Peugeot 205 GTi ou Renault 5 GT Turbo d'occasion ? Le match des youngtimers
Elles se faisaient la guerre dans les années 80, chacune avec ses armes. Quarante plus tard, c’est toujours le cas, alors refaisons le match.
Volkswagen Golf GTi, Peugeot 205 GTi et Renault 5 GT Turbo, s’il ne fallait retenir que trois modèles de la vague des petites énervées des années 80, ce serait elles. Les deux dernières revêtent d’une saveur particulière puisqu’il s’agit de deux modèles français. À l’époque, il y avait la team « GT Turbo » face à la team « GTi ». Aujourd’hui, le duel est toujours palpable dans le cœur des passionnés. Une raison supplémentaire pour les comparer, mais pas tout à fait comme à la grande époque : en complétant avec l’état du marché et le niveau de fiabilité.
Quelques repères
Elle a connu une carrière plutôt riche pour l’époque. Deux carrosseries distinctes, évolutions mécaniques, restylages, voici plusieurs éléments clés de sa carrière.
- 16 février 1984 : apparition de la 1.6 GTi 105 ch (injection)
- Février 1985 : lancement du kit PTS (Peugeot Talbot Sport) avec 125 ch
- Mars 1986 : évolution de 105 à 115 ch et version cabriolet CTi 115 ch
- Septembre 1986 : lancement de la 1.9 130 ch (jantes 15 au lieu de 14, sellerie spécifique, disques à l’arrière…)
- Juillet 1987 : restylage de toute la gamme (tableau de bord…) y compris les GTi
- Juillet 1990 : second restylage (clignotants, feux arrière…)
- Fin 1990 : série spéciale Griffe sur base 130 ch (teinte Vert Fluorite spécifique, ABS, direction assistée, cuir intégral…)
- Novembre 1991 : version luxueuse Gentry avec le 1.9 de 105 ch
- Juillet 1992 : disparition de la 1.6 GTi, adoption du 1.9 105 ch sur CTi
- Janvier 1993 : l’apparition du catalyseur fait chuter la puissance à 122 ch
- Janvier 1994 : fin de la production, seul le cabriolet continue pour plusieurs mois
- Production totale : 295 000 exemplaires
Renault 5 GT Turbo :
Par rapport à la Peugeot, la sportive au losange a moins évolué. Elle a connu une seule mécanique et un restylage.
- Fin 1985 : apparition avec 115 ch
- En 1987 : restylage (jantes, boucliers, stickers, béquet…) la puissance passe à 120 ch grâce à un turbo refroidi par eau et un détecteur de cliquetis
- En 1989 : série limitée Alain Oreille
- 1991 : fin de la production
- Production totale : environ 160 000 exemplaires
Au volant des petites GTi
Peugeot 205 GTi :
Le constructeur sochalien est reconnu pour la qualité de ses châssis et la 205 en est un très bel exemple. Le train avant est au-dessus du lot à l’époque grâce à son grip important et sa précision. Revers de la médaille, celui de l’arrière se révèle quelque peu « nerveux » à la limite. En effet, la 205 se montre très sensible au lever de pied, un aspect positif qui l’aide à tourner. En revanche, cela peut en surprendre plus d’un lorsque ce n’est pas voulu. Rapidité et dextérité sont les maîtres-mots pour en tirer toute la quintessence.
Côté motorisation, la Peugeot est à l’opposé de la Renault. Elle nécessite de grimper dans la zone rouge afin d’extraire toute la puissance, d’autant plus avec le petit bloc 1,6 l. Assez pointu, il ne s’exprime qu’en haut du compte-tours. Ce tempérament se retrouve sur les deux niveaux de puissances (105 et 115 ch).
Le 1,9 l de 130 ch est un plus « rond » dans son fonctionnement. Moins creux à bas régime, la puissance est mieux répartie sur la plage de régime. Seulement, il apprécie tout autant de taquiner la zone rouge.
La 205 est véritablement une sportive à l’ancienne, avec un châssis pointu et une mécanique qui l’est tout autant.
