Hyundai Nexo : l'avenir en pointillé - Vidéo en direct du salon de Genève 2018
Manuel Cailliot, Olivier Pagès , mis à jour
Hyundai présente aujourd'hui un nouveau modèle, le Nexo. Un SUV familial à pile à combustible qui pourrait faire parler de lui, en bien, mais a peu de chance de se retrouver dans votre garage. Toutes les informations et les images ci-dessous.
Le Hyundai Nexo en live du salon de Genève 2018
Hyundai Nexo : l'avenir en pointillé - Vidéo en direct du salon de Genève 2018
Vidéo tournée en live le 6 mars 2018.
L'instant Caradisiac : alternative
Chez Hyundai, on joue à fond la carte de l'avenir. D'un côté, un véhicule à pile à combustibe: le Nexo, de l'autre un véhicule électrique le Kona électrique. Amateurs de véhicule 100% thermique, passez votre chemin.
Tous les secrets du Hyundai Nexo
Des voitures "fuel cell", c'est-à-dire fonctionnant au moyen d'une pile à combustible, il n'y en a pas cent. Il n'y en a même pas assez pour les compter sur les doigts d'une main. En réalité, chez nous, on n'en compte que deux : la Toyota Mirai, et le Hyundai ix35 Fuel Cell, qui justement va tirer sa révérence, au profit de ce nouveau Nexo, dont vous avez pu apercevoir quelques images en direct du CES de Las Vegas il y a quelques jours.
Rappelons rapidement le principe de fonctionnement d'un véhicule à pile à combustible. Dans son réservoir (en l'occurrence ses 3 réservoirs à 700 bars de pression), de l'hydrogène. Il est utilisé par la pile à combustible pour produire, après réaction chimique (oxydoréduction), de l'électricité, en ne rejetant comme "déchet" que de la vapeur d'eau. La motorisation est donc ensuite 100 % électrique, pour faire avancer la voiture. Du coup, 0 émission polluante, la possibilité de faire le plein rapidement (5 minutes), et une autonomie enviable. Elle est de près de 800 km pour cette nouveauté, quand le ix35 affichait 594 km (valeurs en cycle NEDC).
Sur le papier, que des avantages. Pas de soucis d'autonomie, comme peuvent en connaître les véhicules électriques. Pas non plus de recharge prenant la nuit entière, si ce n'est plus, pas de rejets de CO2 ni d'aucun autre polluant comme les véhicules thermiques ou hybrides.
Punaise, on tient là la solution idéale non ? Sauf que...
Oui, sauf que cela fait maintenant 40 ans que la pile à combustible existe, presque 15 ans qu'on s'y intéresse dans le milieu automobile, sans que des modèles de grande série soient commercialisés. Parce qu'il manque une chose pour que cela décolle. On vous le donne en mille : l'infrastructure. Un seul exemple résumera tout, il existe en France en tout et pour tout, à aujourd'hui, seulement une dizaine de stations qui délivrent de l'hydrogène, la plupart privées, et détenues par Air Liquide, qui est en pointe dans le domaine. Mais l'objectif est de 100 stations fin 2018. Difficilement tenable...
La France n'étant pas le monde, en Allemagne, on en est déjà à une cinquantaine, avec le même objectif de 100 fin 2018. Aux USA et en Corée, le mouvement est également lancé et plus avancé qu'en France.
Un look sympa, des prestations améliorées dans tous les domaines
Ce qui nous fait revenir à Hyundai et son Nexo. Car dans ce contexte, le constructeur coréen y croit encore, et plus que jamais ! Loin de jeter l'éponge après le ix35 adapté pour un fonctionnement avec pile à combustible, dont ils ont commercialisé 1000 exemplaires dont 501 en Europe, ils lancent cette année son remplaçant, nous l'avons dit.
Esthétiquement, il n'est certainement pas désagréable. Ce qui frappe en premier lieu quand on le découvre de face, ce sont les feux de jour à LED reliés entre eux par une barrette elle-même illuminée. Autant les feux arrière reliés, on connaissait, autant là, c'est du jamais vu, et l'effet est saisissant. Ces feux de jours surplombent une deuxième paire d'optiques pour les phares, rappelant ainsi le SUV urbain Kona.
Les lignes globales sont très lisses, avec quelques lignes de force plutôt discrètes. Il faut dire qu'un soin tout particulier a été porté sur l'aérodynamique, avec des entrées d'air devant les roues avant, des jantes dessinées de façon à minimiser les turbulences, des poignées de porte rétractables, qui permettent de gagner encore un peu de coefficient et enfin un montant arrière décollé qui laisse passer l'air et le dirige vers la poupe avec efficacité. La peinture gris mat a effet nacré lui va plutôt bien. Elle évite les reflets, mais son entretien est plus compliqué.
