Sécurité routière : sortie de route pour les éthylotests?
André avait déjà mis le doigt dessus au mois de juin dernier. Et même bien plus tôt, la fiabilité des éthylotests avait été remise en cause. On ne parle même pas de cette application de disposer d'un tel objet dans sa voiture (ou sa moto). Il aurait donc fallu tout ce temps pour que notre gouvernement se pose réellement la question de l'utilité d'un tel décret.
C'est grâce à la renaissance du conseil national de sécurité (CNSR) que le débat va être relancé dès demain avec la première réunion qui se tiendra à la Défense. Cette mesure de l'éthylotest était arrivée avec toute une ribambelle d'autres prisent à la va-vite en 2011 suite à une recrudescence de morts sur les routes. Vous vous souvenez, le gilet jaune, l'interdiction de l'avertisseur de radar, la suppression des panneaux des boîtes grises. Autant de « solutions » qui sont abandonnées les unes après les autres depuis quelques mois.
Cela a été d'ailleurs une des rares fois où les associations de défense de liberté de circulation et ligue de la violence routière se sont élevées d'une seule et même voix pour dénoncer l'inutilité d'une telle obligation. "80 % des accidents mortels liés à l'alcool ont lieu avec une alcoolémie supérieure à 1,2 gramme, soit l'équivalent de dix verres. Les personnes savaient qu'elles ne devaient pas conduire", rappelle la présidente Ligue contre la violence routière, Chantal Perrichon. En plus d'être un gadget, les enquêtes menées sur l'objet en lui-même ont relevé une fiabilité nulle en cas de variation de température (alors imaginez dans une voiture exposée au soleil ou au gel). Dans un deuxième temps, les produits des cristaux peuvent créer des problèmes de santé (irritation des muqueuses, problèmes oculaires, déjà 156 cas recensés).
Et cerise sur le gâteau, DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) a ordonné le retrait du commerce de plus de 400 000 éthylotests estimés dangereux ou obsolètes. La certification NF pour ce produit n'est pas assez précise et que les tests d'études n'ont pas été assez poussés. "Le Laboratoire national de métrologie et d'essais ne teste pas le changement de couleur au seuil légal de 0,25 mg par litre d'air expiré, mais seulement aux seuils de 0,17 mg ou 0,30 mg"et on ne parle même pas des tests en condition de climat difficile. Par exemple, à -5°C, les cristaux ne réagissent même plus ce qui crée des « faux négatifs ». De nombreuses marques ont été recalées à cause de ces soucis. Les fabriquants eux-mêmes expliquent qu'il ne faut pas les utiliser au-delà d'une exposition à plus de 40° et à moins de 10°. Cela ne les empêche pas de monter les boucliers en menaçant la perte de production (et de l'investissement de 3,7 millions d'euros) et la disparition d'emplois dans le secteur (ce ne vous rappelle pas certains investisseurs pour le CT?).
Nous attendons maintenant le résultat de cette première concertation en espérant que nous ne nous retrouvions pas dans le même fiasco de Mai 2011.
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