L'Alpine A390 rend-elle SUV électrique et sportivité compatibles ?
Sept mois après la présentation du concept au Mondial de l'Auto, l’Alpine A390 se dévoile, et en détail : puissance, performances, architecture, autonomie et bien sûr poids, nous allons enfin savoir si la marque dieppoise est susceptible de conjuguer SUV électrique et sportivité…

Le communiqué de presse prête à sourire… « Ses proportions de coupé se profilent à 110 m de distance avec sa lunette arrière en forme de visière de casque et des surfaces vitrées contenues contribuant à donner une impression de compacité. » Mouais… À 110 mètres, mais pas moins, diront les mauvaises langues…
« Puis dans un deuxième niveau de lecture à 110 cm, la ligne sculptée animant les portes arrière aux poignées intégrées se révèle, tout comme la précision dans le travail des épaules de la ligne de caisse, des reflets et des volumes ou encore, la lame du capot laissant passer l’air pour canaliser les flux aérodynamiques ». Ok, une bonne distance pour, effectivement, poétiser le travail de l’équipe du design, dirigée par Antony Villain.
« À 110 mm chaque détail se laisse admirer, à l’image des boucliers avant avec des motifs en triangle inspirés des montagnes, intégrant des ouvertures créant des rideaux d’air. » Enfin là, c’est un peu trop près, on n’y voit rien. Les références à l’A110, un peu maladroites, ont évidemment pour objectif de donner du crédit à l'A390, à l’exact opposé de la berlinette. Un véhicule « Sport Fastback » certes, mais un SUV à cinq portes électrique, quatre roues motrices, élaboré sur la plateforme du Scenic E-Tech, donc peu sportif sur le papier…
Esthétiquement, impossible de trouver un lien de parenté avec le Renault. On y voit plutôt des clins d’œil à l’A110, notamment la lunette arrière très inclinée et recourbée sur les côtés, ainsi que la jonction typique entre le pavillon et les ailes arrière, sur lesquels on pourra retrouver les drapeaux français.

Pour le reste, on note un logo Alpine en toutes lettres rétroéclairé, repris du concept mais sans effet 3D, des poignées de portes intégrées à l’arrière et escamotables à l’avant, une spectaculaire lame transversale sur le capot, ainsi qu'un nouveau regard matérialisé par une nuée de triangles pour les feux de jours, et des yeux plissés qui contrastent avec les projecteurs ronds ou carrés des frangines A110 et A290.
Surtout, l'A390 se démarque de la production actuelle avec des proportions inhabituelles pour la catégorie. Avec 4,62 m d'un pare-chocs à l'autre, l'auto se révèle 15 cm plus longue que le Scenic, donc proche d'un Audi Q4 Sportback, mais bien plus basse : 4 cm de moins que son compatriote, et 10 cm de moins que l’Allemand. De fait, son profil apparaît plus dynamique, avec une ceinture de caisse haute et une surface vitrée mince.
Notez aussi que l’empattement a été réduit de 7 cm par rapport au Renault, l’objectif étant de rendre l’A390 agile en virage. Ainsi, les porte-à-faux sont importants, mais le style demeure équilibré grâce notamment à d’immenses jantes de 20'', voire 21'' en série sur ce haut de gamme GTS.

Les contreparties de ce design élancé restent tolérables. Avec 532 litres annoncés sous tablette, le coffre ne rend que 13 litres à celui d'un Scenic, et équivaut à la soute de l'Audi Q4. Seules réserves : le bac sous le plancher manque de profondeur pour un câble Type 2, et pas de compartiment sous le capot. Si le pavillon bas impose aux grands de baisser la tête en entrant, la garde au toit s'avère correcte (même si elle a été obtenue en baissant les assises), et l'espace aux jambes suffisant pour des passagers de 1,80 m. On apprécie par ailleurs le bon niveau de confort des places latérales, judicieusement creusées, et la présence de poignées de maintien au plafond, plus si courantes sur les voitures modernes.


