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Autoroutes: après le prix des péages, le scandale du prix des recharges?

Un rapport public s'alarme des commissions trop élevées perçues par les sociétés d'autoroutes sur les recharges électriques, au détriment des opérateurs mais aussi - et surtout - des automobilistes. 

Autoroutes: après le prix des péages, le scandale du prix des recharges?

Toutes les stations d'autoroutes disposent désormais de bornes de recharge rapide, et c'est une bonne nouvelle. La mauvaise est que tout ceci est facturé bien trop cher à l'automobiliste, selon un rapport public. (Crédit: PHOTOPQR/L'EST REPUBLICAIN/MAXPPP)

 

Les électromobilistes ont encore pu le constater à maintes reprises durant leurs congés estivaux: sur autoroute, 100 km en électrique ne coûtent pas moins cher que 100 km en thermique. Pour une voiture électrique consommant 21 kWh/100 km, l’appoint à une borne rapide à 0,65 €/kWh reviendra  à 13,65 €/100 km, contre 12,6 € pour une voiture diesel consommant 6,5 l/100 km (à raison de 1,95 €/l de gazole).
Même habitués à des tarifs élevés à partir du moment où ils circulent entre deux barrières de péage, tant en matière de carburant que de restauration, les automobilistes peuvent s’étonner de telles disparités entre les tarifs d’un même opérateur hors et sur autoroute. A cela une bonne raison, relevée par nos confrères du Parisien ce mercredi : les Sociétés concessionnaires d’autoroute (SCA) imposent des redevances extrêmement élevées aux opérateurs de recharge que sont les Ionity, Electra, Engie, etc. « Plus de 18 % du prix de la recharge est finalement reversé à la SCA en échange du droit, pour le titulaire du contrat, d’exploiter son installation sur le domaine autoroutier, contre seulement 4 % en moyenne pour les autres biens vendus sur une aire de service », détaille un rapport de l’Autorité de régulation des Transports (ART) publié le 4 juillet dernier.
Explication de l’ART: quand elles lancent un appel d’offre, les sociétés concessionnaires (Vinci Autoroutes, Eiffage, etc.) « tendent à privilégier ceux qui reverseront les rémunérations les plus importantes aux sociétés concessionnaires au détriment de ceux qui s’engagent à pratiquer des prix bas. » Et l’Autorité d’enfoncer le clou : « en tout état de cause, elle émettra systématiquement des avis défavorables pour les appels d’offres dont le système de notation rendrait significativement plus coûteux pour un candidat de gagner un point en baissant ses prix plutôt qu’en augmentant la redevance versée au concédant. »

"Un frein à l'électrification du parc automobile"

Autoroutes: après le prix des péages, le scandale du prix des recharges?

Au moins les choses sont elles clairement dites par l’organisme public, qui souligne au passage ce paradoxe : en raison des conditions d’attribution évoquées plus haut, même la forte concurrence entre opérateurs n’a pas permis d’abaisser les tarifs ! Bien qu’ait été enregistrée une moyenne de 7,8 candidats à l’installation d’infrastructures de recharge, contre 2,75 pour des contrats globaux incluant carburant, boutique et restauration, sont en effet systématiquement favorisées les entreprises assurant une plus grande rentrée d’argent au concessionnaire. Une façon d’opérer qui gène l’ART, selon qui « le prix élevé de la recharge électrique relativement au prix du carburant interroge car il s’agit là d’un frein à l’électrification du parc automobile. »

L’Autorité prône donc une démarche différente, qui consisterait à baisser la redevance de 18 à 5%.  Ce faisant, l’opérateur de recharge, qui doit aussi absorber les coûts d’installation et de maintenance de ses bornes, ainsi que de coûteux frais de raccordement au réseau électrique, «pourrait simultanément baisser ses prix de plus de 10 % tout en conservant la même rentabilité.» Cela suppose certes que les concessionnaires, bien protégés par des contrats qui les rendent parfaitement inexpugnables par l'Etat, rognent fortement sur leurs marges, démarche hélas bien illusoire. Seule solution pour l'automobiliste: recharger sa batterie aussi peu que possible, ou viser les bornes de recharge rapide situées à proximité immédiate des autoroutes, comme certains le font avec leur bon vieux moteur thermique. Les technologies évoluent rapidement, mais les préoccupations financières sont toujours les mêmes.

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