Renault 5 GT Turbo :
Dans les années 80, Renault ne jure que par le turbo pour vitaminer sa gamme. Après la R5 Turbo, c’est en toute logique que la « Super 5 » adopte cette technologie. Lorsque le Garret T2 souffle dans les bronches, il transfigure le petit 1 397 cm3. Sous 3 000 tr/min, il s’agit d’une voiture « normale » puis la cavalerie se déchaîne ensuite pour atteindre l’apogée vers les 4 000 tr/min. Comparées à une voiture récente, les performances ont de quoi faire sourire (0 à 100 km/h en 9 secondes). Seulement, les sensations restent intactes, d’autant que la caisse est un poids plume par rapport à la production actuelle (830 kg).
Si c’est avant tout son moteur qui fait le caractère de cette GTi, il peut mettre à mal la motricité en sortie de virage. Il est donc préférable d’avoir le volant droit avant de « mettre louche », surtout sous la pluie. Hormis cela, la GT Turbo profite d’un châssis équilibré et stable, sans être chatouilleux à la limite. Néanmoins, il faut garder à l’esprit que les pneus sont de petites tailles et qu’aucune aide à la conduite n’existe.
Sans être la plus aiguisée de la catégorie, la petite Renault se révèle efficace et profite de l’effet turbo pour se démarquer.
Le marché de l'occasion
Peugeot 205 GTi :
Sur les quelque 295 000 exemplaires écoulées en Europe, combien en reste-t-il en circulation ? Chiffre difficile, voire impossible à dénicher, mais les 205 GTi d’occasion existent bel et bien. Entre les sites de La Centrale et du bon coin, environ 70 annonces sont en ligne, à l’heure à laquelle nous écrivons ces lignes. En revanche, les doublettes entre les deux sites ne sont pas rares. La version de 115 ch est la plus représentée tandis que le cabriolet se fait rare.
Il y a véritablement « à boire et à manger » en vente, comprenez par là que des exemplaires dans des états très variables sont proposés. Cela débute par des exemplaires vendus avec des pièces manquantes (train arrière par exemple) ou équipés d’un moteur de 405 Mi16 ou qui ont subi les affres du tuning. Ils peuvent toutefois être affichés à 8 000 €, voire davantage !
Passé la barre des 10 000 €, vous pouvez prétendre à un exemplaire plutôt sain, mais à restaurer. Corrosion à traiter (bas de caisse, baie de pare-brise), sellerie à refaire, ou pièces d’accastillage à retrouver (élargisseur d’aile, volant, pommeau de levier de vitesses), les travaux sont systématiques. Bien étudier le projet en détail avant de se lancer est indispensable.
Pour profiter d’un modèle « prêt à rouler » et pour longtemps, il faut débourser 13 000/14 000 € minimum. Il faut accepter un kilométrage très souvent élevé (aux alentours de 200 000 km), mais aucune restauration n’est à prévoir. Seulement, la rénovation d’un bourrelet de siège ou d’un panneau de carrosserie n’est pas exclue. Il se peut également que certains éléments ne correspondent pas à l'origine, comme les jantes.
C’est véritablement à partir de 16 000 € que l’on peut s’offrir une 205 GTi 115 ch phase 2 d’origine et en bel état, mais toujours avec un fort kilométrage (+ ou – 200 000 km). Bien sûr, des exemplaires plus chers sont en vente, cela peut s’expliquer par l’origine (France ou étranger), les équipements (toit ouvrant par exemple), par un entretien scrupuleux ou par un nombre réduit de propriétaires. Il ne faut pas non plus oublier la gourmandise injustifiée de certains vendeurs… À noter par ailleurs qu’une CTi en bel état se négocie environ 18 000 €.
