Chez Stellantis, un patron s'en va sous la polémique et cinq candidats à son remplacement sont en lice
L'INFO DU JOUR - Un tiers des actionnaires a contesté le golden parachute de 35 millions d'euros qui devrait être versé à Carlos Tavares par le conseil d'administration de Stellantis. Un conseil qui va désormais choisir son successeur parmi les cinq candidats en lice, dont deux sont déjà connus.

Si l’année passée n’a pas été folichonne pour Stellantis, elle se conclut de brillante manière pour son ex-patron. Réuni en assemblée générale ce 15 avril, le groupe a en effet voté en faveur d’une indemnité de départ de 12 millions d’euros qui doivent être versés à Carlos Tavares, auxquels s’ajoute sa rémunération de 23,1 millions, soit plus de 35 millions au total.
Une somme qui a poussé L'Humanité à sortir sa calculette. Et le quotidien communiste de rappeler que le pactole de l’ex boss correspond à 350 fois le salaire annuel des 259 000 salariés du groupe. Une moyenne pourtant bien au-delà du Smic puisqu’elle s’établit à 65 993 euros par an.
12 millions qui posent problème
Reste que le pactole en question a été dûment approuvé par 66,9 % des actionnaires. Quant au tiers de réfractaires qui s'est opposé à la décision, il n’a pas contesté les 23,1 millions déjà actés, mais les 12 millions qui s’y sont rajoutés et qui constituent la véritable indemnité de départ, le restant étant constitué de son « salaire » 2024.
Ces indemnités sont constituées d’une rémunération fixe de 2 millions d’euros contestée par le cabinet de conseil aux investisseurs Proxinvest, car Carlos Tavares n’aurait travaillé que 11 mois sur 12, alors que l’enveloppe est calculée sur l’année. Mais les actionnaires rebelles refusent également la « prime sur objectif » de 10 millions d’euros qui s’ajoutent à l’addition finale.
Une contestation qui repose sur une autre addition : celle du bilan comptable du groupe, qui fait tout de même état d’une baisse de 70% du bénéfice. Même si l’objectif fixé à l’ex directeur général inscrit dans le rapport annuel du groupe n'est pas directement financier. Pour la toucher, le patron devait justifier «de l'atteinte d'une étape de transformation de l'entreprise, concernant notamment l’électrification de la gamme ». Si le passage à l’électrique mené par Tavares est incontestable, la transformation de l’entreprise l’est aussi, sauf qu'elle ne s’est pas opérée pour le bien de sa trésorerie.
Mais les rebelles, dont Proxinvest et Allianz investors, ont également mis en avant un argument tout bête pour justifier leur refus : lorsque l’on démissionne, ce qui est officiellement le cas de Carlos Tavares, on ne touche pas d’indemnités, C.Q.F.D. Reste que la majorité des actionnaires ont validé cette coquette somme et que le conseil d’administration devrait sans problème l’approuver. Un conseil qui, dans les prochaines semaines, doit entériner une autre décision : celle de la succession.

Selon l’agence Reuters, une short list de cinq candidats au poste de directeur général doit leur être soumis. Si l’on connaît les deux postulants à la promotion interne, on ignore pour le moment, les trois venus d’ailleurs. Les postulants maison sont sortis du bois depuis quelques mois déjà. Les deux occupent aujourd’hui des postes infiniment stratégiques au sein du groupe, puisqu’il s’agit de Maxime Picat, directeur des achats, et d’Antonio Filosa qui chapeaute Stellantis en Amérique du Nord. Le premier est confronté aux soucis de réduction des coûts voulus par Tavares et qui ont conduit, notamment, au scandale Puretech, alors que le second doit redresser la barre des marques américaines de Stellantis, à la peine depuis plus d’un an.
Les gros chantiers du successeur
Reste que les candidats connus sont rarement ceux qui sont à l’arrivée dans une telle nomination. Reste aussi à connaître les candidats externes, parmi lesquels se trouve peut-être le mouton à cinq pattes qui va s’asseoir sur le trône de Stellantis. Un homme, ou une femme, qui devra cajoler ses troupes malmenées, son réseau de distributeurs qui ne l'est pas moins, ses fournisseurs pressurisés et in fine, redresser la barre d’un vaisseau de 14 marques qui tangue. Le nom de cet oiseau rare sortira du chapeau du conseil d'administration d'ici la fin juin.
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