Quel type de piéton une voiture autonome doit-elle épargner en cas de crash inévitable ?
L'INFO DU JOUR - Une auto sans pilote ne peut pas s'arrêter et pour épargner la vie de nombreux piétons elle doit en sacrifier quelques-uns. Lesquels doit-elle choisir ? C'est la curieuse et douloureuse question qu'une vaste étude a choisi de poser à près de 40 millions de sondés sur toute la planète
Et si les voitures autonomes, et les choix qu’elles pourraient faire, en disaient long sur nous-même ? C’est en tout cas, ce qui ressort de l’énorme enquête menée depuis près d’une dizaine d’années par plusieurs universités américaines, dont le MIT de Boston et le chercheur français du CNRS Jean-François Bonnefon. Cet énorme boulot, baptisé « the moral machine » réunit les réponses de 40 millions de personnes de tous les pays du monde.
À tous, sur le web, on a soumis la même question. Que doit faire une voiture autonome qui ne peut plus s’arrêter à l’approche d’un passage piéton évidemment encombré ? L’auto, et ses algorithmes, ne peut épargner tout le monde et si elle choisit avant tout de sauver ses passagers, elle doit choisir de sacrifier quelques personnes extérieures pour en épargner beaucoup d'autres. En plus, l'auto tueuse sait qui elle va renverser, puisqu’elle est capable de distinguer s’il s’agit d’un homme, d’une femme, d’un enfant ou d’un vieillard ou d’un animal.
Les femmes et les enfants d’abord
Une situation évidemment sciencefictionnesque et dans ces Choix de Sophie morbides, on retrouve des similitudes de réponses assez logiques. Ainsi, les animaux sont systématiquement sacrifiés, même les vaches indiennes. Mais la plupart du temps, les répondants privilégient les femmes et les enfants aux personnes âgées et même aux hommes adultes. Le bon vieil ordre donné aux naufragés évacués a toujours cours et l’on sacrifie moins facilement ceux qui ont de nombreuses années à vivre et celles qui peuvent donner la vie.
Ces réponses classiques sont assez unanimement partagées sur toute la planète. En revanche, les chercheurs ont relevé des différences selon les pays, et les ont classés en trois catégories. Car ils ont constaté que ces choix cornéliens n’étaient pas exactement les mêmes selon que les sondés soient occidentaux (Amérique du Nord et Europe), orientaux (Japon, Taïwan, Indonésie, Pakistan ou l'Arabie saoudite) ou méridionaux (Amérique latine, l'Amérique centrale, Amérique du Sud).
Mais le plus étrange, dans ce classement géographique par type de réponses, est la position de la France. Nous ne sommes pas rangés dans la catégorie occidentale, mais bel et bien méridionale, tout comme l’Algérie ou le Maroc. Et c’est ainsi, que, à l’opposé des deux autres groupes, le nôtre privilégie, et sauve, les personnes plutôt en bonne forme physique, sans épargner les obèses.
La France, ce pays méridional
Plus étrange encore : entre un cadre et un SDF, les méridionaux que nous sommes, sauvent la vie du col blanc. Quant aux femmes, si elles sont globalement épargnées sur toute la planète, elles le sont un peu moins dans les pays où elles sont jugées moins « essentielles » comme l’Inde, ou les mères ont encore la hantise de mettre au monde des filles. Les pays musulmans, en revanche, les épargnent autant que les contrées occidentales.
Les constructeurs adaptent aujourd’hui leurs autos en fonction des régions. Ils vendent moins de pick-up V8 en Norvège qu’en Alabama et moins de kei cars en Australie qu’à Tokyo. Devront-ils demain configurer les logiciels de leurs autos autonomes en fonction des us et coutumes des pays dans lesquels ils les vendront ?
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