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Carlos Ghosn va-t-il vraiment lâcher les rênes de Renault ?

Dans Economie / Politique / Industrie

Florent Ferrière

En février, le conseil d'administration de Renault doit désigner un successeur à Carlos Ghosn. Mais celui-ci ne va pas beaucoup s'éloigner de la direction du Losange. 

Carlos Ghosn va-t-il vraiment lâcher les rênes de Renault ?

Carlos Ghosn arrive à la fin de son mandat. Comme nous l'évoquions fin décembre, la recherche d'un successeur est lancée, priorité étant donnée à un recrutement interne pour assurer une continuité, Renault se portant bien. Le Losange n'a donc pas besoin d'un électrochoc à sa tête, comme c'était le cas lorsque Carlos Tavares a pris les commandes de PSA en 2014.

Mais Carlos Ghosn va-t-il laisser sa place ? Alors que les choses semblaient actées, il a tout de même laissé planer le doute lors d'une interview donnée ce matin à RTL en marge du forum de Davos. Celui qui est encore PDG a déclaré "Quand vous arrivez à la fin d'un mandat, votre question c'est un nouveau mandat, pour quoi faire ?".

Il a précisé que cela dépendait de la feuille de route, laissant alors entendre qu'il était prêt à continuer. "S'il y a accord sur la feuille de route, évidemment. Par contre, s'il y a des écarts sur la feuille de route, il n'y a aucune obligation de continuer". Il a néanmoins botté en touche au moment de dire s'il était clairement candidat à sa propre succession, indiquant "vous le saurez dans trois semaines", à l'occasion du prochain conseil d'administration.

Carlos Ghosn va-t-il continuer à cumuler ? Il y a encore un an, il était en même temps dirigeant de Renault, de Nissan et de l'Alliance. Mais l'homme se défend d'être assoiffé de pouvoir. La semaine dernière, lors d'un passage à l'Assemblée Nationale devant la Commission des finances et Commission des Affaires Économiques, il a balayé ce genre d'accusation, expliquant d'ailleurs que c'est une situation peu enviable : "Quand vous avez trois entreprises, vous avez une crise tout le temps, il y a toujours quelque chose qui ne va pas quelque part".

D'ailleurs, il a indiqué avoir lui même "recommandé de ne plus mettre qui que ce soit dans une situation comme ça", se justifiant de l'avoir fait à un moment de l'histoire de l'Alliance "pour consolider cette Alliance", promettant alors face aux députés des évolutions en matière de gouvernance, avec "des responsabilités de Renault, des responsabilités de Nissan et des responsabilités de Mitsubishi séparées".

L'homme semble donc prêt à prendre ses distances. D'ailleurs, il avait enclenché le mouvement début 2017, en quittant le poste de PDG de Nissan. Mais Ghosn est resté président du conseil d'administration du constructeur japonais, un poste qu'il occupe aussi pour Mitsubishi depuis 2016 et pour Renault. Son pas en arrière va être petit. L'idée en gestation serait de séparer les fonctions de Président et de Directeur Général, Ghosn comptant garder la première. Surtout, il n'a pas l'intention de céder les rênes de l'Alliance, alors que celle-ci vient de prendre la place de premier constructeur automobile mondial.

Si Ghosn doit donc ne plus être PDG de Renault, il restera très proche de la gestion du Losange, et donc très influent. Le nouveau directeur général va-t-il en souffrir ? On se souvent de Carlos Tavares. En 2011, il était devenu numéro 2 de Renault, à une époque où l'on reprochait déjà à Ghosn de trop cumuler et de ne pas prendre le temps de bien gérer le Losange, alors en difficulté. Compétent et apprécié, Tavares n'a pas hésité à afficher ses ambitions alors qu'un mandat de Ghosn arrivait à échéance en 2014. Comprenant que Ghosn ne laisserait pas sa place, et que l'avenir pour lui était donc bouché chez Renault, il est parti et a fini à la tête de PSA, qu'il a sauvé de la faillite !

Le prochain DG de Renault doit-il craindre un avenir semblable, avec un rôle figuratif ? Ce ne sera pas facile pour lui de s'affirmer, car la feuille de route de Renault est fixée pour les cinq années à venir, suite à la présentation fin 2017 du plan "Drive the Future". Imposer une idée nouvelle ne sera pas simple. Peut-être que ce nouveau DG sera celui qui fera émerger une marque premium dans le groupe, Carlos Ghosn ayant clairement positionné Alpine comme sportif et non pas comme premium. Et la renaissance d'Alpine doit beaucoup (si ce n'est pas tout) à un certain Carlos Tavares.

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