Transport d'enfant à vélo: pas de place à l'improvisation
Rouler à vélo est une chose, transporter des enfants à vélo en est une autre. Un peu comme avoir des passagers en voiture, la personne qui conduit est la personne responsable. Et voici pourquoi.

IP3 PRESS/MAXPPP
Vélo-cargo, remorque, siège bébé… Peu importe la monture, ce qui compte, c’est la sécurité. Transporter un enfant à vélo, ce n’est pas juste une question de style urbain, de gain de temps ou d’écologie bien-pensante. C’est aussi – et surtout – une affaire de réglementation, de bon sens, et de physique élémentaire. Cette dernière qui semble échapper de plus en plus aux Français.
Une étrange coïncidence
Parfois, les articles à écrire tombent bien. C’est le cas ici, puisque j’ai en test actuellement un vélo cargo de type longtail. Ayant voulu l’essayer sans l’arceau avec les deux bambins dessus, j’ai essuyé une chute… des deux mômes à l’arrière qui se sont penchés pour « voir les trains » et sont donc tombés du support.
À faible allure certes (j’étais en train d’avancer les pieds à terre), mais cela a suffi pour engendrer des (légers) bobos, et ce, malgré le casque. Moralité : plus jamais sans cet arceau. Certains useront de sarcasme pour vanter l’automobile, mais nous en reparlerons plus tard. Car le sujet, ici, c’est bien la sécurité lorsqu’on transporte des enfants.
Casque vissé sur la tête, sinon rien
Premier rappel, en gras souligné : le casque est obligatoire pour les enfants de moins de 12 ans, même pour aller chercher le pain. Homologué CE, bien attaché, et peu importe que le trajet soit court ou “qu’on fasse ça tous les jours”. DEKRA (dont le champ d'action ne se limite pas aux centres de contrôle technique, mais englobe tous les aspects de la sécurité des transports) insiste : on ne transige pas avec le crâne d’un gamin. Et franchement, vu l’état de certaines pistes cyclables ou les trottoirs improvisés, ils n’ont pas tort. Et croyez-le, les enfants n’ont pas conscience des risques, pour preuve, la petite anecdote en ouverture d’article.
Le classique siège enfant, à partir de 9 mois, doit répondre à la norme DIN 14344. Harnais ou ceinture, repose-pieds sécurisés, et idéalement un appui-tête pour éviter la version miniature du coup du lapin. Attention au choix du siège : s’il est trop grand ou trop petit, c’est tout l’équilibre du vélo qui en pâtit. Et là, on ne parle pas que d’ergonomie : on parle de chutes évitables.
Il n’y a d’ailleurs pas d’âge minimum pour mettre un enfant sur un siège dédié, tant qu’il peut soutenir sa tête. Mais, à titre personnel, j’ai préféré attendre un peu avant de le caler derrière.
Autre détail souvent ignoré : ajouter un enfant, c’est ajouter du poids. Et du poids haut perché. Résultat ? Centre de gravité déplacé, freinage allongé, maniabilité réduite. Moralité : on s’entraîne d’abord à vide ou avec un sac de patates (lesquelles ont moins tendance à bouger en virage), puis on embarque le marmot. Si vous êtes un cycliste expérimenté, tant mieux. Mais compte tenu de la croissance de l’usage du vélo (les gens n’ont plus d’argent pour s’acheter des voitures neuves à 45 k€), une partie de la population qui ne maîtrise pas du tout l’engin a besoin de s’entrainer avant d’embarquer un ou plusieurs enfants avec elle.
Remorque : le carrosse pour fratries urbaines
Pour les parents de deux (ou trois) enfants, la remorque vélo est une option futée et surtout moins onéreuse qu’un vélo dédié. Mais pas exempte de précautions. Largeur maxi réglementaire : 1,25 mètre. Poids enfant : 20 kg max par tête. Et casque vissé là aussi, parce qu’un nid-de-poule, ça ne prévient pas.
Le bon sens impose également un harnais, un arceau de sécurité en cas de retournement, une suspension digne de ce nom (pour éviter l’effet shaker sur pavés), et un fanion haut perché pour être repérable sur la route.
Autre chose : une remorque, ça rallonge le vélo. Pensez que si vous passez, la remorque, elle, ne passe peut-être pas. Pire, elle n’est, parfois, même pas visible.
Et on n’oublie pas les classiques : catadioptres, feux, pare-pluie, pare-soleil et même pare-cailloux. De toute façon, une fois plié, tout ce bazar tient dedans.
Vélo-cargo : le SUV des cyclistes urbains

En version “long tail”, “box à l’avant” ou même tricycle, le vélo-cargo fait de plus en plus d’adeptes. Et pour cause : capacité de chargement, stabilité, confort. Mais attention, on parle d’engins souvent plus lourds et plus larges qu’un scooter. Il faut apprendre à les manœuvrer. Et accepter qu’ils ne passent pas partout.
Au programme : capote pluie, harnais, banquette capitonnée, voire enceintes Bluetooth (NON, ne faites pas ça). Mais tout cela ajoute du poids, et donc de l’inertie. Il faut surveiller l’usure des freins et accepter de passer plus souvent à la caisse pour changer les plaquettes.
Par ailleurs, les retours d’école sous le cagnard sans capote pare-soleil ou les trajets boueux sans garde-boue sont à éviter. Parce qu’un gamin trempé, brûlé ou couvert de graviers est la meilleure manière de le dégoûter des trajets à vélo.
Si notre société se veut paternaliste et infantilisante, il ne faut pas oublier que le bon sens est la chose la moins bien partagée dans ce monde. Pourtant, le bon sens sauve des vies. Et si vous n’en avez pas envie, êtes fatigué, ou ne le sentez pas : prenez la voiture. Ça ne changera pas le monde, mais ça préservera le vôtre.
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