François Xavier Pietri : l’homme qui murmure à l’oreille des anti VE
Dans un livre à charge contre la voiture électrique et son obligation en 2035, le journaliste économique nous resserre tous les maux et arguments utilisés par ceux qui détestent les voitures à batteries. Mais pour appuyer ses dires, il suppose que dans 12 ans, les infrastructures, comme les voitures soient celles d'aujourd'hui, en écartant toute notion de progrès.
François-Xavier Pietri a raison. Du moins tant qu’il se contente d’évoquer des faits et des chiffres du passé. Et dans son ouvrage, Voiture électrique : ils sont devenus fous !, il en cite beaucoup. Mais alors, qu’est ce qui peut bien nous gêner aux entournures dans ce livre, paru en édition originale l’an passé et qui débarque en poche ce mois-ci ? C’est que l’analyse du journaliste économique semble figée dans le temps. Comme si son constat d’hier était valable demain, et surtout dans une décennie.
Le Philippulus de la voiture électrique
Son livre est une énorme charge (forcément) contre la voiture électrique qui nous promet un avenir semé de catastrophes auprès desquelles les sept plaies d’Égypte ressemblent à un dimanche à la campagne. Tout y passe : les Chinois qui envahissent l’Europe, le black-out électrique à venir en raison d’un afflux d’autos à charger, le lithium qui va assécher des millions d’hectares, et d’autres millions, de travailleurs cette fois, qui iront pointer chez Pôle Emploi à cause de la transition vers l’électrique qui n’a pas besoin d’autant de main-d’œuvre que le thermique.
François Xavier Pietri est un peu le Philippulus de la voiture électrique. À l’image de cet étrange personnage de l’Étoile mystérieuse qui prédisait la fin du monde à Tintin, il nous explique, dans son réquisitoire, que s’en est fini, et que « l’automobile européenne va s’écraser sur le mur de la batterie », puisque c’est la conclusion de son livre.
Sauf que l’homme ne parle que du pire. Le manque de bornes de recharges ? Il s’appuie sur l’exemple corse et le parcours du combattant d’un conducteur de Renault Zoe traversant l’île de beauté. Il aurait pu citer le cas d’une Citroën Ami à Cayenne pour appuyer un peu plus encore sa démonstration de l’infaisable. Les pires autos en termes d’autonomie et les pires régions en termes d’infrastructures, voilà qui ne permet pas d’envisager une analyse générale et surtout prospective.
En fait, François Xavier Pietri fait mine d’ignorer le progrès et l’innovation. Ce qui est quelque peu fâcheux pour un journaliste économique. Pour lui, en 2035, au moment ou toutes les voitures neuves seront obligatoirement électriques, la situation sera strictement identique à ce qu’elle est aujourd’hui.
Les batteries à venir, plus performantes et beaucoup plus propres ? Pas vu. La hausse de l’autonomie des électriques et la baisse de leur temps de charge ? Pas entendu parlé. Le déploiement des points de recharge ? Il l'évoque uniquement pour en indiquer les retards. Pour preuve de sa démonstration figée dans le temps : l’objectif de 100 000 bornes atteint au mois de mai dernier ne figure pas dans son ouvrage, dont la première édition était achevée un an auparavant.
Pour lui, les constructeurs et les pouvoirs publics vont se tourner les pouces et pas question de faire évoluer le VE durant les 12 ans qui nous séparent de l’échéance. Étrange conception de l’entreprise pour ce spécialiste qui les a pourtant côtoyés tout au long de sa carrière.
Mais tout cela, l'auteur ne peut l'ignorer. En fait, il y a dans son pamphlet, comme dans tout ouvrage à charge, une technique classique, une manière de tronquer quelques données, pour appuyer ses propres arguments et, ainsi, livrer un avis subjectif. Car François Xavier Pietri adore la polémique.
C’est lui déjà qui, en 2019, avait affirmé sur LCI que les enseignants français étaient mieux payés que leurs homologues de l’OCDE. Tollé dans les salles de prof, et le chroniqueur s’est fait recadrer par le CSA (l’Arcom d’alors). Et si ce côté polémique peut agacer, il permet également de faire avancer le débat. ce que nous faisons ici.
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