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Bol d'or - Team 18 : le week-end de course

Dans Moto / Sport

Vincent Demeslay

Bol d'or - Team 18 : le week-end de course

Après un début de saison marqué par l'abandon au 24 H du Mans suite à de nombreuses chutes, la suite a été beaucoup plus réjouissante avec notamment un podium au scratch lors des 8H d'Albacete. Pour le team 18 des sapeurs pompiers, la dernière édition du bol d'or aura permis, s'il le fallait encore, de confirmer la bonne forme mais également son appartenance à l'élite de l'endurance mondiale. En effet, avec la 3e place acquise à Magny-cours, la Suzuki N°18 pointe seconde ex-aequo au championnat du monde. Yannick Bureau, team-manager de la 18 nous relate le week-end de course.


Bonjour Yannick. Tout d'abord félicitation pour ce podium sur une épreuve de 24 H. Quel serait ta première réaction après coup ?


C'est superbe, colossal et je dirais même historique. Depuis que je fais de l'endurance, je n'ai pas le souvenir d'une équipe comme nous présente sur un podium sur une course de 24 H. Les rares fois où il y a eu des teams privés, c'était soit des teams comme le GMT 94 qui est privé mais avec de gros moyens, des ateliers et l'appui d'un importateur, soit un gros concessionnaire avec les moyens de la concession un peu comme la National moto. Je n'ai encore jamais vu dans l'histoire de l'endurance depuis 10 ans, un team faire ça avec des bénévoles qui font ça sur leurs congés, qui vont chercher leur budget…


Ca doit être beaucoup d'émotion ?


Oui effectivement, j'ai encore du mal à réaliser car on a livré une bataille comme des forcenés toute la nuit avec des rebondissements. On a eu quelques ennuis, on a livré une belle bataille avec la 41 et puis on a eu des ennuis mécaniques à 10 minutes de la fin. Il y avait un suspense incroyable. Pour nous, ce sont des émotions que nous n'avions encore jamais vécues depuis que l'on existe. Nous avions eux de grosses émotions avec la 4e place mais lorsque nous avons appris, en même temps que tout le monde, que la 63 avait une pénalité, on est resté sur le cul et ça a couronné le tout.


Bol d'or - Team 18 : le week-end de course


Pour repartir du début du week-end, comment se sont déroulés vos premiers essais libres ?


Ils se sont bien passés. La machine était saine et on en était content. Mais au fur et à mesure que les temps sont descendus, nous avons commencé à avoir des difficultés. D'une part avec un étrier de frein qui nous a un peu embêté et d'autre part les pilotes se plaignaient du châssis. Nous n'arrivions pas à trouver un bon équilibre pneus, suspensions, châssis.


Avez-vous réussi à régler la machine avant les qualifications ?


Il a fallu un gros travail de l'équipe technique et nous avons décidé d'utiliser la 1ère séance qualificative en séance d'essai libre. Cela nous a donné une séance de travail supplémentaire pendant laquelle nous avons bien fait évoluer la machine. A l'issue de la première qualification, nous étions à la 25e place. Ca a étonné beaucoup de gens qui sont venus nous voir pour savoir si on avait eu des problèmes. C'était la bonne technique car on savait qu'il ferait beau le lendemain et nous avons réussi à faire une bonne machine.


Quelle place obtenez vous finalement sur la grille ?


Il y a eu la séance de nuit où nous avons roulé plus vite que lors de la séance de qualif. Ca a continué à en surprendre plus d'un. Et puis le lendemain, la 2e séance qualif a permis de confirmer notre statut actuel puisque nous avons pris le 13e temps. On a déjà pu gouter au plaisir de voir des gens comme Phase One ou Bolliger derrière nous à la régulière. Habituellement, ils sont devant. En Espagne, nous avions confirmé ce que l'on avait fait en Allemagne mais là, on a confirmé définitivement, si temps est qu'il y en avait encore besoin, qu'on fait partie des bonnes équipes du plateau. Ca récompense tout le travail fait par le staff technique, par les pilotes. Maintenant on est un peu plus serein.


Bol d'or - Team 18 : le week-end de course


Le début de course a été mouvementé avec la très lourde chute du Junior team et de National Moto. Comment vous en êtes vous sorti ?


Effectivement, on a tout de suite vu que ça pouvait être grave pour Emeric Jonchière. Nous n'avons pas été impliqué et notre pilote a pu éviter tout ce qui trainait sur la piste. On a tout de suite fait de bons relais en remontant rapidement 6e. Place à laquelle nous sommes restés très longtemps. Une bataille a commencé à se dessiner entre nous et la moto du RAC 41. Une fois nous devant, une fois eux et ainsi de suite. Il faut dire que sur le papier, ils ont des pilotes très rapide puisqu'ils ont fini à la 8e position de la superpôle donc ça roule très vite. On sait qu'on a une plus grande expérience des courses d'endurance et qu'il ne suffit pas d'aligner des bons chronos, c'est un tout. On savait que ça allait être dur mais il y a les faits de course qui peuvent arriver.


