L'assistance électronique, nécessaire ou pas.

Carmelo Ezpeleta a beaucoup parlé depuis quelque temps du Control de traction des MotoGP, indispensable sur ces motos d'après lui. Ce système est maintenant très critiqué par certains pilotes.

Un moteur 4 temps a toujours été plus facile à utiliser qu'un 2 temps, c'est une loi physique, le 2 temps est plus violent, une explosion par tour, peu de pièces en mouvement, peu d'inertie, frottements réduits.

Revenons en arrière, en 500 cc, les V 4 deux temps étaient là depuis longtemps. Avant l'arrivée des valves à l'échappement, les 2 temps étaient On-Off, les valves ont permis d'assouplir le phénomène mais un 2 temps reste un 2 temps.

Pour mémoire, en 1980, les 500 V4 usine développaient 130 CV. Spencer est arrivé, en 85 son V4 Honda frolait les 150 CV. La presse du moment annonçait que la limite maxi de puissance était arrivée. Mais contrairement à ce que tous les pilotes recherchaient, de la souplesse pour faire passer la puissance au sol, le prodige Américain demandait au HRC un moteur très violent. Et il l'était violent, le Français Raymond Roche en a connu les effets en 1986.

Je viens de revoir une ancienne cassette où Christian Sarron présente sa nouvelle 500 Yamaha à la presse, (87,88). La piste est légèrement humide, on voit Sarron à vitesse modérée remettre un peu les gaz, première équerre récupérée, 50 mètres plus loin, remise à l'équerre, salto et fracture de la main, séance presse terminée. C'est dire la difficulté de ces motos.

De son temps, Mike Doohan demandait lui aussi des moteurs très violents, pour déclencher ses glisses au moment voulu. Les moteurs étaient arrivés à 200 CV sans assistance électronique. Alex Crivile dominait lui aussi bien cet exercice.

Comment oublier le funambule Mc Coy qui nous a régalé de ses sorties de courbe en travers, gaz en grand et surtout contrôlés, avec la 500 Yamaha.

Beaucoup de pilotes avaient besoin de temps pour s'habituer à cette puissance particulière.

Les quelques journalistes professionnels qui ont le privilège d'essayer en fin de saison les MotoGP sont étonnés par leur facilité d'utilisation, surtout ceux qui ont eu la comparaison avec les 500 2 temps. Pas étonnant de voir Lorenzo ou Dovizioso être à l'aise tout de suite avec une MotoGP, déclarant même quelle pardonne plus les erreurs que leur 250, plus délicates.

Au dernier Grand Prix de France, la télé nous montre une caméra embarquée sur la moto de Guintoly, sur une piste à l'adhérence précaire, on voit le poigné droit de Sylvain remettre franchement les gaz sur l'angle à la sortie sous le Dunlop. Etonnant.

Si les pilotes dominaient des 500 2 temps de plus de 200 CV la dernière année, il ne fait pas de doute qu'avec 50 CV de plus sur un 4 temps, les pilotes actuels pourraient piloter leurs motos sans la moindre assistance électronique, mais avec beaucoup plus de finesse et de doigté, n'oublions pas que se sont tous des génies du pilotage. Leur sécurité, qui doit être une priorité serait-elle moindre ?

Sur qu'il y aurait des roues en l'air plus souvent, des glissades fabuleuses et le pilote reprendrait la place qui est la sienne.

Les dernières motos de séries sans aucune assistance annoncent aux alentours de 180 CV, pour le motard lambda.

En attendant, la saison 2008 repart avec une assistance importante sur les MotoGP, affaire à suivre.