Après la présentation du programme environnemental de Ségolène Royal, Jean-Marie Le Pen et Olivier Besancenot, je m'intéresse aujourd'hui à celui de François Bayrou. Le projet présidentiel du candidat de l'UDF (Union pour la démocratie française) François Bayrou sera présenté dans un livre dont la publication est prévue fin février 2007. En attendant, sur son site Internet de la campagne (http://www.bayrou.fr), Bayrou liste ses principales prises de position sur les grands sujets de l'actualité. Il y a donc trois thèmes évoqués qui nous concernent : transports, environnement et propositions approuvées du Pacte écologique de Nicolas Hulot.
Zoom sur les transports
"Sobriété, écologie, grands équipements : une nouvelle approche des transports", tel est son slogan.
"Je fixe deux objectifs majeurs pour une politique des transports durable et cohérente : écologie, solidarité entre les territoires et leurs habitants. Une politique des transports doit répondre à l'objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les enjeux sont immenses : réduire la place de l'automobile, promouvoir l'usage des biocarburants, développer la voiture mixte électrique/thermique - demain tout électrique, espérons-le -, c'est-à-dire tout ce qui est de l'ordre de la sobriété en matière de transports.
Un plan "Route ECO" encouragera l'allègement des véhicules et la motorisation mixte électrique/thermique. J'ai fait faire par des dizaines de personnes l'expérience de l'affichage obligatoire de la consommation instantanée : on fait 15 % d'économie de consommation, simplement parce que ça entraîne à ne pas pousser les rapports. Et ça ne coûte pas un centime. Enfin, la limitation de la vitesse sur les routes (10 km/h de moins) serait un facteur de sécurité et d'économie très important. Je crois que les gens pourraient l'accepter.
Dans le cadre d'une politique du développement durable, notre pays a besoin de grands équipements dans le domaine du transport : trains à grande vitesse, ferroutage et voies fluviales et maritimes pour transporter le fret en luttant contre l'effet de serre. Ces équipements auraient dû être financés par les revenus des sociétés autoroutières : la privatisation des autoroutes a été contraire à l'intérêt de la France.
Enfin, je souhaite l'instauration d' un service garanti pour les transports publics réguliers de voyageurs, autrement, c'est la notion même de service public qui est mise par terre ! La loi fixera les règles de la garantie de service public, et laissera le temps d'en négocier les modalités dans les entreprises."
Zoom sur l'environnement
"Un modèle de développement plus sobre, c'est un modèle du vivre mieux."
"La menace climatique pèse. La rareté de l'énergie signifie un risque immédiat de crash pour nos sociétés démocratiques. La réponse doit être à l'échelle européenne et à long terme, ce qui demande un plan national trans-partisan. Après avoir présenté un tel plan le 22 avril 2006, j'ai signé le 25 novembre le Pacte écologique, par lequel Nicolas Hulot venait de proposer la même démarche. Développement durable et écologie sont à l'évidence des sujets sur lesquels il faut s'accorder sur les grandes orientations, pour que l'Etat agisse de façon cohérente sur le long terme. Economiser l'énergie : nous disposons là d'un grand "gisement" d'énergie à bas coût. La première clé est d'expliquer pourquoi c'est indispensable, par les medias et l'école. Deuxième clé - moins idéaliste ! - il faut qu'il soit plus cher de polluer que de ne pas polluer. Une fiscalité écologique est absolument nécessaire.
Planifier à long terme une régulation du prix des énergies fossiles, qui pousse chacun d'entre nous à programmer dans le temps ses économies. C'est l'idée poussée par Jean-Marc Jancovici. Il faut que chacun sache ce que coûtera le carburant, le gaz, à 15 ans, pour qu'il puisse programmer son équipement, son futur chauffage, ses panneaux solaires... On ne peut pas le faire du jour au lendemain - sinon c'est sur les pauvres qu'on tape. Le plan pour une croissance sobre que je propose est assis sur trois piliers : se fixer des objectifs précis en matière d'énergies renouvelables, de biocarburants ; accroître fortement les crédits publics de recherche ; aider les pays émergents à trouver des voies de croissance énergétiquement sobres. Seule une politique européenne de l'énergie a les moyens d'induire ce changement de comportement et de s'adresser fortement à toute la planète. Un plan national viendra soutenir cette politique : dans le bâtiment, un renforcement des normes ; la réduction de la place de l'automobile dans les modes de transport, le développement du ferroutage (conteneurs et camions transportés par voie ferrée) pour le fret ; des seuils de consommation pour l'éclairage, et des normes énergétiques pour tous les appareils ménagers ; pour l'agriculture, la programmation d'une diminution de 500 000 tonnes des engrais azotés ; un plan pour les énergies renouvelables (technologies solaires).
