La garde à vue de Carlos Ghosn prolongée - Les infos en continu
Florent Ferrière , mis à jour
Incarcéré depuis le 19 novembre au Japon, Carlos Ghosn doit répondre de malversations présumées. Il a été révoqué de son poste de président de Nissan, puis de celui de Mitsubishi. En France, Thierry Bolloré assure la direction par intérim.
Ce qu'il faut savoir sur l'affaire Ghosn
> Nissan a confirmé que Carlos Ghosn a pendant de nombreuses années déclaré des revenus inférieurs au montant réel. De plus, il a utilisé des biens de l'entreprise à des fins personnelles.
> Soupçonné de fraude fiscale, Ghosn a été entendu par la justice et a été placé en garde à vue.
> Le conseil d'administration de Nissan a voté la révocation de Carlos Ghosn, qui perd son poste de président de la marque japonaise.
> A titre provisoire, le conseil d'administration de Renault nomme Thierry Bolloré Directeur Général délégué.
Mise à jour du 30 novembre, 10h30 > Sans surprise, le tribunal de Tokyo a approuvé la seconde prolongation de la garde à vue de Carlos Ghosn, pour une nouvelle période de 10 jours, soit jusqu'au 10 décembre. A l'issue de cette période, le patron sera inculpé ou libéré.
L'Alliance a de son côté fait savoir qu'elle ne nommait pas de patron par intérim.
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Mise à jour du 29 novembre 11h30 > Les membres de l'Alliance ont publié un bref communiqué en commun. "De manière unanime et avec conviction, les conseils d’administration du Groupe Renault, de Nissan Motor et de Mitsubishi Motors Corporation ont réaffirmé, ces derniers jours, leur profond attachement à l’Alliance. Depuis deux décennies, la réussite de l’Alliance est inégalée. Nous restons pleinement engagés pour l’Alliance". Toujours pas de prise de position donc sur le maintien de Ghosn à la tête de l'Alliance.
> Au Japon, le parquet de Tokyo souhaite prolonger à nouveau la détention de Carlos Ghosn. La première prolongation de 10 jours prend fin vendredi. Le parquet peut ajouter jusqu'à 10 jours supplémentaires. Ensuite, il devra décider de l'inculper ou de le libérer.
> Ce matin, nos confrères d'Europe 1 ont ressorti un document très intéressant. Lors d'une conférence donnée en novembre 2017 dans une école parisienne, un journaliste d'Europe 1 lui avait demandé son avis sur l'optimisation fiscale. Le dirigeant avait reconnu que le rôle d'un PDG, "c’est d’optimiser l’activité pour ses actionnaires. C’est son devoir ! S’il ne fait pas, il est viré".
Il avait insisté sur le respect des lois : "Pour moi, le respect des règles est indispensable à la pérennité de l’entreprise". Plus fort encore, il avait déclaré : "le jour où vous vous faites prendre en faisant quelque chose de mal, c’est un choc gigantesque pour l’entreprise." Ghosn avait expliqué qu'il n'était pas possible de construire un montage financier sans mettre dans la confidence plusieurs membres de la direction de l'entreprise.
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Mise à jour du 28 novembre, 9h00 > Sur LCI, Bruno Le Maire a déclaré que le directeur général de Renault doit rester patron de l'Alliance : "Dans la gouvernance, il est prévu que le directeur général de Renault soit le président de l'Alliance. Cette règle ne doit pas changer". Le ministre de l'Economie ne souhaite pas de changement dans les participations croisées (Renault détient 43,4 % de Nissan, Nissan détient 15 % de Renault, à part égale avec l'Etat).
Voilà qui prouve à nouveau à quel point les prochaines semaines, les prochains mois, s'annoncent décisifs pour l'avenir de l'Alliance, car du côté de Nissan, on souhaite un rééquilibrage et une redistribution des pouvoirs. Les hauts responsables de l'Alliance (ils sont dix, 5 nommés par Renault, 5 nommés par Nissan) doivent se réunir cette semaine. Le rendez-vous était fixé avant que l'affaire éclate. On imagine que l'avenir de l'Alliance et le sort de Ghosn domineront les discussions.
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Mise à jour du 26 novembre, 11h30 > Ghosn révoqué par Mitsubishi. Carlos Ghosn était aussi président du conseil d'administration de Mitsubishi, Nissan étant devenu le principal actionnaire. Le conseil d'administration du troisième groupe de l'Alliance vient de le révoquer, avec un vote à l'unanimité de ses sept membres, dont le dirigeant exécutif Osamu Masuko. Ce dernier va prendre la présidence.
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Mise à jour du 25 novembre, 16h > Au micro de BFM TV, Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, a indiqué que la gouvernance provisoire de Renault avait lancé un audit interne, "à la fois sur les questions de rémunération et les questions d’abus de bien social", afin de vérifier si tout est en règle du côté français. Il a précisé que l'audit avait été mis en oeuvre avec l'accord du gouvernement et prendra plusieurs jours.
