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Nous avons vu "Le Mans 66" : une épopée "Ford" en caractère et émotion

Dans Loisirs / Cinéma

Manuel Cailliot

"Based on a true story", selon l'expression consacrée. Celle de l'épopée Ford, la marque américaine, qui décide dans les années 60 de participer à la mythique course des 24 heures du Mans, pour laver un affront et guérir une blessure d'orgueil. Et à la fin, Ford gagne... Pour une fois que l'on peut spoiler !

Nous avons vu "Le Mans 66" : une épopée "Ford" en caractère et émotion

L'histoire de "Le Mans 66" est l'histoire d'un homme vexé, celle d'un concepteur de voitures de sport de génie, mais aussi celle d'une opposition entre passion et finance, talent et image de marque...

Des ingrédients de qualité, pour tisser la trame d'un film en forme d'épopée, que James Mangold, à qui l'on doit également Copland (1997), Walk the line (2006) ou plus récemment Logan, un des spin of les plus réussis de son époque (2017), va mettre en scène. Disons-le tout de suite, un film très réussi, qui tiendra en haleine les passionnés d'automobile et de course d'endurance.

Nous sommes en 1963, la "Ford Motor Company", dont le petit-fils du fondateur Henry Ford, le bien nommé Henry Ford II, vient de reprendre les rênes, s'essouffle face à des marques rivales qui montent, comme Chevrolet. Pour se relancer, Ford décide de s'investir dans la course automobile, sur l'idée de son vice-président marketing Lee Iacocca. Le NASCAR, où la marque brille, n'est qu'une discipline régionale. Il faut aller au Mans, la plus prestigieuse course d'endurance au monde. Pour cela, Ford envisage le rachat de Ferrari, qui est à cette époque, malgré ses succès sportifs, en grandes difficultés financières. Mais Enzo Ferrari, le patriarche, joue un tour de passe passe-passe à Henry Ford II, refuse de lâcher la direction de la "Scuderia", l'écurie de course de la marque et, par son attitude et ses propos, vexe (très) profondément le PDG américain. Un épisode qui donne une scène pour le moins épique du film. Rires dans la salle, rictus pour Henry Ford II.

 

Un duo Shelby (Damon)/Miles (Bale) grandiose

C'est donc le point de départ de l'histoire. À partir de là, toute la rage et l'ambition d'un homme, son esprit de vengeance et de compétition vont s'exprimer. Et Ford décide d'aller au Mans non seulement pour son image, mais aussi et surtout pour écraser Ferrari. Pour cela, il faut construire, à partir de rien, la meilleure voiture de course de tous les temps.

Entre alors en scène Carroll Shelby, interprété par un Matt Damon en grande forme, et Ken Miles, dans la peau duquel rentre Christian Bale, dont on ne peut encore une fois qu'admirer sa capacité à changer de physique pour coller à son personnage. Pourquoi Shelby ? Parce qu'il fabrique des voitures de sport, dont la mythique Cobra, mais aussi parce qu'il est le seul pilote américain à avoir remporté les 24H du Mans, en 1959, au volant d'une... Aston Martin.

Shelby se voit confier la mise au point, dans un délai très court, d'une auto dont la conception (mais ça, le film l'élude complètement) a débuté chez les Anglais, en l'occurrence Lola. Il s'agit de la légendaire GT40. GT pour Grand Tourisme, et 40 pour 40 pouces, la hauteur de caisse, soit 101,6 cm. Pour l'aider, il fait appel à un pilote de talent, Ken Miles. Talentueux certes, mais fantasque et imprévisible. Donc attachant, et Christian Bale l'interprète à la perfection, allant même jusqu'à adopter l'accent typiquement british du personnage historique, originaire de Birmingham.

La star du film, c'est aussi elle, la mythique Ford GT40 n°1.
La star du film, c'est aussi elle, la mythique Ford GT40 n°1.

James Mangold raconte très bien l'amitié profonde qui lie les deux hommes, qui vont devoir se faire confiance, et naviguer entre défiance de la Ford Motor Company, ambitions personnelles de certains cadres de la firme toute puissante, et impératifs marketing, incompatibles avec les fantaisies et le franc-parler de Ken Miles.

Une histoire dans l'histoire, tout comme l'est celle de l'admiration d'un fils pour son père pilote, qui lui transmet sa passion de la course, des circuits, et de la mise point. Touchant au cœur.

Des scènes de course très réalistes

Et puis il y a les scènes de course, bien sûr, celles des tests de mise au point, celles où le talent de Ken est révélé. Filmées à hauteur des yeux du pilote, elles sont immersives, et l'on fait corps avec le duo machine/pilote. On serre les fesses au freinage, on transpire, on est tendu. Et c'est bien là la preuve que "Le Mans 66" est un film réussi. Dans un autre style que "Rush", "Michel Vaillant" ou "Driven", mais avec des dimensions supplémentaires, qui font aussi le sel de l'histoire, et permettent des respirations bienvenues. La bande-son fait la part belle au V8 7 litres de la GT40, qui régale les oreilles des spectateurs, et fait trembler les sièges. 

Alors faut-il aller voir ce film ? Assurément, car même si vous n'êtes pas un(e) passionné(e) du sujet, vous passerez un bon moment en compagnie d'un duo Matt Damon/Christian Bale tout simplement remarquable.

Et vous savez quoi ? Ford gagne à la fin. Puisque là on peut spoiler sans risque, nous le faisons, avec un plaisir non dissimulé.

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