Dieselgate : constructeurs automobiles ou association de malfaiteurs ?
Volkswagen aurait-il dissipé l’écran de fumée cachant des connivences entre le pouvoir politique et les constructeurs automobiles carburant à la fraude sur les émissions polluantes ? Il faut dire que l’énormité de l’existence d’un logiciel truqueur rendant les moteurs diesels vertueux au regard d’une réglementation soucieuse de notre santé ne semble plus être une exception. Mais une règle chez des fabricants de voitures, qui, depuis, sont un à un montrés du doigt pour leurs faux résultats. De quoi se poser des questions.
Fiat Chrysler est dans le collimateur, Renault dans le viseur et voilà maintenant que Citroën est une cible. Vu le rythme des mises en cause, on se garderait bien d’affirmer que cette liste est exhaustive. Ce que l’on appelle le « dieselgate » initié par Volkswagen tourne au jeu de massacre, avec cette question gênante : dans un contexte réglementaire strict, des contrôles d’homologation développés et un enjeu qui lie étroitement le politique et l’industrie automobile, comment a-t-on pu en arriver là ?
Yannick Jadot, député européen écologique et candidat des Verts à la prochaine élection présidentielle en France, a la réponse. Elle est simple et directe. Les États sont complices de ce qu’il dépeint finalement comme une association de malfaiteurs. Car les constructeurs trompent sur la qualité, fraudent fiscalement, nuisent à la santé publique, le tout pour faire du profit. Bref, il y aurait à tout le moins beaucoup à dire que la déontologie de tout ce beau monde.
Au reçu du dernier cas suspect concernant la Citroën Cactus, sa charge a été violente : « on est là dans le scandale sanitaire absolu. On voit petit à petit que tous les constructeurs sont concernés. Sur la Cactus, avec un système complet, le dispositif de dépollution pourrait fonctionner en permanence, mais par économie — 200 à 400 € par voiture —, ça n'est pas le cas. Tout ça pour sauver le diesel » a-t-il déclaré au Parisien. Pour la présomption d’innocence, vous repasserez.
Il poursuit : « il faut que les États et l'Europe arrêtent leur collusion avec l'industrie automobile. Cela ne sert pas l'emploi et menace la santé de tous. Il y a une arnaque, une escroquerie organisée des constructeurs automobiles sur la pollution, sur la consommation automobile ». La voilà cette association de malfaiteurs. Et encore, on frôle la mafia : « on paye pour des voitures propres qui, en réalité, ne le sont pas, ça les constructeurs automobiles le font depuis des années et des années avec la complicité des gouvernements ».
« Quand une automobile est homologuée en France, le gouvernement comme le constructeur automobile savent parfaitement qu'ils trichent avec le consommateur comme avec l'environnement. En moyenne, les constructeurs dépassent de 40 %, les normes en termes de pollution au CO2 (en moyenne 130g par km) et de consommation (5,6 litres au 100). Et ce sont les consommateurs, les automobilistes qui payent, autour de 400 euros de trop par an ».
La conclusion est un appel à une opération non seulement moteur propre, mais, au vu des arguments, mains propres : « les États et l'Europe doivent demander le rappel des véhicules concernés aux constructeurs afin que, à leurs frais, ils fassent évoluer ces moteurs pour ne pas polluer plus qu'annoncé dans les documents officiels. Il faut imposer aux constructeurs automobiles de respecter les normes, c'est bien pour l'environnement, c'est bien pour le portefeuille des Français ».
Certes, la démonstration n’est pas faite par la personne la plus impartiale à se prononcer sur le sujet au vu de son engagement politique. Mais si les événements n’encourageaient pas cette idée qu’il n’y a pas de fumée sans feu, on ne serait pas face à une industrie automobile à la recherche d’un second souffle.
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