Pour 1 million d'euros, voici la question.Si je suis pilote du championnat de France Supermotard, je dois :Si le candidat lambda hésiterait un bon moment, il est sûr que les spectateurs de la 3e manche du championnat de France Supermotard qui s'est tenu à Lohéac il y a 3 semaines, n'auraient eu aucun mal à gagner le million. Retour sur un nouveau WE de pur spectacle.C'est la 3e année consécutive que l'ASK Lohéac (à 20 minutes de Rennes) organise une manche du championnat de France sur le circuit de karting qui jouxte le circuit et le musée de l'automobile de Lohéac. 350 m de piste en terre ont été spécialement construit et ajouté au bitume afin d'accueillir les meilleurs pilotes français. Et parmi eux, pas moins de 7 pilotes roulent en championnat du monde dont les frères Chareyre ou encore Boris Chambon. De quoi vous ravir les mirettes.Lorsque j'arrive sur le circuit, la météo est au beau fixe et le son qui s'échappe des gros monocylindres m'envahie déjà les tympans. Mais un son aigü se fait de plus en plus présent à mesure que je m'approche de la piste. Il s'agit des cales-pieds qui frottent sur le bitume et nous n'en sommes qu'aux essais qualificatifs des pilotes de promotions qui terminent leur série. La suivante est celle des superquader. Et bien, si vous trouvez que les pilotes motos sont barjos, alors vous ne pourrez pas nommer les hommes à quatre roues.Juchés sur un quad de piste actionné par un gros mono 4 T ou des plus petit 2T, les pilotes du championnat superquader n'ont pas froid aux yeux. L'assise qui leur serre de selle n'use pas beaucoup sur un tour de circuit étant donné que le déhanché est utilisé en permanence pour ne pas voir le quad se renverser. Même si le quad à 4 roues, les virages se passent souvent sur 2 roues ou alors tout en glisse ou encore avec 2 roues dans l'herbe. Les dépassements semblent difficiles, j'ai hâte de voir les courses pour les voir en découdre pour de bon.Les séries s'enchaînent à vitesse grand V. Les coureurs sont déjà en pré-grille alors que les précédents en terminent à peine. Le programme est chargé mais très complet. Pas moins de 6 catégories vont s'affronter tout au long du WE. Les plus jeunes sur des 125 2T ou des 250 4T, une formule de promotions pour les moins de 450 cc et une pour les plus de 450 cc (la catégorie « côté piste ». Ces 2 catégories sont sponsorisées par Aprilia et Husqvarna mais on retrouve toutes les autres marques quand même. Toujours sur 2 roues, il reste les catégories Prestige 450 et 650 avec des pilote de renom tels que Stéphane Blot ou Maxime Testu. Et pour couronner le tout, les quaders assureront un spectacle de tout les instants.La fin du samedi après-midi est ponctuée par les premières finales des plus jeunes, des open et des quaders. La bagarre est présente à chaque instant. Même si certains dominent haut la main leur catégorie, les places restantes sont toujours très disputées. En open, la seconde place de la 1ère finale s'est jouée dans le dernier virage. Les 2 pilotes n'ont pas hésité une seconde à accélérer jusqu'à la ligne et terminer leur course sur le talus devant les spectateurs pour ne pas perdre le bénéfice des 22 points de la seconde place. Des malades je vous dis.Si les finales se jouent à couteaux tirés, on remarque vite une chose. Les courses se gagnent sur le bitume mais aussi dans la terre. Si un pilote prend de l'avance sur le bitume, il peut tout reperdre dans la terre. Les meilleurs dans la terre sont souvent des anciens crossman reconvertis. Certains, à cause de multiples chutes, ont préféré limiter la casse et se tourner vers des compétitions mixtes.Le programme du samedi se termine. Nous en profitons pour faire un tour dans les stands qui sont ouverts à tous. Cela nous permet de voir de prêt les motos que nous venons de voir sur la piste. Qu'il s'agisse de team privé ou d'équipe d'usine, toutes les motos sont visibles. Si les mécanos sont en train de tout ranger, c'est qu'il est temps de préparer la soirée. Nous reviendrons demain afin de revoir cette débauche de beau matériel et de technologie.Et de fait, le dimanche matin, nous revoilà autour du circuit dès 9H30 pour les séances de qualification des séries Prestige et notamment l'épreuve de la super-pôle. Les 4 plus rapides des qualifs repartent pour 1 seul tour chrono. Les pilotes n'hésitent pas à envoyer encore plus fort quitte à chuter. Gros spectacle assuré. D'autant que cette super-pôle se fait sans réglage ou équipement particulier (contrairement au superbike où les pilotes peuvent changer leur pneu) ce qui n'engendre pas d'augmentation de coût qui est déjà très important.Comme la veille, les séries s'enchaînent sans relâche jusqu'à midi. Le soleil est toujours présent mais les nuages menaçant du matin commencent à remplir de plus en plus le ciel. Et vers midi, à la toute fin de la dernière finale, les premières gouttes