Au championnat de France des hackers, l’automobile n’est pas vraiment gagnante
Au cours d'une compétition qui a réuni à Rennes 500 hackers venus de toute la France, l'un d'entre eux, dans le but d'alerter les constructeurs, a démontré les failles des systèmes embarqués de nos voitures. Édifiant.
Il y a des compétitions pour tout, le foot comme le changement de pare-brise. Alors pourquoi pas le championnat de France des hackers ? Celui-ci s’est déroulé le week-end dernier, de nuit comme il se doit. À Rennes, 500 spécialistes de l’intrusion informatique se sont réunis par équipes pour tenter de déterminer quel groupe était à même de venir à bout du système le mieux protégé aussi rapidement que possible.
Parmi eux, rapporte l’AFP, un étonnant Antillais de 42 ans a bluffé ses adversaires et le public, invité à assister à l’évènement. Gaël Musquet n’est pas un pirate informatique et son but n’est pas de voler des données ou des biens, bien au contraire, puisqu’il travaille pour l’ennemi de toujours des hackers : les entreprises de cybersécurité. Et sa démonstration, bluffante, a de quoi faire frémir les constructeurs automobiles.
Un piratage qui passe par les capteurs de pneus
Ce garçon s’est attaqué à une Toyota Corolla. Pour faire croire à son conducteur que ses pneus sont dégonflés et le contraindre à s’arrêter pour l’agresser ? Rien de plus simple : il lui suffit d’approcher son téléphone, (auparavant branché à une antenne) d’un capteur de pneu, accessible depuis l’extérieur, et de le placer en mode alerte. Mais dans le cas d’une auto garée et fermée, comment l’ouvrir et la démarrer ? « J'ai juste relié mon téléphone à la moelle épinière de la voiture, qui passe dans le rétroviseur intérieur a-t-il expliqué. Il suffit d'un logiciel libre, tout est téléchargeable sur internet".
Autre démonstration, toujours avec son antenne à la main. Le hacker s’en explique. « Lorsque quelqu’un passe à côté de moi avec une clé de voiture, je peux capter son signal » et grâce à lui, ouvrir la voiture dont le propriétaire s’est éloigné.
L’ingénieur, qui travaille notamment pour l’armée de l’air est venu à Rennes pour tenter de sensibiliser le public, et les constructeurs, à ces problèmes qui pourraient devenir cruciaux au fur et à mesure des progrès techniques embarqués dans une auto. Et l’on frémit à l’idée de ce que le piratage informatique pourra produire lorsque les voitures autonomes seront au point.
Qu’est ce qui empêchera un hacker de génie de prendre le contrôle d’une voiture à distance, et de la faire circuler comme bon lui semble, y compris lorsqu’elle aura des passagers à son bord ? L’ingénieur y songe et il réclame des « crashs tests numériques » qui seraient imposés aux constructeurs pour homologuer leurs véhicules.
La France manque de cyberculture
Est-il entendu, lui et les quelques centaines de cyber-spécialistes de l’automobile dans le monde ? Aux États-Unis, les marques semblent sensibles au problème et Gaël Musquet travaille en partenariat avec les firmes de Detroit. « Mais pas en France, ce n’est pas la culture ». Il serait bon que les ingénieurs de recherche et développement hexagonaux se préoccupent rapidement de cyberculture.
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