Pourquoi l’électrique Peugeot e-208 est une thermique comme les autres ?
Rien ne distingue la nouvelle Peugeot électrique de ses sœurs thermiques. Un choix de la marque qui entend faire de son nouveau modèle une Peugeot comme les autres. Une manière de reconsidérer le marché de la voiture électrique.
Une Nissan Leaf ? Une Renault Zoe ? Une Volkswagen e-Golf ? Une BMW I3 ? Difficile d’ignorer que ces voitures électriques sont électriques. Car les codes stylistiques, et les couleurs de ces autos zéro émissions sont différents des pétrolettes. Du bleu ici et là pour la pureté, un soupçon de vert pour l’environnement, et un dessin clivant pour faire différent. Pas chez Peugeot. Même en y regardant à deux fois, il est difficile de reconnaître la nouvelle e-208 au milieu de ses copines diesel ou essence. La ligne ? C’est exactement la même que celle d’une BlueHDI diesel ou d’une Puretech essence. Évidemment, les puristes remarqueront qu’un petit « e » vert est venu s’incruster dans le montant arrière. Bien sûr, les taquins rétorqueront qu’il n’y a point de pot d’échappement, forcément inutile. Pour achever de convaincre les incrédules de ce choix du lion, il suffit de leur ouvrir la portière. L’habitacle est strictement identique à celui d’une autre 208 à finition égale. Peugeot a poussé le sens du détail jusqu’à conserver le petit levier de la boîte auto EAT8 dans la version électrique de sa citadine, comme l’a noté Pierre Desjardins dans son essai.
Un choix assumé
On peut supposer que cette volonté de ne rien changer n’est qu’une pingrerie du constructeur. Une plateforme commune a toutes les 208 électriques ou thermiques, et des pièces similaires, font évidemment l’affaire de la direction financière. Mais ce choix est aussi éminemment marketing. Pour Peugeot, l’électrique semble atteindre l’âge de raison.
C’en serait donc fini des clients militants ? Des conducteurs qui font le choix de l’environnement par conviction ? Une conviction qu’ils souhaitent afficher au travers d’une auto différente des autres ? Ce club est peut-être un peu limité en nombre d’adhérents et pour développer ses ventes, et lancer sa nouvelle électrique, la marque sochalienne entend bien élargir sa clientèle, ce qui est d’une logique imparable.
Un choix pour rassurer
Élargir le nombre de fans de l’électrique, c’est les convaincre, et les rassurer, que la e-208 est une 208 comme les autres. Ce que Jean-Philippe Imparato a expliqué à nos confrères de BFM. « Nous vivons une époque très anxiogène, c’est StarWars tous les matins, on a l’impression que le monde est fini. Si nous n’injectons pas de la sérénité, de la simplicité, je ne vois pas pourquoi les clients basculeraient vers l’électrique. » Alors le patron de la marque veut les chouchouter, leur rappeler le bon temps d’avant ou une auto ressemblait à une voiture, pas à un vaisseau spatial, et qu’ils vont pouvoir recharger leur e-208 ou bon leur semble grâce à tout le dispositif de câbles, prises et accès à la maison, au bureau et dans la rue pour se brancher.
Mais un choix prudent
Si l’on a tout bien assimilé la nouvelle politique de Peugeot en matière de voiture électrique, on aboutit à un constat simple : le Lion veut élargir sa cible et fracasser les ventes. Et la marque de livrer un chiffre, du moins une estimation : la e-208 doit réaliser 10 % des ventes totales de la citadine polyvalente. Un pourcentage à priori ambitieux. Sauf que. Lorsque l’on examine les ventes totales en France de feu la 208 première formule, on constate qu’il s’en est écoulé 102 395 l’an passé.
En partant de ce chiffre, il devrait donc se vendre un peu plus de 10 000 €-208. Un joli score. Sauf que la Renault Zoe, toujours l’année dernière, a été vendue à 17 000 exemplaires. Il faudrait donc que la nouvelle Peugeot, toutes motorisations confondues et armée de toutes ses qualités, augmente ses ventes de 70 %, pour prétendre rattraper sa rivale, sans même prétendre l’écraser. Jouable, mais pas gagné.
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