Retour sur la Siccardi 1000 S3
Les Ateliers de Construction Siccardi (ACS) ont déjà une longue expérience dans le domaine de la mécanique dans les années 80 (sous traitant de grandes marques automobiles). C'est alors que René Siccardi à 60 ans, grand patron des ateliers et passionné de deux-roues, lance son entreprise dans l'aventure de la construction d'une moto. Il s'adjoint les services d'un ingénieur de génie, François Nadim.
Siccardi décide donc de fabriquer son propre trois cylindres de 1.000 cm3, annoncé pour 150 ch, rien de surprenant me dire-vous pour un déjà grand spécialiste de l'usinage de précision d'arbres à cames, de vilebrequins, de volants moteurs et autres engrenages ...
La partie cycle est, elle, confiée à Claude Fior, un esprit novateur dans le domaine des suspensions et cadres (il s'illustrera plus tard en tant que concepteur du Spider Renault).
Le trio ainsi formé est donc prêt à faire naitre une nouvelle moto 100% française, avec l'aide (bien souvent gratuite) des salariés des Ateliers de Construction Siccardi.
François Nadim (à gauche), son adjoint Lionel Raviscioni et Claude Fior (à droite).
Le moteur est donc un trois-cylindres de 998 cc calé à 120° et refroidi par eau à double arbre à cames en tête et quatre soupapes : 150ch à 11 000 tr/mn.
Pour le cadre, pour faire simple, il n'y en a pas. C'est le moteur qui est dit porteur. Pas de fourche télescopique, mais un système Fior à doubles triangles superposés et amortisseur Fouenales. Il faudra 25 ans pour qu'une marque comme BMW reprenne le principe et le baptise "Duolever".
L'ensemble ne rend que 172 kg à la pesée, le but recherché de légèreté de la moto est atteint grâce à ce principe de moteur porteur.
Point de vue marketing, le bureau d'étude Siccardi envisage la production de deux modèles, l'un pour la compétition et l'autre, une petite sœur, pour le grand public. Une fois encore un principe qui sera repris (1984) et développé jusqu'à la réussite par une autre grande marque Suzuki, et sa grande lignée des 750 GSX-R : les "Réplicas".
Premier coup d'arrêt au projet, alors qu'entamé en juillet 80, un premier prototype de la S3 est présenté en octobre 1981, en 1982 la FIM change le règlement de la compétition en limitant la cylindrée à 750 cc, et par ailleurs les constructeurs doivent faire preuve d'avoir produit 1 000 exemplaires du moteur. Motivé, René Siccardi poursuit malgré tout le projet et part à la recherche de partenaires. Son objectif étant un engagement en compétition (endurance) à partir de 1982, avant de passer à la phase de production dès 1984.
Moto Journal rapporte donc à l'époque, une ou plusieurs collaborations Italiennes, Bimota ou Laverda, ...
Mais le ralentissement de la conjoncture et les coûts qui ne cessent de croitre sur le projet conduisent malheureusement les Ateliers Siccardi à l'abandon du projet moto qui fut d'un enrichissement technique considérable aux yeux de ceux-ci.
C'est une bien belle mais aussi triste histoire de la seule et dernière moto de compétition (de vitesse) 100% française.
http://www.ateliers-siccardi.fr/
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