Il est des modèles que les constructeurs auraient (rétrospectivement) aimé ne pas sortir, tant ils ont écorné l'image de la marque. Si l'on ne parle que de fiabilité, Peugeot avec sa 605 et plus tard la 307, Citroën avec la SM ou la première XM (même si elles ont aujourd'hui finalement une bonne cote d'amour), Chrysler avec les premiers Voyager diesel, Land Rover avec les Range 2.5 TD, Alfa et ses 33 et 75. Toutes les marques ou presque ont eu leur mouton noir.
Et dans l'histoire récente de Renault, celle que l'on retiendra pour avoir franchement fait du mal à la réputation de la marque, c'est la Laguna 2. Sortie en 2001, étrennant de nombreux nouveaux équipements technologiques rendus possibles grâce au multiplexage, elle a surtout, telles les chutes chez un enfant qui apprend à marcher, enchaîné les gros pépins, électroniques, mais aussi mécaniques.
Pour Renault, les coûts de prise en charge en garantie ont explosé, pour les clients, c'était la galère des allers-retours au garage fréquents. De 2001 à 2004, on peut parler de fiabilité déplorable.
Citons ici les gros principaux soucis et risque de panne, sans rentrer dans le détail :
- Turbo sur les 1.9 dCi pouvant entraîner une casse moteur par autoconsommation d'huile.
- Casse de boîte 6 vitesses sur les dCi.
- Émetteur-récepteur d'embrayage, toujours sur les dCi.
- Colmatage de la vanne EGR, sur tous les diesels.
- Fragilité des rotules et silentbloc de suspension et de direction.
- Usure des plaquettes et disques prématurée à l'arrière sur le break.
- Carte de démarrage fragile.
- Bobines d'allumage fragiles sur les moteurs essence, spécialement le V6.
- Combiné d'instrumentation défaillant, surtout sur les modèles essence.
- Usure précoce des pneus, spécialement à l'arrière et sur les montes en 17 pouces.
- Batterie qui se vide rapidement (jusqu'en 2002).
- Indicateur de pression des pneus défaillant.
- Fonctionnement aléatoire des lève-vitres.
- Mauvaise régulation de la climatisation.
- Mauvaise étanchéité des boîtiers électroniques entraînant de nombreux bugs et alertes au tableau de bord.
La liste n'est malheureusement pas exhaustive. Et même si tous les modèles n'ont évidemment pas connu tous ces aléas et grosses pannes, la plupart en ont connu plusieurs.
Renault a réagi
Face à tous ces problèmes, Renault a diligenté fin 2002 une grosse campagne de mise à niveau, qui a permis de déverminer la voiture, en partie seulement malheureusement, puisque les plus gros des soucis mécaniques n'étaient pas encore d'actualité. Ainsi, étanchéification des boîtiers, reprogrammation de plusieurs d'entre eux, pose de joint, remplacement des cartes main-libre par de nouvelles plus résistantes à la torsion, mise à jour des câblages et faisceaux, de la surveillance de pression des pneus, etc. Tout cela a permis de retrouver déjà un peu de tranquillité.
Mais c'est aussi avec les kilomètres que sont arrivés les soucis de turbo, de vanne EGR, de boîte de vitesse, de train avant… Et là, plus de rappel, mais des grilles de prise en charge, décidées par Renault à partir de 2006, qui ont permis à certains propriétaires de voir leurs factures réduites ou remboursées. Mais ce ne fut pas toujours le cas, quand on ne rentrait pas "dans les cases" ce qui a conduit à beaucoup de mécontentement.
Dans le même temps les pièces étaient aussi petit à petit fiabilisées. En 2004, les acheteurs de Laguna neuves connaissent déjà beaucoup moins de soucis, même si tout n'est pas parfait.
C'est seulement en 2005 que les choses vont réellement changer.
Un restylage salvateur
En effet, en avril 2005, la Laguna 2 bénéficie d'un restylage. Esthétiquement, la face avant adopte un nouveau regard et une nouvelle calandre, à l'arrière les feux adoptent un dessin interne inédit, tandis que dans l'habitacle, le dessin reste identique mais la qualité des matériaux s'améliore. Et il n'y a pas qu'elle puisque c'est surtout la fiabilité qui fait un bond en avant remarquable.
Un multiplexage enfin maîtrisé, une électronique fiabilisée, des moteurs revus ou nouveaux qui ne posent plus que des problèmes très "classiques" (entendez par là communs à toutes les marques), et miracle, les coûts de garantie sur le modèle sont divisés par 2 et plus.
Le 1.9 dCi est revu, ses déclinaisons de puissance 100, 110, 115, 125 et 130 ch sont enfin fiables. Le nouveau 2.0 dCi 150 et 175 ch, de provenance Nissan, à chaîne de distribution, est lui aussi exempt de tout reproche et est d'ailleurs superbe d'agrément, et à conseiller.