Mise à jour du 25 novembre, 11h > Selon la télévision publique japonaise NHK, Carlos Ghosn aurait démenti les accusations de fraudes fiscales pesant contre lui. Il aurait déclaré aux enquêteurs n'avoir jamais eu l'intention de dissimuler une partie de ses revenus au fisc. NHK ne donne pas plus de précision.
Greg Kelly, ex-administrateur de Nissan, lui aussi arrêté dans le cadre de cette affaire, aurait déclaré selon NHK : "La rémunération de l’ancien président faisait l’objet de discussions avec les responsables du service approprié et elle était versée comme il convient que ce soit fait. Je ne me contentais pas d’obéir aux ordres de l’ex-président, je travaillais pour le bien de l’entreprise."
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A lire : notre enquête sur Ghosn, "lumières et ombres".
Mise à jour du 23 novembre, 15 heures > Sur son compte Twitter, le Groupe Renault publie un message vidéo de Thierry Bolloré, qui assure l'intérim de Carlos Ghosn en prenant la direction exécutive du groupe Renault. Une intervention destinée à rassurer les troupes au moment où Renault traverse l'une des plus graves crises de son histoire: "dans cette situation particulière, je veux que vous sachiez que votre groupe est parfaitement organisé pour assurer la continuité de l'entreprise", déclare notamment le dirigeant. "Je veillerai à garantir cette stabilité et à garder le cap sur nos missions: préserver les intérêts du Groupe Renault et la pérennité de l'Alliance."
Thierry Bolloré, DG Délégué: "Je veillerai à garder le cap sur nos missions : préserver les intérêts du Groupe #Renault et la pérennité de l’@Alliance2022. A nos collaborateurs, clients & partenaires, je tiens à vous dire que vous pouvez compter sur mon engagement total." pic.twitter.com/6SGhxv20KQ
— Groupe Renault (@Groupe_Renault) 22 novembre 2018
Mise à jour 22 novembre, 13h00 > Sans surprise, le conseil d'administration de Nissan a voté la révocation de Carlos Ghosn de son poste de président.
Nissan a assuré que rien ne change pour l'Alliance.
Mise à jour 22 novembre, 9h00 > En France, un actionnaire a porté plainte contre X pour "abus de bien social" et "diffusion de fausse information au marché".
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Mise à jour 21 novembre, 8h00 > Le Conseil d’administration du Groupe Renault a mis en place "des mesures de gouvernance provisoires". Thierry Bolloré prend temporairement les pouvoirs de Carlos Ghosn. > Plus d'informations
Au Japon, le tribunal de Tokyo a décidé de prolonger la garde à vue de Ghosn de 10 jours.
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Mise à jour 20 novembre, 16h30. Renault communique à nouveau. Pour l'instant, pas de mise en retrait temporaire de Carlos Ghosn, mais la marque rappelle la présence de Thierry Bolloré, directeur général adjoint, pour faire tourner le groupe.
"Thierry Bolloré, Directeur Général adjoint du Groupe Renault, est plus particulièrement en charge de la continuité du Comité Exécutif du Groupe Renault, en liaison permanente avec le Conseil d’Administration du Groupe Renault, l’Administrateur Référent et les Comités du Conseil. Toutes les procédures de gouvernance sont opérationnelles, permettant au Groupe Renault de poursuivre le cours normal de son activité industrielle et commerciale".
Le groupe se dit "particulièrement vigilant à poursuivre la consolidation de l’Alliance Renault Nissan Mitsubishi." Un Conseil d’Administration se réunira dans la soirée.
A lire sur Caradisiac - Notre Interview de l'universitaire Bernard Jullien, un des observateurs les plus avisés de l'industrie automobile française : « L’Alliance ne disparaîtra pas ! »
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Mise à jour 20 novembre, 9h45 - Bruno le Maire, ministre de l'Economie, était invité ce matin de France Info. Il a indiqué que l'Etat souhaite la mise en place pour le groupe Renault d'une gouvernance intérimaire, car Ghosn n'est "plus en état de diriger". Mais le ministre a précisé qu'il n'était pas question de demander sa destitution car "nous n'avons pas de preuve" d'une fraude fiscale en France. A l'annonce de l'arrestation de Carlos Ghosn, "nous avons avec Gérald Darmanin demandé à nos services de vérifier la situation fiscale de Carlos Ghosn en France". Or "il n'y a rien de particulier à signaler".
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Mise à jour 20 novembre, 8h00 - Le parquet de Tokyo a confirmé la garde à vue de Ghosn, pour des soupçons de dissimulation de revenus. Dans un communiqué, le parquet dit que Ghosn "a conspiré pour minimiser sa rétribution à cinq reprises entre juin 2011 et juin 2015".
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Mise à jour 18h15 - L'action du groupe Renault a terminé la journée en baisse de 8,43 %, à 59,06 €.
