2. Alfa Romeo Tonale (2022) - Sur la route : un agrément dégradé
Il nous tardait donc de commencer à rouler avec ce nouvel arrivant, dont on nous avait promis monts et merveilles lors de la conférence de presse. Le meilleur toutes catégories, nous avait-on promis. Eh bien, on nous l'avait légèrement survendu...
Ce Tonale, reposant sur une plateforme de Jeep Compass, pouvait-il reprendre tout de l'ADN Alfa Romeo, dans ses prestations sur la route ? Nous l'espérions, nous avons été déçus.
Il nous a fallu très vite oublier les sensations ressenties au volant d'une Giulia, ou d'un Stelvio.
Pourtant, cela n'a pas si mal démarré, dans les petites rues de Côme, où se déroulait l'essai. Ici, le système hybride dévoile tout son intérêt. Malgré son architecture 48V "seulement", qui ressemble à de la micro-hybridation, le Tonale est capable de rouler en 100 % électrique, à basse vitesse, pour les manœuvres mais pas seulement. Il peut en effet rester moteur coupé, en silence, jusqu'à environ 20/25 km/h, du moins c'est ce que nous avons constaté. La petite batterie de 0,77 kWh se vide évidemment très vite, mais elle se remplie avec la même célérité à la décélération et au freinage.
Somme toute, on a reconnu là ce qui s'observe aussi avec le Jeep Compass 4Xe, dont le Tonale récupère plateforme et technologie.
Le tableau s'assombrit hors de la ville
Mais en sortant de la ville, le tableau s'est assombri. Les routes nationales, et même l'autoroute laissent encore au Tonale un semblant de dignité, surtout si l'on conserve un rythme tranquille. On s'aperçoit alors que la boîte à double embrayage est très (très) douce, que cet italien est bien insonorisé, bien filtré, fait même un petit bruit agréable lors des relances éventuelles. La direction apparaît comme précise, mais sans l'excès de directivité d'une Giulia, ce qui est mieux sur les longues lignes droites, où l'on n'a pas besoin de corriger sans cesse la trajectoire.
De même, en mode "neutre" du sélecteur de mode de conduite "DNA", la suspension pilotée dont notre modèle était doté reste confortable.
Mais le parcours d'essai nous a rapidement menés sur des routes plus étroites, plus sinueuses et pentues, le long des rives du lac de Côme, en direction de Bellagio...
Et là, nous sommes allés de désillusions en désillusions. En effet, dès qu'il y a besoin de relancer la mécanique, elle laisse apparaître des temps de latence énormes. D'une part la boîte DCT à 7 rapports n'est pas réactive, et met beaucoup de temps à rétrograder lorsque le pied droit se fait plus lourd. D'autre part, le temps de réaction du turbo du 4 cylindres 1.5 de 160 ch est très (trop) long. On attend la cavalerie, qui lorsqu'elle arrive, laisse d'ailleurs à penser que quelques pur-sang ont décidé de rester à l'écurie...
Bien sûr, la réactivité est meilleure lorsqu'on sélectionne le mode "Dynamic". Oui, mais on garde encore du décalage entre ce que l'on demande à la pédale, et la réaction de l'auto. De plus, la gestion "sport" du moteur devient caricaturale, avec une montée dans les tours très élevée, et maintenue pendant longtemps. Du coup ça fait du bruit, et ce n'est pas forcément efficace. Mamma mia !
On peste contre le manque de réactivité
La direction, qui reste précise au demeurant, révèle aussi un ressenti assez artificiel, à l'opposé de ce que l'on connaît des Alfa Romeo depuis toujours. L'amortissement plus ferme, lui, stabilise la caisse, réduit le roulis, ce qui permet d'envisager d'attaquer les épingles sans arrière-pensée. Et on bénéficie de l'architecture McPherson des suspensions, aussi bien à l'avant qu'à l'arrière, pour obtenir un comportement routier précis et bien équilibré. Le différentiel à glissement limité électronique fait également bien son travail en sortie de courbe.
On peste donc d'autant plus sur le manque de réactivité globale de la boîte et du moteur. Sincèrement, cela faisait longtemps que je n'avais pas pesté autant au volant, mon cadreur m'en est témoin... C'est très dommage.
Autre point négatif, la consommation relevée. Bien sûr, les conditions d'essai furent exigeantes. Petites routes typées montagne, relances nombreuses, nombreux passages un peu dynamiques pour faire des images. Certes. Mais avoir du mal à passer sous les 10 litres de moyenne pour un modèle hybride, c'est décevant aussi.
Terminons tout de même pas un bon point : le freinage. On sait difficile la gestion de ce chapitre sur les modèles hybrides, qui doivent passer du freinage régénératif au freinage classique. Avec le plus souvent une pédale molle ou difficile à doser. Ce n'est pas le cas de ce Tonale, qui réussit très bien l'exercice. Peut-être grâce à un système de freinage largement dimensionné et des étriers 4 pistons à l'avant.
Vous l'aurez compris, si le Tonale arrive tout de même à avoir un comportement plus sportif que celui du Jeep Compass à qui il emprunte châssis et mécanique, il ne possède pas tous les gènes qui font d'une Alfa Romeo une Alfa Romeo. L'électrification aura eu raison de cela... Va bene, il va falloir s'y habituer.
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