Par ailleurs, le Nexo fait tout mieux que son prédécesseur. Il est tout d'abord plus spacieux, au prix de 26 cm de plus en longueur (4,67 m contre 4,41 m). Il sera plus difficile à garer, mais offre une belle habitabilité arrière, et surtout un volume de coffre de 461 litres (on dirait plus visuellement). Ce dernier n'étant plus amputé d'une partie de son volume par la présence des réservoirs. Ici, la plateforme a été étudiée spécifiquement pour la pile à combustible. Son intégration est donc parfaite et le coffre préservé présente même un plancher plat lorsque l'on rabat les dossiers de la banquette. L'ambiance à bord est assez zen, avec un dégradé de gris. Les matériaux sont moyens par rapport à la catégorie. C'est correct, sans plus pour être honnête, et l'ergonomie est à l'ancienne, avec un bouton = une fonction. Ce qui fait... beaucoup de boutons sur la console centrale flottante (merci la boîte de vitesses sans liaison mécanique avec le moteur) qui dégage un espace sous elle pour poser son mobile et le recharger par induction.
Plus spacieux, mais également plus performant que l'ix35 qu'il remplace. Avec une nouvelle pile à combustible de 95 kW, accouplée à une batterie de 40 kW, la puissance cumulée est de 135 kW. Mais le moteur électrique ne se servira que de 120 d'entre eux, laissant 15 kW pour le fonctionnement de la voiture en elle-même (chauffage, climatisation, multimédia, etc.). Du coup, cela représente 163 ch disponibles, et un couple appréciable de 402 Nm, contre 136 ch et 305 Nm pour l'ix35. Du coup, les performances font un bond. La vitesse maxi grimpe de 160 à 179 km/h, et le 0 à 100 km/h est abattu en 9,5 s. contre 12,5. Une valeur fort correcte, surtout vu le poids, qui selon nos estimations, doit tutoyer les 2 tonnes (chiffre non fourni officiellement).
L'autonomie estimée, sachant que les réservoirs peuvent contenir 6,64 kg d'hydrogène (oui, pour ce carburant on compte en kg...), est de 800 km, contre 594 officiellement pour le prédécesseur et ses 5,64 kg. Une idée du prix du plein ? Oui, c'est en moyenne 10 € le kg, soit 66 € pour un plein complet. Comme, dans la vraie vie, une pile à combustible pour ce type de véhicule consomme 1 kg d'hydrogène pour 100 km, cela fera 660 km d'autonomie réelle et un coût d'utilisation semblable à un SUV diesel de même puissance.
En matière d'équipement aussi, le Nexo en donne plus. Il intègre d'office tout ce qu'on a aujourd'hui l'habitude de trouver dans un SUV familial (y compris une instrumentation numérique, un grand écran de 12,3 pouces pour le multimédia, les aides à la conduite classiques), mais ajoute quelques gadgets inédits et très "premium". Par exemple, lorsque l'on enclenche les clignotants, l'écran en face du conducteur affiche l'image des caméras situées sous les rétroviseurs, et permet ainsi de voir si un véhicule se situe dans l'angle mort. C'est tout à fait inédit. Le Nexo est aussi livré avec une possibilité de conduite autonome de niveau 2. Une caméra scanne la route et permet de lâcher le volant sur autoroute. Le véhicule restera au milieu de sa voie et accélérera et freinera seul en respectant vitesse et distances de sécurité.
Enfin, la fonction de parking automatique, en créneau ou en bataille se dote d'une fonction que l'on pourrait baptiser de "places étroites". De façon simple, si les capteurs du Nexo détectent une place de stationnement en bataille qui est trop étroite pour se garer ET sortir de la voiture, elle propose au conducteur de s'arrêter plus loin, de sortir de la voiture et de lancer la manœuvre depuis la télécommande pour se garer seule, sans conducteur à bord, dans la place étroite. Elle en sortira tout en toute autonomie à l'aide toujours de la télécommande.
Voici de quoi justifier (un peu) un prix qui s'annonce très élevé. Petite production, économies d'échelle impossibles rendent difficile l'équation financière. Hyundai vendra le Nexo à peu de chose près le même prix que l'ix35 fuel cell, soit 60 000 € environ, après déduction des 6 000 € de bonus écologique auxquels il a droit. Ouch ! Un véritable uppercut.
Car oui, avec une infrastructure inexistante, et un tel prix, on comprend vite que le Nexo ne possède en France quasiment aucun débouché. D'ailleurs, les 74 ix35 commercialisés en France jusqu'ici ne sont "exploités" que par une société de taxis parisiens dénommée "Hype" (Hydrogen powered electric) et lancée par une start-up à vocation écologique baptisée STEP (Société du taxi électrique parisien), qui est elle-même en partenariat avec Air Liquide, pour avoir accès aux deux seules pompes hydrogène de Paris située au niveau du pont de l'Alma et de l'aéroport d'Orly.
Il nous reste alors, en laissant derrière nous le Nexo après cette découverte, comme un gros regret. Qu'il soit disponible uniquement en version pile à combustible. Car doté d'un moteur thermique, ou mieux encore, d'une chaîne de traction hybride, le Nexo serait d'une part moins cher, et d'autre part s'intégrerait parfaitement à la gamme Hyundai et au paysage automobile. Car il est, si l'on met de côté sa motorisation atypique, séduisant.
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