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Mise à jour 17h30 - Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, indique qu'il va recevoir "prochainement les principaux administrateurs de l'entreprise Renault pour examiner avec eux toutes les décisions que le conseil de Renault pourrait être amené à prendre dans les jours ou dans les semaines qui viennent". L'Etat détient 15 % de Renault. Cette année, il avait demandé à Ghosn de faire un mandat de plus à la tête de Renault pour continuer à travailler au renforcement de l'Alliance.
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Mise à jour 16h30 - Notre journaliste Michel Holtz se projette dans les semaines qui vont suivre en analysant les éventuelles conséquences de l’audition de Carlos Ghosn. Pourra-t-il rester président de Renault ? Que va devenir l’Alliance Renault-Nissan ? Lire l’analyse de Caradisiac.
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Mise à jour 15h45 - Première réaction de Renault. Le Losange a publié un communiqué laconique, indiquant que le conseil d'administration va se réunir "au plus vite". Pas de décision sur une éventuelle mise à l'écart de Ghosn pour l'instant donc. L'action reste en forte baisse, à - 9 % à 16 heures.
"Philippe Lagayette, Administrateur référent de Renault, en liaison avec les Présidents des Comités du Conseil d’Administration, Marie-Annick Darmaillac et Patrick Thomas ont pris connaissance du communiqué diffusé ce jour par Nissan.
Dans l’attente d’informations précises émanant de Carlos Ghosn, Président-Directeur Général de l’entreprise, les Administrateurs consultés expriment leur attachement à la défense de l’intérêt du groupe Renault dans l’Alliance. Le Conseil d’Administration de Renault se réunira au plus vite".
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Mise à jour 15h - Lors d'une conférence de presse organisée en urgence, le PDG de Nissan, Hiroto Saikawa, a indiqué que le conseil d'administration votera jeudi sur le limogeage de Ghosn. Pour lui, l'Alliance entre les groupes Renault, Nissan et Mitsubishi "ne sera pas affectée par cet événement". Mais il a reconnu que le Losange sera impacté.
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Mise à jour 13h40 - Du côté de Renault, c'est toujours le silence radio, aucune réaction officielle. À 13h40, l'action était toujours en fort recul, - 10,39 %. Cette affaire aura forcément des conséquences sur la direction du Losange. Cette année, Thierry Bolloré est devenu numéro 2 du groupe, dans les starting-blocks pour prendre la relève. Il pourrait être numéro 1 plus vite que prévu.
Lors de son déplacement à Bruxelles, Emmanuel Macron a déclaré que l’Etat français, actionnaire de Renault, serait "extrêmement vigilant" à "la stabilité" du constructeur automobile et à l’avenir de son alliance avec Nissan.
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Mise à jour 12h45 - Selon les informations de l'agence de presse japonaise Jiji, Carlos Ghosn aurait sous-évalué de cinq milliards de yens, soit quasiment 39 millions d'euros sa rémunération, qui s'élevait à près de 10 milliards. D'après l'agence de presse Kyodo, cette pratique a commencé en 2011 et a duré plus de cinq ans.
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Mise à jour 11h30 - Nissan vient de confirmer que Carlos Ghosn a "pendant de nombreuses années déclaré des revenus inférieurs au montant réel". De plus, après une enquête en interne, le constructeur a découvert "de nombreuses autres malversations ", comme "l'utilisation de biens de l'entreprise à des fins personnelles".
Sur la période 2016-2017, les actionnaires du groupe Nissan avaient approuvé une rémunération de 8,8 millions d'euros pour son poste de PDG, un poste qu'il a quitté au printemps 2017 pour mieux se concentrer sur l'Alliance. Il était resté président du conseil d'administration. Nissan souhaite le voir démissionner rapidement. Selon NHK, la chaîne de télévision publique, le siège de Nissan à Yokohama a été perquisitionné dans la soirée.
Parmi ses autres fonctions, Ghosn est PDG du groupe Renault, PDG de l'Alliance et président du conseil d'administration de Mitsubishi Motors.
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19 novembre, 11h15 - Les informations qui nous parviennent du Japon sont encore assez floues. Selon le site internet du quotidien Asahi Shimbun, relayé par l'AFP, le parquet de Tokyo a demandé à Carlos Ghosn "de se rendre volontairement dans ses locaux pour des soupçons de violation de la loi".
Selon le journal, qui cite des sources proches de l'enquête, "il est soupçonné de ne pas avoir déclaré la totalité de ses revenus". Le PDG de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi aurait été interrogé et pourrait être arrêté dans la foulée.
Ces nouvelles ont un effet en France sur l'action Renault, qui dégringole. Alors qu'elle était déjà en baisse de 7,3 % à 10h40, elle chute de 13,8 % à l'heure où nous écrivons ces lignes.
Nissan a indiqué qu'un point presse serait bientôt organisé au Japon.
Plus d'informations à suivre.
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