent pas la moto en compétition ce nom ne vous dit rien, Charles Krajka, c'est « Le » monsieur sécurité des pratiquants de la moto.
Pour les plus anciens, c'est aussi celui qui importait les Moto Guzzi dans les années 70, qui a tâté de la compétition en solo et side-car, et qui participait également aux « concentres » très en vogue à cette époque. Mais de tout ça, nous en reparlerons dans un autre article.
Ce qui nous intéresse pour l'heure, c'est le problème de la sécurité et des équipements. Et je peux vous dire que sur ce sujet, monsieur Krajka est intarissable.
En quelques mots, qu'elle est votre fonction ?
Après avoir été longtemps président du Collège Technique de le FFM, je suis membre du Comité Transport et Sécurité Routière et expert auprès du Comité Européen de Normalisation. J'assure depuis plus de vingt ans la formation des commissaires techniques et j'interviens également auprès des moto-clubs et sur des manifestations pour informer un maximum d'usagers sur la sécurité notamment pour les équipements.
Alors justement, que pouvez vous nous dire sur les équipements ?
Les casques tout d'abord. Il faut arrêter de croire qu'un bon casque est un casque cher. Il vaut mieux le changer plus souvent car si les fibres de verre ne bougent pas, les résines utilisées, elles, vieillissent dans le temps. Idem lorsqu'un casque a subit un choc.
Si extérieurement il n'a presque rien, il faut savoir qu'à l'intérieur, le calotin est là pour absorber le choc afin d'éviter des lésions irréversible au cerveau. Une fois son rôle rempli, ce matériau ne reprend plus sa forme initiale et ne peut plus assurer sa fonction. Dans les casques de qualité ce calotin peut être en double ou triple densité. Actuellement, un fabricant de casques travaille sur un modèle avec un revêtement souple qui aura un peu les mêmes propriétés que la peau. Cela permettra une première absorption du choc.
OK, mais alors d'où vient la tel différence de prix ?
Il faut savoir que tous les casques homologués répondent aux normes minimales de sécurité. La différence se fait ensuite au niveau du revêtement intérieur, des écrans utilisés, des peintures, … et de l'argent que touche le pilote sur la reproduction de « sa » déco. Ce n'est pas parce qu'on va mettre 500 euros dans un casque qu'il va être meilleurs qu'un autre à 150. Par contre, j'ai vu dernièrement un modèle fabriqué en Chine et homologué en Espagne qui est une véritable m…de. Tout comme acheter un casque sur internet. C'est une aberration. Un casque doit être essayé et choisi en fonction de sa morphologie, l'utilisateur doit pouvoir juger si le champ de vision est bon, tout un tas de choses qui doivent être appréhendées et qui ne peuvent pas se faire derrière un écran d'ordinateur.
Et pour l'habillement du pilote ?
D'abord les gants : priorité au cuir. La grande mode est aux gants équipés de coques. Il faut faire très attention car ce genre de protection peut aussi avoir un effet inverse et provoquer de graves lésions aux mains.
Idem pour les vestes et les pantalons d'enduro. La mode est aux modèles avec des couleurs, certes très « fun » mais qui fondent dès les premiers frottements sur le goudron. Il faut savoir que la pratique de l'enduro implique d'utiliser de plus en plus de sections goudronnées pour aller sur une spécial ou tout simplement rejoindre le parc fermé. Idem pour la pratique au quotidien. Je préfère un bon jeans plutôt qu'un pantalon en nylon qui fondra à la première chute avec toutes les conséquences que je vous laisse imaginé. Tiens. Il y a un truc génial qui a été inventé par des jeunes français : c'est le SQAD. C'est une matière qui ressemble au jeans et qui a des propriétés thermiques et de résistance très intéressantes.
En ce qui concerne les combinaisons il faut éviter celles qui ont une doublure en matériau synthétique. Nous avons un fabricant en France qui fait d'excellents produits (N D R :VidalSport pour ne pas le citer mais je vous en reparlerai dans un prochain article). Vous mettez un tee-shirt en coton ou en KERMEL dessous que vous changez dès que vous avez transpiré et cela vous évitera de reprendre une combine humide et qui sentira le fennec au bout d'un certains temps
Les protections dorsales doivent être assez larges pour répartir la pression sur un maximum de surface en cas de choc. Elles doivent également être incurvées pour épouser la forme du canal rachidien et être homologuées CE.
Merci Monsieur Krajka pour toutes ces précisions et pour l'enthousiasme dont vous faites preuve.
Voilà en quelques lignes le résumé de l'entretien que nous avons eu. Vous le voyez, je n'ai pas posé beaucoup de questions tant mon interlocuteur est intarissable sur le sujet et encore, je ne retransmets ici qu'une partie de notre conversation qui a durée une bonne partie de la matinée, entrecoupée de serrages de louche, de rigolade, de démonstrations avec du matériel qui a vécu (voir photos), et qui s'est clôturé par un pot avec Mr Claude Douniaux, une autre « figure » du monde de la moto et du side-car, sur le stand de nos confrères de Moto d'Hier.
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