La Peugeot 205 GTi peut atteindre des tarifs difficilement compréhensibles. Un exemplaire 1.9 de 130 ch affichant seulement 106 000 km est actuellement en annonce juste sous la barre des 40 000 €. Une Griffe ou une Gentry en excellent état peut dépasser ce montant…
Il est enfin difficile d’évaluer une cote selon les versions. Cependant, les versions 1.6 GTi de 105 ch ont l’avantage des puristes, tandis que les 1.9 GTi semblent également en haut du panier. C’est davantage l’historique et l’état de l’auto qui fait son prix.
Retrouvez les annonces de la Peugeot 205 GTi sur La Centrale.
Renault 5 GT Turbo :
Moins diffusée en neuf, la Super 5 est logiquement moins présente, on dénombre environ deux fois moins d’annonces. Comme la Peugeot, elle a subi la vague du tuning, mais aussi celle du rallye. De nombreux modèles ont malheureusement fini enroulés autour d’un arbre.
Malgré sa plus grande rareté, la GT Turbo est longtemps restée dans l’ombre de sa concurrente sochalienne, avec des prix plus doux. Ce n’est plus vraiment le cas aujourd’hui. Il faut également compter 16 000 € environ pour envisager un exemplaire sain et en bel état, en phase 2. La première version, encore plus rare, est aussi plus chère. Un exemplaire de 1985 avec 144 000 km est actuellement en vente à 20 000 €, ce qui peut presque sembler raisonnable.
Globalement, les GT Turbo présentent des kilométrages un peu plus faibles que ceux des 205 GTi. Pour un même tarif, il est possible « d’économiser » environ 40 000 km. Toutefois, il n’y a pas de miracles, la plupart accusent des compteurs bien garnis. Si tel n’est pas le cas, la facture grimpe allègrement. Un exemplaire de moins de 100 000 km peut dépasser 26 000 €.
Comme pour la 205, il est impératif de bien éplucher l’annonce et d’être attentif aux photos. État de la moquette, de la sellerie, des plastiques, origine des pièces, modification moteur, le moindre doute doit être évoqué avec le vendeur.
Retrouvez les annonces de la Renault 5 GT Turbo sur La Centrale.
La fiabilité
Peugeot 205 GTi :
Ce qui se situe sous son capot est du genre solide, les gros kilométrages ne font pas peur aux groupes motopropulseurs. Cependant, la qualité de l’entretien a obligatoirement une incidence sur la longévité de l’ensemble.
On ne peut pas en dire autant de l’intérieur. Les plastiques sont de piètre qualité, tout comme la sellerie et la moquette (dans une moindre mesure). Des sièges d’origine en très bon état relèvent presque du miracle.
Par ailleurs, la corrosion est un point essentiel à vérifier. Pas toujours facilement repérable, la rouille coûte cher en frais de réparation. Soyez attentif au niveau des bas de caisse, des contours d’aile, du plancher de coffre ou encore de la baie de pare-brise.
Enfin, le train arrière peut avoir tendance à s’affaisser, un changement des roulements de bras est alors nécessaire.
Renault 5 GT Turbo :
Cette petite sportive est fiable dans l’ensemble. Son moteur se révèle solide et endurant, accusant sans mal de forts kilométrages. Le turbo n’est pas non plus une pièce fragile, mais il dépend de la qualité de l’huile utilisée, de sa fréquence de remplacement et bien sûr du traitement que lui ont infligé ses propriétaires.
Comme à bord de la 205, le mobilier intérieur est plus fragile, notamment les plastiques et la sellerie. À noter également que les compteurs peuvent être perfectibles.
Enfin, comme presque toutes les voitures de cette époque, la corrosion s’invite au niveau du pare-brise, du plancher de coffre ou encore des passages de roue.
Le bilan : rien de rationnel
Ce n'est pas le niveau d'équipement, ni le comportement routier ou celui de la fiabilité (d'un bon niveau dans les deux cas) qui vous fera pencher pour l'une ou pour l'autre, c'est ce qu'elles ont suscité, ou pas, lorsque vous étiez adolscents. Celle qui vous a fait le plus rêver en somme. Reste toutefois un critère essentiel, celui du prix. Mais quand on aime...
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération