Comment ça va à 80 km/h ?
Bientôt deux mois que la mesure est appliquée et il faut reconnaître que l'on a bien ralenti sur la route. A croire que ceux qui ne respectaient pas le 90 ont adopté le 80. Durablement ?
Deux flashs en deux mois et 3 000 km en auto et à moto, j'aurai versé mon écot à la multiplication par deux du nombre de PV d'excès de vitesse. Depuis des années, mon score estival s'établissait à une unique prune.
Personnellement, ce n'est pas le 80 qui me gêne. Ce sont les portions à 70 ou 90 qui les encadrent. De quoi devenir dingue, même en étant un maniaque du limiteur de vitesse dont je pratique désormais davantage le bitonio que la pédale d'embrayage.
Auparavant, on y allait par tranche de 20 km/h : 70 ou 90... On ralentissait, on accélérait. Aujourd'hui, sur la route, entre 70, 80 et 90 on décélérote, on accélèrote, on contracte puis on relâche un rien le troisième orteil, un œil sur le compteur, l'autre sur l'écran du limiteur. Ce n'est plus de la limitation de vitesse, c'est de l'épicerie fine. Plus d'une fois, concentré sur l'aiguille rouge, j'ai frôlé le bas côté ou débordé sur la voie de gauche. Et deux fois donc, j'ai mal géré le machin.
70, 80, 90 km/h au bout de l'orteil
Sur les grosses départementales du sud-ouest, ce sont les portions à trois voies qui régulièrement invitent à retâter brièvement du défunt 90 km/h. Le temps de dire ouf, de dépasser un camion et il faut revenir à 80. Au risque d'oublier et de se faire flasher deux kilomètres plus loin, expérience vécue. Je décline désormais la proposition : puisqu'il faut rouler à 80, roulons à 80, coude à la portière, que l'on dispose de deux voies ou d'une seule.
Sur le littoral breton, ce sont les innombrables tronçons depuis longtemps et à juste raison limités à 70 qui deviennent insupportables avec l'instauration du 80. On aurait pu y faire l'économie de nombreux panneaux en y appliquant partout la nouvelle limite.
Le festival du dépassement
Ce que j'ai aussi constaté, même si globalement le flux moyen a considérablement ralenti, c'est la nette augmentation du nombre de dépassements sur le réseau secondaire, les petites routes où la présence des gendarmes est improbable, il y a désormais, en proportion variable, deux catégories bien distinctes de conducteurs, celle qui pratique le 80 et celle qui ne respecte pas même l'ancien 90. Et aussi, un peu partout, ceux qui mégotent à 70-75 km/h compteur pour parer à tout débordement et ceux -dont de nombreux chauffeurs de poids lourds- qui croisent, légalement ou presque, à 80 ou 82 au GPS, ce qui fait bien 10 à 15 km/h de différence entre les uns et les autres. Là où on se filait gentiment le train à un petit 100 compteur, on déboite maintenant ceux qui lambinent réglementairement. Sur les RD, c'est le festival du dépassement et j'ai plus d'une fois serré les fesses en voyant débouler pleine face la camionnette de l'artisan pressé - il travaille, lui ! - déboîtant à fond de 3e la famille de vacanciers traînassant dans le paysage.
Un réseau impossible à surveiller
Est-ce pour cela que le premier mois d'application montre un résultat décevant ? Même s'il est bien trop tôt pour tirer un bilan, le mois de juillet n'a vu qu'une baisse de 5,5 % de la mortalité routière alors que mai et juin qui précédaient l'instauration du 80 km/h avaient connu de spectaculaires diminutions de 8 et 9 %.
Certes, celles-ci sont vraisemblablement dues à l'effet d'annonce de la nouvelle limitation et à la médiatisation des débats et manifestations qui l'ont accompagnée.
Certes, les motards (et les cyclistes) auraient gâché la fête avec, sans plus de précisions officielles, "le pire bilan depuis 5 ans", lequel masquerait les gros progrès enregistrés du côté des automobilistes.
Mais derrière ces explications, une réalité un peu oubliée : le réseau routier français est impossible à "fliquer" avec son million de kilomètres de départementales et vicinales. Et c'est là qu'on se tue, notamment les motards adeptes des petites routes sans gendarmes.
D'ailleurs, ce n'est pas à moto, mais en voiture que j'ai "attrapé" mes deux PV, sur des routes à grande circulation où je veillais scrupuleusement - mais pas sans étourderie - à respecter le 80 km/h. J'ai fait autant de kilomètres à moto sur de petites routes bien plus amusantes, sans guère observer mon compteur ni les limitations ni jamais croiser un radar ou des jumelles.
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