Son ascension fut chaotique. Laborieuse d’abord et soudain fulgurante. Un jour, sa rencontre avec un lord excentrique le propulsa dans le grand cirque de la F1. Son passage y fut aussi bref que flamboyant. Et puis, un autre jour, quand il s’aperçut qu’il s’était définitivement trompé d’époque, il décida de s’en aller comme il était venu : sur une dernière pirouette !
Constamment entouré de créatures de rêve bronzées et court vêtues il aimait déambuler les pieds nus dans les paddocks avec ses jeans effrangés et T-shirts troués. A sa manière James Hunt avait du style. Un rebelle instinctivement surdoué pour la provocation, agaçant et attachant. Un fanfaron prétentieux pour les uns le dernier des grands pilotes romantiques pour les autres. A une époque où la F1 devient sérieuse ce pilote buveur de bière, fumeur invétéré, est devenu au fil du temps un symbole. Celui des fastes d’une époque engloutie comme un continent perdu. Ce joyeux fêtard savait pourtant se transcender dès qu’il se retrouvait derrière un volant.
Pilote, sinon rien
Athlétique et bon joueur de squash, ce fils de bonne famille n’était pas de ceux dont l’enfance est peuplée de rêves mécaniques. C’est à Silverstone le jour de ses 18 ans qu’il découvre la course entraîné par des copains. Une révélation. En rentrant de Silverstone, sa décision est prise il sera pilote. Né dans une famille aisée James n’est pas riche pour autant. Il y a six enfants chez les Hunt et son père n’a pas les moyens de financer sa vocation. James oublie alors la faculté de médecine où il vient de s’inscrire sans grande conviction, pour exercer une foule de petits boulots. Deux ans plus tard il se paye une Mini Cooper et se fait remarquer par son style incisif et son agressivité. Décidé à poursuivre sa progression, il use de toute sa persuasion pour convaincre son père de lui donner avec six mois d’avance les 100 € promises pour ses 21 ans. Une somme tout juste suffisante pour assurer le premier versement sur l’achat d’une Formule Ford "Pour la première fois de ma vie, j’avais trouvé une activité qui me passionnait assez pour que je la pratique sérieusement et que j’accepte de faire des sacrifices" Rapide souvent aux avant-postes de ces pelotons turbulents mais rarement à l’arrivée, il décide de passer à la F3 pendant l’été 1969. Tout de suite très à l’aise il ne tarde pas à se faire remarquer en cette année qui fut pourtant la plus relevée de toutes. Emerson Fittipaldi, Tim Schenken, Ronnie Peterson, ou encore Reine Wisell ont déjà presque tous un contrat en F1 pour la saison suivante ! S’il ne peut lutter pour la victoire avec sa vieille Brabham, James termine régulièrement dans les échappements des vedettes et signe même quelques records du tour. En fin d’année, il enlève le "Grovewood award", trophée annuel décerné au meilleur espoir britannique. En plus d’un chèque confortable, il accède à une reconnaissance officielle qui lui vaut ainsi de remplacer Ronnie Peterson l’accidenté à Montlheryl au volant de la March officielle. Déçu par la première création de la jeune firme de Bicester c’est vers Lotus que James se tourne pour disputer la saison 1970. Il joue la sécurité avec ce modèle 59 qui a écrasé la fin de saison 1969 avec Emerson Fittipadi. Du moins, le croit-il. Les nouvelles Lotus 69 réservées à l’équipe officielle et à quelques clients privilégiés, ainsi qu’une flotte de Brabham bien conduites, ne vont lui laisser que les seconds rôles. Hunt enlève toutefois sa première grande victoire internationale à Rouen. Sa saison est sauvée, et il compte au rang des espoirs promis à la F2. En 1971, il reste pourtant en F3 Pilote officiel March il va enlever quatre succès, mais il se fait davantage remarquer par ses accrochages et d’impressionnantes sorties de route. Au lieu de gagner un titre, il gagne un surnom "James the Shunt" ou "James le carambolage". Cette fois, c’est au rang des déceptions de l’année que James termine la saison. Plus question de F2. Pire même, c’est sur un siège éjectable qu’il retriple en F3 chez March. La nouvelle 723 est mal née et James doit déployer une incroyable énergie pour tenter simplement de garder le contact avec les Ensign et les GRD qui survolent le championnat. Ça passe parfois, mais souvent ça casse ! Les dirigeants de March commencent à se fatiguer. A Monaco, James heurte le rail dès le premier tour. Le divorce est consommé d’autant plus vite que Ford Allemagne est prêt à injecter quelques milliers de Marks dans l’écurie, à condition que Jochen Mass dispose du volant. Si le pilote allemand, pas plus que Jean-Pierre Jarier appelé plus tard en renfort ou encore un certain Alan Jones ne pourront tirer quoi que ce soit de la March 723, la réputation de casseur de James Hunt semble désormais établie et les portes des grandes équipes lui restent fermées. Après quelques courses pour une petite équipe française pendant lesquelles il retrouve toute sa décontraction et sa joie de courir. James est alors contacté par une joyeuse bande de farfelus courant pour le compte d’un jeune aristocrate excentrique Lord Hesketh.
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