François Bayrou inaugure le conclave des transports et, notamment, de la route
L'INFO DU JOUR - La grande conférence « Ambitions France Transports », inaugurée ce 5 mai par le premier ministre, doit résoudre une équation complexe : trouver les milliards nécessaires à la réfection des routes et du rail notamment. Le tout dans une situation budgétaire pour le moins compliquée. Mission impossible ?

Pas moins de trois ministres plus le premier d’entre eux, accompagnés d’une flopée d’experts, d’élus et d’ONG prennent le chemin de Marseille. Aux côtés de François Bayrou, ce parterre de choix doit inaugurer, ce 5 mai, la grande conférence « Ambitions France Transports » qui a une mission précise : trouver, en trois mois et au cours de 10 réunions, la manière de financer les transports français jusqu’en 2040, qu’ils soient routiers, ferroviaires ou maritimes.
Les missions impossibles chères à Tom Cruise prennent des allures de vacances comparées au défi qui attend ce conclave qui doit tout résoudre avec presque rien, juste au moment où le gouvernement recherche désespérément à faire 40 milliards d’économies. Et seulement quelques jours après la suppression d’une ligne budgétaire de 263 millions d’euros, justement destinée aux transports publics, toujours en raison du serrage de ceinture en cours.
Les autoroutes à la rescousse
Alors comment procéder ? Car, selon des experts, la somme nécessaire pour développer le fret ferroviaire, remettre en état les rails, construire des transports en commun plus efficace, et améliorer l’état des routes fortement dégradé, s’élève à près de 100 milliards au cours des 15 prochaines années. Pour le moment, et avant même le début des débats, le ministre des transports n’envisage qu’une seule solution financière : la manne autoroutière. « il faudra que les ressources dégagées par les autoroutes soient clairement fléchées vers le secteur des transports » a expliqué Philippe Tabarot en marge du futur colloque.
Les yeux des participants à ce conclave des transports vont donc se tourner vers Vinci, Eiffage et Albertis, les trois principaux opérateurs. C’est surtout les 13 milliards d’euros de chiffre d’affaires qu’il réalisent annuellement que convoitent les pouvoirs publics, et leur permettrait de financer, outre le réseau ferroviaire, la réfection des routes nationales et départementales confiées à des collectivités locales qui, elles n’ont plus n'ont pas le moindre fifrelin à allouer à ces infrastructures.
Sauf que la renégociation des conventions qui lient les autoroutiers à l’État vient à peine de débuter et va s’échelonner jusqu’à 2030 pour certains et 2036 pour d’autres. Quel que soit l’issue des discussions, les avancées obtenues par l’État ne sauraient suffire. Selon l’autorité de régulation des transports, les péages ont généré 4,4 milliards de bénéfices en 2023. Mais sur cette somme, 4,1 milliards ont été distribués sous forme de dividendes aux actionnaires, dont l’État.
On est donc loin du compte puisque, selon un rapport sénatorial de 2022, il faudrait rajouter entre 1,5 et 2 milliard chaque année au pot budgétaire pour le seul entretien des routes. Quant au train, il réclame peu ou prou la même somme pour remettre ses rails en état.
Si l’on se contente des ponctions faites sur les autoroutes, on est loin de remettre d’équerre les transports hexagonaux. Les participants au conclave le savent parfaitement, et une autre solution pourrait bien émerger de leurs conciliabules. C’est une vieille idée abandonnée depuis 2014, et qui pourrait bien rapporter quelque 6 milliards chaque année. De quoi combler quelques nids-de-poule. Cette idée, c’est l’écotaxe poids lourds.
Le retour de l'écotaxe poids lourds ?
Sauf que cette mesure, pour être mise en place, coûterait près d’un milliard d’euros au départ, histoire de remettre en état les portiques de comptage. En outre, si la taxe a été supprimée, c’est notamment en raison d’une forte opposition des routiers concernés et de l’opinion publique au travers des fameux bonnets rouge. Étant donné la tension politique actuelle, il n’est pas certain que le gouvernement souhaite vraiment rallumer un énième feu de la colère.
Les participants de ce conclave devront donc faire preuve d’imagination pour essayer de trouver les subsides nécessaires pour combler les nids de poule qui égaient les routes françaises. A défaut, ils continueront de se creuser, et le rapport de cette conférence « Ambitions France Transports » qui sera sur le bureau du Premier ministre fin juillet, n’aura d’ambition que le nom.
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