Interview pilote : Lydia Truglio Beaumont [les Vlogs de l'Africa Twin]
Vous avez pu la voir pendant notre série « les Vlogs de l'Africa Twin », nous avions fait appel à ses talents et de son engagement sur le prochain Trophée Roses des Sables pour nous parler du Trail Honda. Mais derrière cette demoiselle au grand sourire et au rire unique, se cache une pilote au parcours hors-norme, que l'on pourrait qualifier de motards roc au cœur tendre. Une rencontre pleine d'humour et de simplicité avec Lydia Truglio Beaumont.
- Est-ce que tu peux te présenter aux lecteurs de Caradisiac moto ?
Je m'appelle Lydia Truglio Beaumont, je suis une passionnée de moto, j'ai actuellement 35 ans et je me lance dans un nouveau défi qui est de participer au Trophée Roses des Sables.
- Il faut savoir qu'à la base, tu es plutôt issue du milieu de la piste, est ce que tu peux nous parler de ton palmarès ?
Effectivement, j'ai eu mon permis à mes 18 ans, ça fait quelques années que je pratique la route. Un jour, sur un coup du destin, j'achète une S1000 RR et je me suis mise à faire de la piste. C'était il y a 3 ans et en fait j'ai commencé la compétition en même temps que j'ai commencé la piste. J'ai fait quelques courses en European Bikes dont le championnat de France de Superbike. En 2014, j'ai disputé le championnat Rookies, où en féminine il n'y a pas de titre, mais j'ai tout remporté dans cette catégorie. Et en 2015, je me suis inscrite dans le championnat Européen, le Lady's Cup, qui est un championnat amateur, mais avec lequel je m'en sors plutôt bien puisque j'arrive à faire des podiums entre la 1ère et la 3ieme place.
- Et donc là, cette année, un virage à 180 degrés, tu attaques l'off-road avec le Roses des Sables, mais pourquoi ?
C'est vrai que de passer de la vitesse au rallye-raid, c'est un gros virage. Ce sont en fait des raisons qui sont liées à ma vie privée. Je m'étais mis un défi depuis le 29 juin 1998 pour être très précise, qu'un jour je partirai aider des enfants avec ma petite moto et leur apporter tout ce que je n'ai pu donner à une autre personne. Tout est parti de là et j'ai eu la chance de pouvoir m'inscrire cette année, donc je fonce.
- Donc tu ne pars pas juste pour te faire plaisir, mais avec des associations. Est-ce que tu peux nous expliquer ton projet ?
Avec ma participation , je vais soutenir trois associations qui vont être : « Enfants du désert », « Cancer du sein, parlons-en » et « Les petits-Déjeuners » qui est une association Canadienne. Pour « Enfants du désert » est une aide pour la rentrée scolaire, pour qu'ils aient des cartables, des crayons de couleurs etc. J'ai pu récolter 6 cartons de fournitures et il y aura 200 cartables distribués (équipés du nécessaire pour l'école). Ensuite, pourquoi « Cancer du sein, parlons-en », car aujourd'hui je suis une femme et beaucoup sont touchées malheureusement de près ou de loin par la maladie et j'aimerais beaucoup leur donner un chèque une fois que mon budget sera bouclé. Et les « petits-déjeuners » car on s'est rendu compte que beaucoup de gamins qui ne déjeunaient pas le matin réussissaient moins dans la vie où ils n'y arrivaient pas. J'ai donc récolté 100 kilos de nourriture (lait maternel et repas de la journée etc) pour le Canada. Et en parallèle, je travaille également depuis plus de 10 mois dans la banque alimentaire où je récolte beaucoup de nourriture pour aider les enfants, mais aussi les enfants qui en ont besoin. Aujourd'hui, j'ai distribué plus de 27 000 repas.
- Tu es donc une motarde altruiste ?
(rire) Disons que je suis une motarde qui aide et qui aime les gens.
- Il faut savoir quand même que tu as un caractère en acier trempé et que venir te chercher des ennuis est une mauvaise idée (rire). Mais alors comment concilier ces deux parts de toi-même ?
