Quand Genève tousse, le printemps automobile est enrhumé
La manifestation suisse est touchée à son tour par les désaffections de plusieurs constructeurs. Et quand l’un des événements automobiles les plus attractifs d’Europe est boudé, c’est le concept même du salon automobile qui est à réinventer. Paris l'a fait, le salon de Genève et celui de Francfort sauront-ils trouver cette nouvelle voie ?
C’était le dernier des Mohicans européens, le salon intouchable, la grand-messe inaltérable. Las. Même Genève ne sera plus ce qu’il fut. Même lui enregistre des défections. Coup sur coup, Ford, Jaguar, Volvo, Land Rover et DS ont dit non merci au raout helvétique. Et le compteur des marques poseuses de lapin est loin d’être clos, puisqu’il reste 4 mois avant l’ouverture de la manifestation.
D’autres absents à venir ?
Alors on peut supputer et deviner les prochains sur la liste des absents. Opel ? Il est possible que l’Allemand du groupe PSA fasse l’impasse sur le salon de Genève, puisque dorénavant, la règle veut que le déplacement ne se fasse plus que si une nouveauté pointe son nez. Or, la nouvelle Corsa ne devrait pas voir le jour avant le salon de Francfort, à la rentrée de septembre. Quant aux autres, il suffit de piocher dans la liste de ceux qui ont boudé Paris et qui n’ont pas de nouveauté à dévoiler pour deviner qu’ils sont tentés de ne pas faire le voyage.
Parmi eux, Fiat, qui vient de dévoiler le restylage de son petit SUV 500X mais n’a pas grand-chose dans ses cartons. Parmi les absents probables aussi, Maserati, un peu à l’agonie ces temps-ci. De même qu’Infiniti et Nissan, puisque le très attendu Juke de ce dernier ne sera pas dévoilé avant l’été. Peut-être en sera-t-il autant d’Abarth et d’Alfa Romeo, autres marques du groupe FCA qui n’ont pas grand-chose de neuf à dévoiler.
Et qu’adviendra-t-il du groupe Volkswagen ? La marque VW a boudé Paris, et sa Golf huitième du nom ne sera pas dévoilée avant l’automne. Évidemment, il reste Audi en plein renouveau de ses modèles d’entrée de gamme avec l’A1 et l’A3, et qui ne saurait tourner le dos à ses clients suisses, ou encore Skoda, dont la Scala fera sa première apparition publique. Toujours est-il que la liste des absents risque de s’allonger d’ici le printemps.
Genève n'a aucune raison d'être boudé
Alors la question se pose : comment peut-on tourner le dos à un salon comme celui-là ? Le salon de Genève a tout pour lui, sauf le prix des stands, pas à la portée de la première PME venue, car, après tout, l’affaire se déroule en Suisse.
Pour le reste, le salon helvète coche toutes cases. Il est tout à côté de l’aéroport international, ses dimensions sont à taille humaine, très loin du gigantisme de Francfort. En plus, il est annuel et se déroule au meilleur moment de l’année, au début de l’année, ce qui permet aux constructeurs de présenter des nouveautés commercialisées avant l’été, une période propice aux ventes puisqu’elle permet aux clients de partir en vacances au volant de leur nouveau bolide.
C’est également une manifestation qui se déroule en pays neutre, une spécialité suisse. Un pays qui n’a aucun constructeur local et place ainsi chaque marque qui s’y retrouve sur un pied d’égalité. Enfin, c’est à Genève qu’est révélé, chaque année, le lauréat du trophée de la voiture de l’année.
Si Genève est touché, malgré tous ses atouts, c’est qu’il y a le feu au concept de salon de l’auto lui-même. C’est que la cérémonie, qui dure depuis près de 100 ans, et qui consiste à faire tournicoter de nouvelles autos rutilantes sur des podiums devant des visiteurs ébahis, a vécu. Le Mondial de Paris l’a compris, en élargissant cette année son offre à la moto, aux services high-tech et aux animations, et en revoyant à la baisse le prix du m2. Résultat : la manifestation parisienne a sauvé ses meubles, et sa fréquentation. On verra dans quatre mois si la Suisse réagit, et en septembre si le salon de Francfort a lui aussi capté le message. Il en va de leur survie. Car si le dérèglement climatique touche la météo, le dérèglement économique risque de toucher ces deux salons de l’auto.
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