Passages à niveaux dangereux: 148 ouvrages classés prioritaires
Deux militaires ont été tués ce lundi matin près d’Arras lors d’une collision de leur véhicule avec un train. Cet accident nous rappelle que les passages à niveaux restent des zones particulièrement risquées.

Ce lundi 17 mars 2025, un véhicule de l'armée a été percuté par un train au passage à niveau de Bailleul-Sir-Berthoult, près d'Arras (Pas-de-Calais). PHOTOPQR/VOIX DU NORD/MAXPPP
Un train lancé à 90 km/h a besoin de 800 mètres pour s’arrêter. En d’autres termes, le risque de collision est maximal à partir du moment où un obstacle se trouve immobilisé en travers d’une voie ferrée. Et dans 74% des cas, les accidents avec un train sont mortels ainsi que le rappelle le bilan 2023 de la sécurité routière : cette année-là, 39 accidents avaient été enregistrés et 30 personnes (automobilistes, piétons…) avaient trouvé la mort dans de telles circonstances.
Or, si quelques 15 000 passages à niveaux sont répertoriés sur les routes de France, seulement 60% sont équipés de feux et/ou de barrières automatiques. Pour les autres, le risque est matérialisé par un panneau baptisé Croix de Saint-André, éventuellement accompagnée d’un panneau stop et/ou d’un feu rouge. C’est léger.

Et c'est ainsi qu'"au 17 avril 2024, 148 passages à niveaux jugés prioritaires à sécuriser sont inscrits au programme national de sécurisation", précise le dernier bilan de la Sécurité routière. Il faut savoir que la loi d’orientation des mobilités (LOM) du 24 décembre 2019 rend obligatoire la réalisation de diagnostics de sécurité sur tous les passages à niveau par le gestionnaire de voirie, en coordination avec le gestionnaire d’infrastructure ferroviaire.
Le passage à niveau de Bailleul-Sir-Berthoult qui fait l’actualité ce jour n’était pas classé parmi les plus dangereux du réseau et disposait bien de barrières mobiles. Mais un rapport établi en 2023, dont vous pouvez découvrir les détails en pièce jointe de cet article, indiquait un phénomène de survitesse le jour du contrôle. On ne tirera pas de conclusion hâtive sur ce qu’il s’est passé lundi matin, mais la SNCF souligne que 98 % des accidents routiers aux passages à niveau sont dus au non-respect du code la route par les usagers.
Tout le monde a encore en tête le drame du passage à niveau de Millas, cette commune des Pyrénées-Orientales théâtre d’un effroyable accident en 2017, quand 6 enfants avaient été tués à la suite de la percussion de leur car scolaire par un train. Un rapport parlementaire avait été commandé à la suite du drame, et les conclusions de celui-ci, rendues en avril 2019, étaient pour le moins inquiétantes, avec un taux de décès de 0,09 par million de train/kilomètre, contre 0,01 à la Suisse ou 0,015 au Royaume-Uni. "À dire d’experts, 10 à 20 % des passages à niveau sont considérés comme particulièrement accidentogènes", précisait le document.
Trois grands facteurs d’accidents y étaient identifiés, au premier rang desquels l’inattention : "Cas d’un usager, conducteur ou piéton, qui ne comprend pas ou qui ne fait pas (ou plus) attention au fait qu’il arrive sur un carrefour dangereux, soit en raison d’une trop grande vitesse, soit en raison d’une mauvaise visibilité ou perception des équipements de sécurité." Deuxième problème, l’impossibilité de dégager son véhicule ou se dégager soi-même en cas de chute alors qu’un convoi approche du passage à niveau, ce qui nous ramène à la question des distances d’arrêt évoquées en début d’article. Enfin, reste la question de l’inconscience pure et simple : "alors que les barrières se ferment, cas d’un véhicule qui accélère ou passe en chicane ou cas d’un piéton qui passe sous la barrière ou à côté. En 2017, pour 38 radars de vitesse installés sur les passages à niveau, il a été constaté 71 972 infractions et pour 80 radars de franchissement de passages à niveau, il a été constaté 27 468 infractions."

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