de pluie tombent. L'après-midi risque d'être encore plus spectaculaire. Je profite de l'intermède pour retourner dans les stands. J'avais remarqué que nombre de motos étaient équipées avec des fourches WDS, marque que je ne connaissais pas.Le mécanicien du numéro 55 alias Guillaume Rigal (il gagnera une manche l'après-midi) m'explique que WDS est un fabricant de fourche pneumatique. L'huile est remplacée par de l'air sous pression. Une bonbonne d'huile séparée est du reste toujours présente afin de réaliser le refroidissement et la lubrification de l'ensemble. Cette technologie permet un gain de poids conséquent : entre 5 et 7 kg. Les réglages sont également facilités. A bien y regarder, un bon quart du parc est équipé en WDS.Autre constatation, le freinage est souvent confié à des ensembles Brembo ou Beringer à 4 ou 6 pistons. Sur la husquvarna numéro 111 de Romain Taurel, je remarque la présence d'un double disque de frein avant. Chose assez rare pour être remarquable (seuls 2 ou 3 teams sont équipés ainsi). Alors que la pluie redouble de violence, le mécano nous invite à entrer sous le auvent. Notre hôte nous explique que le double disque Beringer est encore au stade du prototype. Il s'agit de 2 disques de 230 mm serrés par des pinces 2 pistons. L'intérêt avancé est de ne pas avoir de torsions au niveau de la fourche lors des freinages et de garder toute la stabilité. L'autre avantage est de diminuer l'effet gyroscopique et ainsi gagner en maniabilité. Le gain de poids très limité ajoute encore un avantage au système. Il est possible que nous retrouvions le double disque sur d'autres machines si cela devient concluant.Le petit tour dans les stands sera aussi l'occasion de voir de près une Yamaha 2 roues motrices. On voit très bien la pompe à huile ainsi que les 2 durites qui alimentent la roue avant. L'efficacité sur la piste n'est pas au top mais le pilote à le mérite de tenter sa chance avec un matériel original.Pendant tout ce temps, la piste se détrempe de plus en plus. Les teams préparent donc les motos en version pluie : pneus, réglages de suspensions, tout y passe. Il y a peu d'espoir que les conditions s'améliorent tout du moins pour les 1ères finales du dimanche après-midi.Ce sont les jeunes pousses du Supermotard qui lancent les hostilités. Après un départ sans encombre et un passage dans la terre tout aussi bon, les pneus crottés des 125 et 250 amènent plein de terre sur la piste bitume. Et au fur et à mesure des passages, la zone de terre s'agrandit. Chaque série y va de son passage jusqu'à l'arrivée des quaders qui vont maculer tout le circuit. Heureusement, les organisateurs avaient prévu de nettoyer la piste avant les dernières finales « côté piste » et Prestige.L'interruption de la pluie permet à la piste de sécher nous laissant penser que la super finale (les 18 premiers Prestige 450 et 650 réunis) pourra se dérouler sur le sec. Malheureusement, la forte pluie tombant lors de la fin de la manche précédent la super finale met fin à tous nos espoirs. La manche du championnat de France Supermotard de Lohéac se conclura sous piste humide.Cela n'aura pas empêché les pilotes d'envoyer du très gros. Quelques chutes viendront émailler cette dernière course à cause d'une flaque de lubrifiant dans le virage juste devant nous. Les hommes de tête passeront sans encombre malgré quelques dérobades du pneu avant. Il est impressionnant de voir les pilotes se relever et courir vers leurs motos. Ils ne prennent même pas le temps de faire l'état des lieux qu'ils sont déjà repartis. Au pire, quelques coups de kick suffiront à faire repartir la monture. Et que dire du numéro 12 (Aurélien Rolland) qui chute au 2e virage de sa 1ère finale : résultat, guidon tordu. On se dit que la course est terminée. Et bien non, le pilote pose son pied sur la moto et attrape son guidon afin de tenter un redressage de fortune. Ainsi, il pourra repartir et terminer sa course, certes au fond du classement mais il aura eu le mérite de franchir le drapeau à damier. Les motos sont mises à rude épreuve mais fond preuve d'une énorme volonté.Le drapeau à damier tombe sur la super finale. Il signe la fin d'un long mais passionnant week-end de course. Les pilotes en profitent pour assurer quelques dernières minutes de spectacles. Wheeling en tout genre, burn, stoppie, tout y passe. Autant vous dire que ces 2 jours passés à Lohéac ont une nouvelle fois été l'occasion de s'en mettre plein la tête. Le championnat de France Supermotard est à nouveau l'occasion de voir de superbes courses grâce à des pilotes au talent et à la maîtrise immense. Il s'agit d'une discipline peu connue mais qui mériterait de s'y intéresser un peu plus. Alors si une manche du championnat se courre près de chez vous, courrez y, vous ne le regretterez pas. La prochaine manche aura lieu le 15 juillet à la Roche de Glun dans la Drôme.