Puis certains top team ont connu des problèmes ?


Effectivement, au petit matin, ca a commencé à s'éclaircir un peu devant avec l'abandon du GMT ou la surchauffe du Yart. On passe donc 5e toujours en bataille avec la 41. Malheureusement, j'avais dû rendre un peu la main en terme de stratégie dans la nuit à cause d'une surconsommation d'essence. D'entrée de jeu, j'avais essayé d'être agressif en termes de stratégie conformément à ce que j'ai testé sur les 2 courses de 8H. Mais dans la nuit, je me suis aperçu de cette surconsommation donc j'ai dû rendre la main ce qui a profité à la 41. J'ai commencé à avoir un gros dilemme car soit je prenais encore plus de risques soit j'essayai d'assurer la 6e place qui était très bien et nous avions besoin de marquer des points pour le championnat. J'ai choisit la 2nd solution car il y avait trop d'enjeux : nous avions besoin de nous rassurer sur une grande course. J'avais acquis 30 minutes d'avance sur mon plan de course donc je me suis dis tant pis, je ne vais pas chercher le relai de moins alors que mathématiquement parlant, je pouvais aller en chercher 1 ou 2 mais j'ai assuré en gardant ces 30 minutes d'avance.


Après coup, il s'avère que c'était le bon choix puisque vous avez commencé à avoir des problèmes. De quels ordres étaient-ils ?


Effectivement j'ai eu raison de le faire car on a commencé à avoir quelques problèmes : une vis qui s'en va par ci par là ou un tuyau de dégazage qui se perce juste à la sortie du réservoir. Cela a eu pour conséquence d'asperger la visière des pilote tout de suite au départ du relai de 28 tours. Partir avec une visière et une bulle maculées d'essence n'est pas vraiment une bonne condition pour rouler car c'était très gênant. Ils ont dû aussi rendre un peu la main car il nous a fallu 2 relais pour régler le souci. Le premier pilote nous a identifié le problème et le second, on a laissé faire son relai car ce n'était pas urgent. Le réservoir ce vidant, au bout de 10 tours, il n'y avait plus le phénomène même si Stéphane a mangé pas mal d'essence. Et puis on a commencé à voir que le bas du moteur était gras donc on s'est dis qu'il devait y avoir un suintement d'huile quelque part. Nous avons surveillé le niveau d'huile en faisant attention que ça n'aille pas sur le pneu. Il restait 5h de course.


Bol d'or - Team 18 : le week-end de course


Ce produit ensuite le problème de la Yamaha n°7


Nous étions toujours en bagarre avec la 41 mais avec tous nos petits problèmes, nous étions un peu plus loin. Ils s'étaient mis dans un bon rythme au retour du jour et ils possédaient 50 secondes sur nous. Je me creusais bien la tête pour savoir comment, à la régulière, on pouvait les avoir. Je ne voyais pas mes pilotes aller plus vite qu'eux. Mathématiquement, c'était difficile mais il restait 5 H et beaucoup de choses pouvaient encore arriver. J'ai décidé de nous mettre dans la position du chasseur en essayant de croquer le peu de seconde que je pouvais. S'ils font la moindre erreur, on est là. J'ai donc passé la consigne aux pilotes, au moment où Jérôme a pris le guidon. Il est tombé en même temps que leur pilote qui était moins rapide et il y avait une grosse différence entre eux 2. Je me suis dis qu'on pouvait prendre un ascendant psychologique à ce moment là car voir une moto fondre sur toi à raison de 2 s au tour, c'est énorme. Jérôme a aligné d'énormes chronos et ça a commencé à mettre le doute à la 41 car on a repris pas mal de temps en un relai. David a enchainé un très très bon relai et on s'est rapproché beaucoup. Et puis il y au un petit coup de pouce du destin.


Que s'est il passé pour la 41 ?


Elle est rentrée pour une panne de shifter cassé. Ils ont pris une option de réparation qui a nécessité une intervention sur le shifter qui leur a fait perdre pas mal de temps. Au final, nous sommes passés 4e avec 3 tours d'avance. On s'est dit "c'est fait" puisqu'il restait une seule heure de course. On est resté vigilant et j'ai demandé au pilote de rouler régulier en 47 pour maintenir l'écart. J'étais confiant car je connais la valeur de mes pilotes.


Mais le suspense reprend puisque la machine connaît un problème d'huile ?


Alors qu'on avait 40 partenaires dans le stand, et toute une foule de média, commissaires et au moment où l'on passe sur Orange TV en direct, le speaker annonce, à 10 ou 12 minutes de la fin, que la 18 est fumante sur la piste dû probablement à une grosse fuite d'huile et que la direction de course présente le drapeau noir à rond orange. Là, je me suis dit, c'est mort tout est fini.


Que signifie ce drapeau noir à rond orange ?


