Donald Trump va-t-il faire souffrir PSA et Renault en Iran ?
Mardi soir, Donald Trump annonçait son retrait de l'accord sur le nucléaire iranien. Et le retour de sanctions économiques contre le pays et ses partenaires. PSA et Renault pourraient perdre gros. On vous explique pourquoi.
Coup de tonnerre (prévisible) mardi dans la soirée, lorsque le président américain, Donald Trump, annonce le retrait des États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien. Et avec cette décision, qui faisait partie de ses promesses de campagne, le retour de sanctions économiques contre ce pays du Moyen-Orient. Mais pas que. Car, à la mode impérialiste, des sanctions sont aussi prévues pour les entreprises qui continueraient de commercer avec lui, pour peu que des intérêts américains soient en jeu.
Et pour la France, cela pourrait avoir des conséquences, potentiellement graves et importantes. En effet, les constructeurs Renault, mais surtout PSA, ont des intérêts en Iran. Et Renault, c'est une alliance, avec Nissan, dont les intérêts aux USA sont grands, et qui possède des usines de production sur son sol. PSA de son côté avait annoncé vouloir développer un service d'autopartage au pays de l'oncle Sam.
Avec les menaces de sanctions économiques pour les entreprises qui continueraient leurs activités avec l'Iran, dont la plus représentative serait en d'être en retour interdite de commerce sur le sol américain, il va leur falloir réfléchir. Poursuivre avec l'Iran ou se couper des activités déjà implantées ou potentielles avec les USA.
Pour les constructeurs français, c'est un véritable dilemme. Partenaires historiques de l'ancienne Perse depuis des décennies, ils avaient relancé leurs investissements après 2015 et justement la mise en place de l'accord sur le nucléaire, après un retrait précipité (pour PSA seulement), en 2012, à cause des accords avec General Motors.
Les constructeurs français sont forts en Iran
Il faut rappeler ici que les constructeurs français réalisent des parts de marché très élevées dans ce pays. Celle de PSA est de 30 % ! Et le constructeur est n° 1 du marché avec 443 000 ventes en 2017, et une progression de + 2 % encore sur les premiers mois de 2018.
Renault, avec 5 % de part de marché, a vendu en 2017 162 000 voitures en Iran, soit une progression de + 50 % par rapport à 2016.
De plus, depuis 2015 donc, PSA a remis 700 millions d'euros sur la table, 300 millions pour Citroën avec une fabrication de la C3 lancée en avril 2018 (150 000 exemplaires annuels prévus en 2021), et 400 millions pour Peugeot, pour continuer de produire la 301, mais aussi le 2008, dont les premières livraisons ont eu lieu en mars 2018, et bientôt la 208.
De son côté, Renault, qui n'est jamais vraiment parti d'Iran, prévoyait de commercialiser des Logan et des Duster, via une co-entreprise avec un fonds d'investissement public, à niveau de 150 000 exemplaires par an. Mais malgré un accord signé en août 2017, le projet n'est pas encore abouti.
Arrêter de commercer avec l'Iran, c'est donc se priver d'un énorme débouché, et d'un marché en croissance forte, avec un gros potentiel car le taux d'équipement en automobile est 3,5 fois inférieur à l'Europe de l'Ouest. Mais continuer, c'est se priver du marché américain.
Pour la France, et les constructeurs français, il va donc falloir opérer des choix, prendre des décisions. L'Europe pour sa part, et c'est une donnée importante, souhaite la poursuite de l'accord iranien, même sans les États-Unis, et est prête à soutenir les entreprises européennes impliquées dans ce pays. Dans le cas contraire, et selon les déclarations de Donald Trump, les partenaires de l'Iran auraient "entre 90 et 180" jours pour couper les ponts, avant le début des sanctions.
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