Apple Car : et si c'était un énorme coup de bluff ?
C'est l'Arlésienne de ce début de siècle. Depuis au moins quatorze ans, les observateurs, ou la firme elle-même, nous promettent une Apple Car pour très vite. Dernière nouvelle en date de la voiture fantôme : elle serait sur les routes en 2025. Et si pour la pomme, laisser croire qu'elle pourrait fabriquer une voiture sans jamais passer à l'acte, était une excellente manière de montrer les muscles pour travailler avec les constructeurs, les vrais ? Explications.
la nouvelle est tombée samedi. Et elle ne sort pas tout droit pas d'une discussion de comptoir et de fin de soirée dans un bar de la Silicon Valley, mais de la très prestigieuse agence Bloomberg. Selon elle, ça y est : l'Apple Car est sur les rails et presque sur la route. En 2025, promis juré, elle sera au point, grâce au projet Titan, le département de la pomme qui se penche sur l'auto depuis des années. Et non seulement cette dernière roulera, ce qui est un minimum, mais elle roulera toute seule. Mais pas grâce à une simple aide à la conduite et un régulateur adaptatif, mais avec un "cerveau" qui va directement propulser l'autonomie de cette voiture au niveau cinq, quand l'ensemble des constructeurs rame pour atteindre le niveau 3.
Personne n'atteint l'autonomie de niveau 5 pour le moment
On se frotte les yeux, on a du mal à le croire et pourtant, quand Bloomberg, la première agence de presse économique mondiale balance une telle info, on se penche dessus. D'ailleurs le Parisien l'a lui-même relayé dans son édition dominicale. Une source sérieuse (Bloomberg), une entreprise gigantissime (Apple), dont on connaît le talent et le fond de roulement, sont autant d'éléments qui devraient nous convaincre de la véracité de cette annonce. Et pourtant on a comme un doute. Car Apple n'en est pas à sa première annonce du genre.
Depuis 2007 et même bien avant, la pomme nous promet de débarquer très bientôt avec son auto qui va révolutionner le marché. Sur Caradisiac, plus de 100 articles ont ainsi été consacrés au créateur de l'I Phone. Plus de quatorze ans pour développer une auto, c'est beaucoup, même si celle-ci doit chambouler tout l'univers automobile. Alors, entre les retards du projet Titan et les annonces tonitruantes lancées à intervalle régulier, la circonspection s'impose face à cette dernière sortie. D'autant qu'aucune marque automobile n'est capable (de l'aveu de toutes) de lancer une voiture d'un niveau d'autonomie 5 d'ici 4 ans. Et aucun état ne souhaite légaliser cette technique dans ce délai.
Mais si l'on doute de la crédibilité de l'annonce de cette semaine, pour des raisons techniques et juridiques, ce n'est pas seulement en raison des difficultés technologiques difficile à surmonter, même pour un empire comme Apple. c'est tout simplement parce que le groupe n'a strictement aucun intérêt à fabriquer une voiture.
Qu'Apple irait-il faire dans cette galère ? Pourquoi, lui qui depuis des lustres, réalise une marge de près de 50 % avec ses iPhone accepterait de l'abaisser à 6-8 % comme la moyenne des marques généralistes ? Ou au mieux à 10-12 % ainsi que le veut la tradition du premium ou du luxe ? Fabriquer, vendre, entretenir et réparer des autos est un travail de longue haleine avant même que l'affaire ne soit rentable et l'investissement est colossal. Elon Musk s'en est aperçu, lui qui a mis 17 ans pour que Tesla gagne des sous. Puisqu'ils sont presque voisins, Tim Cook, le patron d'Apple ferait bien de déjeuner avec lui pour échanger quelques bons tuyaux, et prendre quelques conseils, autres que boursiers.
Mais en réalité, Tim Cook sait parfaitement qu'il ne fabriquera jamais de voitures. Son Apple Car sera un simple démonstrateur, un prototype destiné à épater Bloomberg, les médias, et surtout les constructeurs automobiles. Parce que l'idée du boss de Cupertino, plutôt que de s'encombrer à créer des usines d'assemblages, un réseau de concessionnaires et son SAV, va tout simplement mettre sa technologie d'autonomie, son "cerveau" réalisé par les ingénieurs du projet Titan, au service de ceux qui sont déjà engagés dans ce très lourd process : les constructeurs traditionnels. Apple ne sera rien d'autre qu'un super équipementier, persuadé (peut-être à juste titre) d'avoir de l'avance sur les Bosch et autres Valeo. D'ailleurs il aurait déjà pris langue avec plusieurs marques. Reste à savoir qui sera le sous-traitant de l'autre, Apple pesant souvent plus lourd que ses interlocuteurs. Renault se dit ouvert aux discussions, sachant que les négociations ont déjà achoppé avec le groupe Hyundai Kia, le coréen ayant eu peur de perdre la maîtrise de l'opération. Une affaire à suivre donc, mais pas comme l'entend l'agence Bloomberg.
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