Du coup, les plaintes d’acheteurs se sont faites plus rares et la tranquillité d'esprit est revenue. La Laguna 2 revient au niveau des meilleures en terme de fiabilité. Tout simplement.
Oui mais voilà le mal est fait. Dans l'esprit du public, la Laguna 2 est une "merguez" pas fiable, une occasion à problèmes. Et même les concessionnaires de la marque alimentent cet état de fait, en allant jusqu'à refuser de reprendre une Laguna 2, ou en la reprenant une misère. Ce n'est pas de leur faute, ou presque pas, puisque de toute façon, ils la revendront aussi très en dessous de la cote qu'elle aurait pu maintenir en étant fiable.
Et c'est ici que finalement ça devient intéressant. Pour les acheteurs. En effet, aujourd'hui, la plupart des Laguna 2 sont fiabilisées. On n'ira pas jusqu'à vous conseiller l'achat d'un modèle avant restylage (photo ci-dessus), qui peut encore, selon son kilométrage, rencontrer de gros soucis, même si globalement, les exemplaires qui roulent aujourd'hui ont vu petit à petit leurs faiblesses éliminées, aussi sûrement que les taches de gras par le nouvel OMO. Et par contre, un exemplaire post-restylage est carrément à conseiller.
Certes tout n'est pas encore complètement rose, on peut encore rencontrer un souci de vanne EGR, un turbo qui casse par-ci par-là. Un filtre à particule qui fait des siennes sur les modèles équipés, un souci électronique. Mais rien qui ne puisse survenir sur d'autres modèles.
Des tarifs défiant toute concurrence
À la différence qu'une Laguna 2, vous l'achèterez bien moins cher ! Pâtissant à plein tube de la mauvaise image résultante des premières années de fiabilité catastrophique, tous les modèles, y compris les "bons" se retrouvent à des prix défiant toute concurrence sur le marché de l'occasion. Les décotes sont impressionnantes. Un modèle avant restylage, même diesel, de 10 ans, aura décoté de 95 %, lorsque la moyenne est de – 75 % à - 80 %. On trouve des modèles 2002 essence à moins de 1 500 €. Mais ce n'est pas le plus intéressant.
On trouve en effet des modèles restylés, donc très fréquentables, à des tarifs dignes des Dacia Logan de la même époque (qui elles tiennent la cote !). Par exemple un modèle 1.9 dCi 130 Carminat, donc bien équipé, de 2006 ou 2007, peut se trouver autour de 4 500 €, soit presque – 85 % ! Un 2.0 16v essence va se trouver à 3 500 €. Un modèle V6 210 ch essence Initiale, le top de la gamme, peut se dénicher à partir de 4 300 €, soit – 88 % par rapport au prix du neuf. Le 2.0 dCI 150 est un peu plus coté mais reste hyper abordable par rapport à la concurrence.
C'est bien simple, une Peugeot 407 équivalente, ou pire, une Volkswagen Passat sont sans vergogne presque 2 fois plus chères ! Ce qui laisse à réfléchir.
BILAN
La réponse à la question posée dans le titre est sans conteste : OUI ! Enfin oui, pas les yeux complètement fermés, mais oui tout de même. En effet, le risque est faible. Si l'on achète une version avant restylage, il y a de fortes chances qu'elle ait été mise à niveau et que l'on ne risque plus grand-chose. Et puis de toute façon, on l'aura payée tellement peu cher que le risque est contrebalancé par les économies réalisées (on peut au pire mettre un peu de côté pour palier un éventuel souci). Et si l'on se décide pour une version après restylage (après avril 2005), là pour le coup, le risque de se trouver confronté à des pannes importantes est faible (attention, je n'ai pas dit nul…) et l'affaire d'autant plus belle. Nous vous conseillons donc, avec prudence, d'opter pour un modèle restylé, en essence pour les petits rouleurs, ce sont des blocs hyper fiables, et en 1.9 dCi 130 ou 2.0 dCi 150 pour les gros rouleurs, ce sont les variantes les moins sujettes à problème.
Vous aurez ainsi la satisfaction de rouler dans une berline très agréable, homogène, sûre et bien équipée la plupart du temps, en l'ayant payée presque la moitié du prix qu'elle vaut intrinsèquement, ou si vous voulez, la moitié du prix d'une concurrente, qui ne sera pas mieux lotie en terme de fiabilité, si ce n'est moins fiable.
La Laguna 2 est donc, malgré sa réputation, digne d'intérêt aujourd'hui. Qu'on se le dise. Au passage et pour élargir le débat, une Laguna 3 est tout aussi recommandable, et souffre comme la Laguna 2 de la mauvaise réputation engendrée par celle-ci. Elle est de ce fait très abordable en occasion également…
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