À l'avant, les baquets offrent un bon maintien au niveau des dossiers mais, même réglées au plus bas, les assises apparaissent toujours un peu trop hautes pour les grands, et également trop courtes. Si la console centrale suspendue est inédite, le mobilier rappelle immanquablement le Scenic, mais la finition se veut impeccable et surtout, ce haut de gamme GTS se montre ultraraffiné avec du cuir nappa étendu et de l'alcantara jusqu'au ciel de toit, forcément noir (un peu oppréssant).

Gènes Renault obligent, on retrouve la grande dalle numérique en L composée de deux écrans de 12’’ avec Google intégré et accès aux dernières applications dans l’air du temps, mais des animations typiques de la marque et le menu Alpine télémétrics qui répertorie les données de conduites tels que les G latéraux et longitudinaux.

Trois moteurs, et jusqu'à 470 ch !
Avoir du style, c'est bien, mais l’A390 est surtout attendue pour ses caractéristiques techniques, et en particulier son poids. Avec 2 121 kg minimum annoncés, le SUV Alpine est quasi deux fois plus lourd qu’une A110. Mais comparons ce qui est comparable : si l'on prend l’exemple d’un Audi Q4 Sportback 55 Quattro, le Dieppois pèse environ 115 kg de moins. Et si l'on étudie des SUV aux performances comparables, en particulier un Porsche Macan 4, l'Alpine peut revendiquer… 210 kg de moins !
Oui, l’A390 propose des puissances dignes de Porsche, à savoir 400 ch pour la version GT, et 470 ch pour la GTS ici présente, pour des 0 à 100 km/h en respectivement 4s8 et 3s9. Ne s'arrêtant pas en si bon chemin, la marque au A fléché annonce un comportement routier exemplaire, et cela grâce à une architecture mécanique inédite, puisqu’en plus du moteur avant piqué au Scenic, l'A390 reçoit deux moteurs arrière, chacun relié à une roue.
Objectif : provoquer un effet vectoriel en envoyant la puissance où l'on en a besoin en un millième de seconde, en l’occurrence vers le pneu qui se trouve à l’extérieur au virage, forcément plus "chargé", et donc plus adhérent. De quoi ressortir plus efficacement et même faire pivoter le postérieur au besoin.

Question autonomie, rien de révolutionnaire, malgré une capacité de batterie utile de 89 kWh, soit légèrement supérieure à celle du Scenic. Certes, le système mobilise seulement les moteurs arrière synchrones à aimants permanents à allure stabilisée, moins énergivores que l'élément à rotor bobiné avant, mais Alpine annonce modestement entre 520 et 555 km en cycle WLTP selon la version, donc le type de pneus (Michelin Pilot Sport EV en 20'' sur GT, et Pilot Sport 4S en 21'' sur GTS). Soit à peine mieux qu'un Audi Q4 Sportback 55 Quattro, pourtant dotée d’une pile de 77 kWh "seulement". En pratique, le rayon d'action devrait passer largement sous les 500 km sur autoroute.
Les temps de charge sur bornes rapides en courant continu DC n'ont rien d'exceptionnel non plus, la batterie étant limitée par ses 400V : Alpine annonce un peu moins de 25 minutes pour passer de 15 à 80 % avec une puissance maxi de 190 kW. Soit un score dans la moyenne des SUV électriques prémiums.
Mais tout cela reste théorique. Pour vous donner de valeurs chiffrées, il nous faudra attendre la commercialisation au quatrième trimestre et les premiers essais. Côté tarifs, rien d'officiel, mais la marque les estime entre 65 000 € pour la GT et 76 000 € pour cette GTS. Cher, certes, mais justifié en partie par un assemblage en France, dans le détail à Cléon pour les moteurs, Douai pour les batteries, et… Dieppe pour l'ensemble de la voiture, la manufacture historique ayant été adaptée en conséquence ces deux dernières années.

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