Ce drapeau est typiquement sortie quant tu as une fuite d'huile sur une machine. Pour éviter que tu ne mettes de l'huile partout, ils ne te mettent pas le drapeau noir d'exclusion qui te permet de rentrer au bout de 3 tours, ils te sortent ce drapeau. Il indique au pilote qu'il doit sortir de la piste au 1er poste de commissaire où il voit le drapeau sachant que ce drapeau est montré simultanément à tous les postes de commissaires avec le numéro de la machine concernée. Le pilote peut ensuite rejoindre les stands par les voix de sécurité. Si le raccourci est fait pour être pris dans le sens du circuit, tu peux utiliser le moteur pour revenir, si c'est dans le sens inverse, tu dois revenir moteur éteint à la poussette.


Donc à ce moment là, je ne sais pas où est la moto. Il y a à peu près 30 postes de commissaire donc la probabilité pour que la moto soit au poste de commissaire de la voie d'entrer des stands est très faible. Là, tout s'écroule car il faut 1, qu'on est cette chance là, et 2 qu'on puisse réparer et faire repartir la moto avant le drapeau à damier sinon, c'est l'abandon.


Et là, 2nd coup de pouce du destin, j'entends le speaker annoncer que la 18 est à l'entrée des stands. Je me précipite en dehors du stand et je vois mon Jérôme arriver avec une moto fumante. Tu aurais vu l'image d'anthologie. On se croirait dans un film américain ou une météorite arrive sur la terre et un bonhomme doit se sacrifier pour sauver la planète. On croit qu'il est mort et il sort du panache de fumée. Et bien là, c'était pareil.


Bol d'or - Team 18 : le week-end de course


Que ce passe t-il ensuite ?


Jérôme entre dans le stand avec la foule de commissaire dont les commissaires techniques qui m'annonce que si je répare et qu'ils constatent qu'il n'y a plus de fuite, la moto peut repartir. Mon sang ne fait qu'un tour : j'ai hurlé de démonter le sabot, de trouver la fuite ce que le staff a fait très rapidement. C'était en fait une vis de carter qui s'est barrée. Je pense que la vis commençait à se dévisser ce qui a provoqué le suintement. Sauf que quand tu roules, tu ne le vois pas et quand le moteur est éteint non plus donc on ne s'en est pas aperçu. A la suite du changement de vis et de sabot, les commissaires nous ont validé l'entrée en piste.


Il reste alors 5 minutes de courses. Combien de temps vous a pris cette manœuvre ?


La moto est ressortie dans une clameur impressionnante. Ensuite, il faut attendre le passage des transpondeurs pour savoir où est la moto. Toute l'équipe était devant les écrans pour savoir si sur les 3 tours, il nous restait encore un peu d'avance. La 18 sort et la 41 est passé 10 secondes après. Hurlement dans le stand, on aurait dit qu'on avait gagné la coupe du monde. J'ai tout de suite réagit qu'il fallait panneauter Jérôme parce que sur la 41, il n'allait pas faire semblant.


Un Albacete bis reprend donc ?


Exactement. Je suis allé dans la cabine de chronométrage pour refaire un Albacete bis et j'ai panneauté Jérôme par rapport à la 41. Ca a été une belle bataille de chiffonniers jusqu'au drapeau à damier avec également la consigne de rester derrière la moto de tête pour ne pas avoir à faire un tour de plus. Parce qu'il suffit qu'il se passe un truc et se serait la catastrophe. Mais Jérôme a bien pensé à ça et il a fait 3 tours en réussissant à reprendre quelques secondes à la 41. Du coup on termine 4e. C'est l'explosion de joie, un truc hallucinant car le final était très chaud. Nous n'avions jamais vécu ça.


A quel moment apprends tu que la 18 se classe finalement 3e ?


Nous avons plié le stand et nous étions à la remise des prix. Là un journaliste vient me voir et me dit « alors vous êtes content ? » Je lui réponds qu'on était aux anges, que c'est extraordinaire etc. Et là, il me dit « non, je crois que tu n'a pas le bon classement » et il me sort le truc officiel : le classement après révision du jury. Il est vrai qu'on se doutait qu'il se passait un truc parce qu'on a eu la cérémonie qu'à partir de 19h15 alors que depuis 18 h on attendait. Donc pénalité à la 63 de 40 tours ce qui nous permet de prendre la 3e place. Malheureusement nous n'avons pas fait le podium devant le public mais j'espère que les médias seront rétablir la vérité. Nous n'avons pas encore réalisé. J'espère que ça va marquer les esprits.


Grâce à cette superbe 3e place, vous êtes 2e du championnat du monde. C'est encore une belle récompense. Il reste maintenant 1 seule course, la place de vice champion du monde est t'elle envisageable pour le team 18 ?


Au mondial, on est 2 e ex-æquo avec le SERT et le RT racing Team. Le SERT est devant nous parce que c'est au nombre de victoire puis au nombre de 2e place etc. Il ne reste plus que la course de Doha donc si on n'abandonne pas et que l'on finit devant le RT, on peut prendre cette seconde place. Et il ne faut pas oublier le Bolliger qui est à 5 points.


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