Je ne crois pas que la France puisse remplir ses engagements en matière de gaz à effets de serre sans le nucléaire. Il y a une zone de consensus possible entre pro et anti-nucléaires : l'obligation de transparence (avec publication des rapports) et la possibilité de saisine directe de l'instance de sécurité nucléaire par les associations, avec obligation de réponse. Dire la vérité sur la crise énergétique, c'est dire qu'il nous faudra changer notre modèle de développement. La crise de l'énergie et les défis climatiques doivent être une chance. La chance d'une vie différente, la création d'emplois non délocalisables. Dépenser moins d'énergie, c'est pour chaque foyer, du niveau de vie disponible pour vivre mieux."
Zoom sur les propositions du Pacte écologique
"Je soutiens les 10 objectifs et les 5 propositions de Nicolas Hulot."
"Je travaille depuis de nombreuses années sur les questions d'environnement avec des associations, des ONG, des experts, des membres du comité réuni autour de Nicolas Hulot. Quelques jours après le lancement par celui-ci du Pacte écologique, Je lui ai répondu "de citoyen à citoyen" : cette "démarche civique" se rapproche de ma volonté de rassemblement au-delà des clivages idéologiques. Le réchauffement climatique place tous les pays de la planète devant une responsabilité inédite, pour préserver l'avenir de l'espèce humaine. Nous ne trouverons une réponse à ce défi que par le rassemblement des énergies qui se sont jusqu'ici opposées de manière stérile, par la conversion de la vie politique française à une démarche de rassemblement. Je retrouve les dix objectifs énoncés par Nicolas Hulot dans bon nombre de mes propositions :
"Réduire le flux de matières premières, ce qui est possible sans porter atteinte à notre niveau de vie ; planifier sur deux décennies le renchérissement des carburants afin de permettre aux différents acteurs de s'adapter ; protéger la biodiversité par une politique participative ; rendre à la ville un espace équilibré, où familles et activités économiques puissent cohabiter sans gaspiller l'espace et les carburants ; développer les biocarburants et les énergies renouvelables - prenons l'exemple de l'Allemagne : le diesel vert y coûte 30 % moins cher que le diesel pétrole. Pour la recherche, j'ai proposé que tous les partis s'accordent pour augmentant le budget de 5 % par an, sur dix ans ; l'écologie doit être au centre d'une politique de recherche. Face aux maladies qui apparaissent et qui sont le résultat de l'activité humaine, je suis favorable à la création d'une autorité nationale chargée de l'alerte."
Je soutiens les cinq propositions de Nicolas Hulot.
J'approuve son idée de création d'un poste de vice-premier ministre. Pour des raisons constitutionnelles, j'emploie plutôt l'expression "ministre n°2 du gouvernement". Il ne s'agit pas d'un ministre de l'écologie - conception de Nicolas Sarkozy ou Laurent Fabius - mais d'une autorité en charge du long terme, qui pensera chacune des décisions du gouvernement en termes d'impact sur l'avenir. Il concentrera les services chargés jadis de la planification, et sera doté d'une autorité réelle sur l'équipe ministérielle et les représentants de l'Etat.
Je suis favorable à l'instauration d'une taxe carbone, ainsi qu'à la réorientation des subventions agricoles. Ces deux décisions doivent être envisagées et promues à l'échelon européen. Les revenus de la taxe carbone permettront de réduire les charges sociales qui pèsent sur le travail.
Une démocratie participative est le seul moyen de mettre en place une démarche politique fondatrice en matière d'écologie. Pour que les choses bougent, tous les Français doivent se sentir concernés.
Enfin, la mise en place d'une éducation à l'écologie fait partie de l'éducation civique."
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération