Pourquoi les nouvelles Audi ressemblent-elles aux anciennes Audi ?
A chaque avènement d’une auto de la marque aux anneaux, les critiques fusent. Copié-collé du modèle précédent pour les uns, photocopie presque exacte pour les autres : les commentateurs se lâchent, sans que la marque ne change d’un iota sa stratégie. Car c’est justement cette continuité sans discontinuité qui a fait son succès. Parce que l'on ne change pas une équipe, et en l'occurrence une voiture, qui gagne, évidemment. Mais pas seulement. Cette continuité permet aussi, et surtout, de maintenir la grande valeur résiduelle des anciens modèles. Explications.
C’était l’un des événements automobiles de la semaine. La marque d’Ingolsdtadt a dévoilé jeudi soir, sous les yeux de Pierre-Olivier Marie, sa nouvelle A5, très certainement l’un des coupés les plus réussis, et l’un des plus marquants depuis un sacré bout de temps. La première version accusait son âge (neuf ans) et il fallait bien la renouveler. Sauf que, comme d’habitude, comme lors de la présentation de l'A4 il y a quelques mois, comme à l’avènement du Q7 il y a plus d’un an, et comme à chaque fois que la marque aux anneaux présente une nouvelle auto, les commentaires n’ont pas manqué. Et pas vraiment pour plébisciter la révolution stylistique de la firme. Comme un leitmotiv, le chœur des observateurs a exprimé sa déception, et qualifié les lignes de ces autos de « ctrl-c, ctrl-v », de « copié-collé », de « difficile jeu des sept erreurs pour distinguer l’ancienne de la nouvelle » et d’autres gentillesses expédiées en paquet cadeau aux bons soins de la maison Audi. Comme si les décideurs de la marque étaient à bout de souffle, et sans aucune imagination.
On ne change pas une équipe qui gagne
Et si cette continuité de lignes entre l’ancienne A5, et la nouvelle, pour ne citer que ce modèle, était voulue ? Et même savamment entretenue ? C’est bien évidemment le cas et la success story de la marque qui, en trente ans, est passée d’une petite entité presque oubliée à la star du premium qu’elle est aujourd’hui, s’est justement construite sur cette continuité. Mais pas seulement pour les raisons évoquées par Frank Lamberty, qui a dessiné cette deuxième A5 et qui explique à Caradisiac que « s’il avait fallu tout changer, cela signifiait qu’il y avait un problème avec la première A5. Et ce n’est pas du tout le cas ».
La vérité, si elle se niche dans cette affirmation, est aussi ailleurs. Les Audi se ressemblent, génération après génération, pour une autre raison, plutôt simple, et qui tient en deux mots : valeur résiduelle. C’est la somme que vaut une voiture après une location avec offre d’achat (LOA), ou plus globalement, c’est le prix que son premier utilisateur pourra en obtenir en la revendant. Or, les autos à l’anneau ont l’une des meilleures valeurs résiduelles du marché. Cette cote au sommet s’explique évidemment par une très forte demande sur ce marché de la deuxième main entretenu par une vanité somme toute très humaine. Car celui qui n’a pas les moyens de s’offrir une Audi neuve, et qui se jette sur un modèle de quelques années, ne veut surtout pas que ses voisins sachent qu’il est un peu gêné financièrement. Mais comme rien ne ressemble autant à une Audi neuve qu’une Audi plus ancienne, il ne sera pas la risée de son quartier, sauf si, sur le même palier, loge un lecteur de Caradisiac. Quant au chanceux qui aura investi entre 40 000 et 70 000 euros (au bas mot) pour s’offrir une A4 ou A5 toute neuve, il retrouvera, en partie, son investissement, puisque son auto n’aura pas perdu trop d’argent au bout de deux ou trois ans. Du moins beaucoup moins que d’autres marques. CQFD.
LOA : plus c’est cher, moins c’est cher
Mieux encore, cet effet « photocopieuse » a un autre gros avantage : il fait baisser les mensualités d’une LOA (location avec option d’achat), puisqu’elle est en partie liée à la fameuse valeur résiduelle. Plus c’est cher, moins c’est cher, en quelque sorte. Et comme par hasard, plus de 50 % des financements des autos du groupe Volkswagen sont aujourd’hui assurés par des locations avec offre d’achat, que ce soit auprès des particuliers, ou des entreprises, grosses clientes d’Audi. Pourtant, cette formule magique de l’évolution plutôt que de la révolution stylistique, Audi ne l’a pas inventée, mais l’a très largement reprise de celle que pratique depuis longtemps sa maison mère Volkswagen qui l’applique notamment à son best-seller, la Golf. Rien ne ressemble plus à une Golf 7 qu’une Golf 6. Et leur cote sur le marché de l’occasion est elle aussi exceptionnelle, comparée à une Renault Mégane, par exemple. Or, dieu sait qu’à chaque génération, la compacte française change du tout au tout, hormis la dernière mouture, dont les proportions sont proches de la Mégane 3. Peut-être que la leçon VW est enfin assimilée à Billancourt. Pour autant, à chaque nouvelle Audi, ou Golf, les commentateurs continueront de critiquer le peu de changements. Tous les commentateurs, sauf les clients Volkswagen et Audi. Et ils sont plutôt nombreux.
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