La nouvelle France ? Celle de Dacia, Lidl et Ouigo
Dans leur livre, La France sous nos yeux, Jérôme Fourquet et Jean-Laurent Cassely auscultent notre pays, non pas à travers de grands chiffres et des statistiques globales, mais avec un prisme révélateur : nos modes de vie et les marques que nous consommons. La fracture commence parfois par une enseigne, et le low cost automobile n’y échappe pas.
Ce n’est pas un ouvrage, c’est une somme. Celle que Jérôme Fourquet et Jean-Laurent Cassely ont consacrée à notre pays. Dans La France sous nos yeux, le premier, directeur du département Ifop Opinions et le second, journaliste et essayiste, ont ausculté l’hexagone d’aujourd’hui, celui des cinquante terrifiantes qui, selon les plus pessimistes, ont succédé aux trente glorieuses. Mais les deux hommes n’ont pas abordé le monde d’aujourd’hui vu d’avion, mais au ras du sol, à hauteur de nos habitudes, de nos modes de vies et de nos consommations. Leur univers, pendant leurs années de recherche, a été celui des pavillons des zones résidentielles, des magasins Ikea, des barbecues Weber et de la piscine individuelle.
La France de la piscine individuelle face à celle de Lidl
Mais les auteurs se sont aussi largement penchés sur l’autre France, celle du Bon Coin, des lotissements et du hard discount. Dans les pages qu’ils consacrent à ce qu’ils appellent le « marché secondaire », ils mettent en parallèle des enseignes aussi différentes, sur le papier, qu’Aldi, les trains Ouigo, Gifi et Dacia. Pour Fourquet et Lassery, ce marché est comparable au réseau routier secondaire. Les riches prennent l’autoroute payante, les pauvres les routes nationales et gratuites. Ils prennent les Blablacar, ou un TGV Ouigo, plutôt que le train à grande vitesse classique. Et quand ils font leurs courses, c’est chez Aldi et Lidl, plutôt que chez Leclerc et Auchan.
L’éclosion de ces nouvelles formes de consommation s’est produite à la moitié des années 2000. Et c’est précisément en 2005, que la Dacia Logan a été introduite en France, d’abord discrètement, puis avec le succès qu’on sait. La suite ? La Sandero en 2008, et le Duster en 2009. Aujourd’hui, la marque est la plus vendue en France auprès des particuliers. De leur côté, les discounters ont grandi à la même vitesse. Aldi compte 900 magasins à travers le pays et Lidl 1 500.
Du coup, peut-on encore parler d’un marché secondaire ? Il est de fait devenu majoritaire mais, et les auteurs, tout au long de l’ouvrage, soulignent bien qu'en face, cette nouvelle France de la gentrification des villes, certes, mais aussi de certaines banlieues résidentielles, n’a plus le même mode de vie, et surtout pas les mêmes modes de consommation que la France des « territoires » et des banlieues moins huppées. Les politiques seraient bien inspirés de se pencher sur La France sous nos yeux, et sur son clivage entre les conducteurs de Renault qui prennent l’autoroute, et de Dacia qui empruntent les nationales.
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