Sécurité Routière - Le ministre de l'intérieur garde la main: Le changement ce n'est pas pour maintenant
L'alternance a donc sonné en ce mois de mai et voilà que l'ambitieux slogan des gagnants se trouve à présent mis à l'épreuve des faits. Le changement, cela devait être maintenant. Vaste programme que tant la FFM que la FFMC en passant par Codever avaient demandé d'exprimer dans le détail de la sécurité routière en particulier et de la moto en général.
Au sujet d'une approche moins répressive de la première thématique citée, l'idée d'une réappropriation du terrain par le ministère des transports en lieu et place d'une monoculture du seul ministre de l'intérieur avait été abordée. Et le désormais Président de la République avait semblé abonder dans ce sens par ce passage dans courrier réponse :
« J'estime que la politique en matière de sécurité routière ne doit pas se résumer à la répression. Elle doit être transversale et impliquer, dans un dynamique interministérielle tout autant la sécurité que la prévention et les transports l'éducation, le développement durable... Dans la même logique de décloisonnement, la mise en place d'une concertation locale concernant les infrastructures routières me semble importante. »
Pas mal en théorie. Et la pratique ? Elle vient de tomber ce vendredi avec les décrets d'attribution des ministres publiés au Journal Officiel. Pour découvrir quoi ? Rien de neuf sous le soleil ! Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, conserve la sécurité routière. Le changement n'est donc pas pour maintenant.
Ceci dit, il y a encore les législatives. Et les infatigables de la FFMC ont repris leur plume pour poser cinq questions aux candidats. De quoi être informés tout en ne levant jamais l'hypothèque de la sincérité de celles et ceux qui seront amenés à répondre. Mais leur proximité plus prononcée avec l'électeur peut aussi jouer son rôle au quotidien.
Les questions FFMC aux candidats pour les législatives:
Question n° 1 : la place du 2RM
Si vous êtes élu(e) député(e), vous engagez-vous à rendre obligatoire la prise en compte du deux-roues motorisés (2RM) comme un moyen de transport légitime et alternatif au « tout-voiture » et à considérer leurs 3,8 millions d'usagers comme des conducteurs à part entière : évolution du Code de la route, intégration des 2RM dans les plans de déplacements urbains, infrastructures routières adaptées en tenant compte des spécificités d'évolution des 2RM et de la vulnérabilité de leurs usagers ?
Question n° 2 : le dispositif rétro-réfléchissant
Le décret du 3 janvier 2012 révèle la méconnaissance des agents de l'État sur l'accidentologie des 2RM et des besoins de leurs utilisateurs en sanctionnant d'une amende de 3e classe et du retrait de deux points de permis à partir de 2013 le non-port d'un « dispositif rétro réfléchissant », même en plein jour, pour les utilisateurs de motos de plus de 125 cm3, alors qu'aucune étude sérieuse ne justifie un tel dispositif qui s'avère inutile, inadapté et discriminant.
Si vous êtes élu(e) député(e), vous engagez-vous à intervenir auprès du gouvernement pour faire revoir ce décret en concertation avec les associations ?
Question n° 3 : le contrôle technique
En dépit des études qui montrent l'absence de lien entre défaillance technique du véhicule et accidentalité des deux roues motorisés, le gouvernement a annoncé son intention d'introduire un contrôle technique des cyclomoteurs. Puis cette mesure a été repoussée à deux reprises.
Si vous êtes élu(e) député(e), vous engagez-vous à renoncer à ce projet compliqué, coûteux pour les usagers et sans effet mesurable pour la sécurité routière des 2RM ?
Question n° 4 : projets de péages sur les nationales
Les autoroutes (réseaux les plus sûrs) du réseau concédé ne cessent d'augmenter leurs tarifs de péages, ce qui contraint les usagers à se reporter sur les réseaux secondaires (RN et RD) plus accidentogènes… Ces augmentations sont contradictoires avec les objectifs de sécurité routière. D'autres projets visant à instaurer des péages sur des routes nationales sont également à l'étude.
Si vous êtes élu(e) député(e), seriez-vous d'accord pour légiférer afin de limiter les hausses de tarifs et mettre un terme à cette privatisation du réseau routier contraire aux objectifs de réduction des accidents ?
Question n° 5 : les Zapa
En 2012, huit villes de France métropolitaine (Paris, Saint-Denis, Lyon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Nice, Aix-en-Provence et Grenoble) et 22 zones prévues ensuite feront l'objet l'expérimentation du dispositif ZAPA (Zones d'action prioritaires pour l'air). Les ZAPA sont censées contribuer à une limitation des émissions polluantes générées par la circulation routière. Les polluants visés sont essentiellement les « particules fines » et les oxydes d'azotes rejetés par les moteurs diesel, particulièrement ceux des poids lourds dans les secteurs à fort trafic de fret routier.
Contre toute logique, les deux-roues motorisés mis en circulation avant 2004 seront interdits dans ces zones alors qu'il n'existe pas de 2RM à moteurs diesel, que les 2RM participent à la réduction des embouteillages et que leur usage contribue à la réduction du trafic automobile dans les déplacements quotidiens des salariés.
De plus, ces zones constitueront une réelle discrimination vis-à-vis des populations les plus défavorisées, et une atteinte à la liberté de circulation en général. Nous pensons que le projet élaboré sous le gouvernement Fillon n'est pas adéquat aux réalités économiques et sociales actuelles et à venir, sans effets sur la pollution.
Si vous êtes élu(e) député(e), vous engagez vous à revoir le dispositif ZAPA en tenant compte des mises en œuvre chez nos voisins européens (où les 2RM ne sont pas concernés par les restrictions de circulation) ?
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