Le feuilleton à rallonge de la R5 électrique
On a l’impression de la connaître depuis des années et pourtant, elle ne roule pas et ne sera pas commercialisée avant un an, minimum, sans même que Renault ne livre une date exacte de lancement. Mais pourquoi cette histoire sans fin qui devrait encore se prolonger ? Réponses.
Les services marketing de Renault doivent être épuisés. Du prototype de la version sportive, à la déclinaison Alpine en passant par l’incursion d’une auto dans un clip pour des sneakers, ou les images dévoilées par pseudo-mégarde, et une visite d’usine ou sont assemblées les autos de présérie réservée à la presse, rien ne leur aura été épargné et rien ne nous aura été évité. Voilà plus deux ans et demi que la future R5 fait l’évènement. Mais pourquoi un tel acharnement pour une auto qui ne sera pas commercialisée avant le second trimestre 2024, au minimum ?
Tout a démarré en 2021, lorsque Luca de Meo dévoile, en lançant sa fameuse Renaulution, la création de l’auto en question. Un an plus tard, c’est une version Turbo qui est dévoilée au Mondial de l’automobile. Et puis, comme il ne faut pas laisser retomber le soufflé de la com, la R5 va apparaître de-ci de-là, en version subliminale, sur une photo, puis dans une pub pour des baskets, avant de se montrer dans son usine, à quelques journalistes ces jours-ci, sans qu’ils ne puissent dégainer un appareil photo ou même un smartphone, façon de prolonger le teasing et le suspens.
Je me montre, mais pas vraiment
Du coup, après tant de manœuvres, de faux jeux de collin maillard et de cache-cache, que peut bien inventer le marketing du losange pour montrer sa voiture sans vraiment la montrer d’ici l’automne 2024, date probable, mais non certaine, de sa commercialisation ?
On peut, évidemment, leur suggérer de l’insérer dans un énième jeu vidéo, en version 3D, de la maquiller et de la transformer en char festif au prochain carnaval de Rio (ou de Nice, ce qui serait plus cohérent avec son public), ou encore de multiplier les faux camouflages en la laissant circuler à l’air libre sous les regards des badauds et des chasseurs de scoops, manœuvre que Peugeot est en train de réaliser avec sa future 3008. Mais surtout, l’on peut se demander pourquoi le constructeur fait tant d’efforts depuis bientôt trois ans.
Car aujourd’hui, plus personne n’ignore qu’une R5 électrique arrive. Et c’est précisément l’effet recherché. C'est que cette auto s’inscrit dans le futur segment qui risque d’être le plus convoité en Europe ces prochaines années : celui des petites voitures électriques à 25 000 euros.
C’est simple : tout le monde est sur les rangs pour produire ce type de modèle qui pourrait faire passer la surmultipliée aux ventes de voitures à watts. Du groupe VW avec son ID2 qu’il a lui aussi dévoilé très en avance, à Stellantis et la future e-208, dont on sait déjà qu’elle ne sera pas fabriquée en France. Alors, chez Renault, on ne veut pas laisser filer les clients à la concurrence.
D’autant que l’ex-régie souffre d’un handicap : sa Zoe qui n’est plus dans la course avec ses concurrentes. Si l’auto fait toujours les beaux jours des ventes d’occasion, elle s’effondre sur le marché du neuf. L’âge de la vénérable (10 ans sans réel changement de style) l’a repoussé loin dans le top 10. Mais la R5 n’est pas encore prête à prendre le relais.
Alors, en attendant, Renault tease sa nouveauté, pour éviter que les éventuels clients s’enfuient chez les concurrents, pour qu’ils gardent en tête que la nouvelle arrive, et pour que les fidèles de la marque prolongent la vie de leur Zoe. Pour toutes ces raisons, Renault est obligé de faire le show, et il risque d’ailleurs de s’intensifier jusqu’au jour de la commercialisation, car le consommateur a souvent la mémoire courte. Ceux qui sont déjà saturés par les infos sur la future R5 sont prévenus.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération