Vidéo exclusive : premier essai de la Renault Kwid, la citadine à 3 500 €

Pierre-Olivier Marie Le 08/06/2016 à 18:00

Quoi de neuf dans l'automobile ? La Renault Kwid, une citadine réservée aux marchés des pays émergents, à commencer par l’Inde et (bientôt) le Brésil. Atout n° 1 : une gamme de prix démarrant à 3 500 €, à quoi s'ajoutent un style réussi et la promesse d'une réelle polyvalence d'usage. Pour savoir si l'auto aurait sa place chez nous, ce qui n'est pour le moment pas prévu, Caradisiac en a effectué une prise en main exclusive.

Vidéo exclusive : premier essai de la Renault Kwid, la citadine à 3 500 €

3500 €. Oui, 3 500 € pour une voiture neuve, fabriquée par un constructeur à la dimension mondiale, également acteur du championnat du monde de Formule 1. Présentée ainsi, la Kwid semble bien partie pour séduire. Et c’est précisément ce qu’elle fait en Inde, pays où elle est fabriquée et où elle a démarré sa carrière en octobre 2015 : en moins de trois mois de commercialisation, elle y avait déjà enregistré 75 000 commandes. Il faut dire que la bête ne manque pas d’arguments.

Longue de 3,68 m, elle peut accueillir 5 passagers (de préférence pas trop grands pour ceux de l’arrière) et son coffre de 300 litres de nombreux bagages. À cela s’ajoute un look directement inspiré de l’univers des SUV, qui se matérialise par une garde au sol de 18 cm, des passages de roues de forme carrée et des pare-chocs imposants. Quant à l'équipement, parfaitement indigent sur les versions de base, il peut s'enrichir d'un écran tactile multimédia/GPS sur les versions hautes. Ainsi parée, l’auto a tous les atouts pour partir à l’aventure des marchés des pays émergents. On pense à la Renault 5 originelle pour le design, notamment la partie avant, et à la Renault 4 pour la conception d'ensemble et les aspects pratiques.

Pour atteindre de tels tarifs, Renault s'est livré à une impressionnante chasse aux coûts. Si l'on veut avoir une idée de ce qu'est réellement une voiture essentielle, pour reprendre une expression chère à Citroën, il n'est qu'à ausculter cette Kwid. Chaque micron de l'auto suinte l’économie, sachant que l'objectif reste de gagner de l'argent malgré des tarifs très bas. La présentation est austère, les plastiques noirs et durs, les boulons d'assemblage apparents, les sièges intègrent l'appuie-tête au dossier, la banquette arrière se rabat d'un seul tenant, les ceintures de sécurité arrières se passent d'enrouleurs, le hayon de bouton-poussoir (ouverture du coffre à la clé - sans télécommande bien sûr - ou depuis une tirette dans l'habitacle), et le seul moyen de verrouiller l'auto est d'abaisser manuellement les loquets de portières, seul l’ouvrant côté conducteur étant doté d'une serrure.

Équipement minimaliste, et finition trèèès légère : ainsi va l'ultra low cost automobile

L'équipement est dans la même veine : si notre modèle d'essai, directement importé d'Inde, disposait de la climatisation, il faisait l'impasse sur la direction assistée, les airbags (ce qui explique aussi les très mauvais résultats récemment récoltés aux crash tests EuroNCAP), les vitres électriques, et toutes les aides à la conduite auxquelles l’automobiliste occidental est désormais habitué. La dotation équivaut en quelque sorte à celle d’une citadine de base vendue en France dans les années quatre-vingt, et l’on mesure d’autant mieux les progrès accomplis depuis. On songe au passage au « Ni ABS ni airbag, je meurs comme un homme », dont aiment à s’amuser les amateurs de voitures de collection. La boutade marche aussi sur la Kwid, et rend celle-ci invendable telle quelle sur les marchés européens. Pour être commercialisée au Brésil, l’auto se verra d’ailleurs greffer 4 airbags et un ABS. Ce minimalisme automobile a tout de même un bon côté : aucune alarme casse-tympans ne retentit quand on oublie d’éteindre ses phares, quand on enlève la ceinture pour se garer ou quand on met la musique trop fort…

Le profil évoque un SUV, tandis que la garde au sol de 18 cm permet de s'affranchir des difficultés de la route.

Pour animer l’auto, Renault a conçu un inédit et moderne bloc 3 cylindres essence de 799 cm3 développant 54 ch. Pesant moins de 700 kg, la Kwid fait preuve d'un certain allant dans les phases d’accélération. Il y a largement de quoi s’insérer dans la circulation urbaine et périurbaine, tandis que la position surélevée permet une bonne visibilité périphérique. Le confort est bon, même s’il est évident que le budget dévolu à l'insonorisation et à la maîtrise des vibrations n’aura pas été le plus important durant sa phase de conception. L'étroitesse des roues - 155 de large sur notre modèle d’essai - présente l'avantage de faire "oublier" l'absence de direction assistée, même dans les manœuvres effectuées à faible vitesse (durant lesquelles on apprécie le faible rayon de braquage). Si les suspensions à grand débattement assurent une bonne filtration des inégalités de la chaussée, elles induisent une certaine propension au roulis en virage et au tangage au freinage. Des sensations de conduite assez « nautiques », donc, auxquelles contribuent très probablement les pneumatiques Ceat Milaze, de fabrication indienne.

La première bonne nouvelle avec cette Kwid, c’est qu’il est possible de proposer une voiture à 3 500 € se montrant parfaitement crédible. Toutefois, le low cost (ou ultra low cost, plutôt) se "paie" en termes de qualité de présentation, de finesse des assemblages, d'insonorisation, de filtration et de sécurité active. En comparaison, une Dacia Sandero apparaît presque cossue. Pour autant, on se dit que la base est bonne et que la Kwid, habilement - et assez profondément - modernisée, aurait sa place sur le marché européen. A partir de 5 900 €, par exemple, et bien sûr badgée Dacia. Chiche, Carlos ?