Dans le monde de la piste, il faut avoir un fort caractère. Une main de fer dans un gant de velours comme dit l'expression. Par contre, dans ma vie privée, là je dévoile la vraie Lydia, une passionnée qui aime le monde et les gens.
- Et donc pour te connaître un peu mieux, on commence par ta moto préférée ?
Le BMW S1000 RR sans hésiter. C'est l'amour de ma vie, je lance un appel on sait jamais (rire).
- Comment tu en es venue à la moto ?
Il y a la raison publique que je donne à tout le monde : « Super, j'adore la moto, tout est parti d'un pari ». Ce qui est vrai, on avait 17 ans, on était dans un bar avec deux amis à moi, et c'était le premier qui obtient le permis gagne un voyage. Et connaissant mon caractère, il fallait que je gagne. Donc à 18 ans tout ronds, me voilà avec le permis en poche, partant avec la moto de la moto-école avec laquelle j'avais passé le permis, je lui achète en à peine une semaine. Et j'ai gagné mon voyage à Amsterdam ! (rire) Mais la vraie histoire c'est qu'à 17 ans j'ai perdu mon frère en voiture et depuis je n'ai plus jamais réussi à conduire une voiture jusqu'il y a 4 ans.
- Cite-moi une pilote que tu admires beaucoup en vitesse ?
Sans aucune hésitation Nina Prinz.
- Et chez les garçons?
Aucun (rire). Je les adore et je suis amie avec beaucoup d'entre eux. Je les admire pour leurs qualités comme Guillaume Dietrich, qui pour moi est un grand pilote avec une conduite très coulée. Je pense à Gimbert qui fait rêver. Il y a aussi les frères Foray, donc je m'inspire beaucoup d'eux, je les regarde beaucoup pour apprendre. Après il y a une réalité, nous n'avons pas la même compétence physique que les hommes, je vais me faire taper dessus par les féministes, mais c'est une réalité dans le monde de la moto. Je vais donc plus être en admiration sur des femmes car je pense que si elles sont capables de le faire, j'ai également les compétences physiques et mentales pour le faire aussi.
- Tu peux nous parler de ta préparation physique ?
Je l'ai commencé en même temps que mon projet le recherche de budgets et sponsors. Donc depuis septembre 2015 je cours 30 minutes par jour. Je fais 3'5 kms un stop 30 abdos et 3 min de corde à sauter puis je repars et fais 4kms au retour. Ensuite s'enchaîne un quart d'heure de fitness gainage ou de vélo d'appartement Et je finis toujours par 2-3 minutes d'étirements. Je me repose une fois par semaine et je fais des folies bouffes, apéro etc une fois par semaine. C'est ma trêve . Sinon depuis que la saison est repartie, je continue cet entraînement et cours que 10-15 min quand je roule sur circuit ou Enduro par manque de temps.
- Le truc le plus improbable qui t'est arrivé à moto ?
Il m'en est arrivé tellement… la plus improbable, c'est peut-être bien la dernière qui m'est arrivée. Comme l'Africa Twin est grosse, je me suis dit que j'allais acheter un CRF250. Un petit mulet d'occasion à un gars, dont mes copains me disent que c'est bon je peux y aller, il n'y a pas de soucis. Je partais faire une course à Ledenon, donc je vais voir la moto, je l'achète et je la monte dans le camion à côté de la sportive et je pars faire ma course. En revenant, quelques jours après, j'appelle mon Moto Club et je leur dis que je l'ai et qu'on va pouvoir aller rouler ensemble. On part donc tous dans la forêt vers Grasse et la moto a serré à sa première sortie… Je me suis donc fait arnaquer en beauté pour mon baptême d'Enduro c'était sympa. (rire)
- Un conseil pour les lectrices de Caradisiac moto qui veulent commencer la piste ou l'Enduro ?
Allez-y ! Allez-y ! Arrêtez de vous poser des questions et n'écoutez personne, jamais ! Ne vous laissez pas intimider par le jugement des autres ou le regard. C'est le seul conseil que je me permettrais de leur donner.
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