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Comment les Allemands tentent de reprendre la main en Chine

Dans Economie / Politique / Industrie

Michel Holtz

Ils étaient les rois du pétrole, mais la triplette allemande (BMW, Mercedes et Volkswagen) voit le marché de l'Empire du Milieu lui échapper aux profits des marques locales. Sauf qu'il est hors de question de laisser filer un filon à 23 millions de voitures vendues chaque année. Alors, les constructeurs investissent à coups de milliards.

Comment les Allemands tentent de reprendre la main en Chine

Deux décennies. 20 ans que Volkswagen régnait sans partage sur l’Empire, ne laissant que des miettes aux marques locales. C’est fini, l’Allemand n’est plus le premier vendeur de voitures en Chine. L’an passé, Byd est passé devant. Un affront pour la vénérable maison de 93 ans, qui se fait damer le pion par un jeunot qui fabrique des autos depuis moins de vingt ans. Dans le classement des meilleures ventes, VW n’arrive qu’en neuvième position. Et encore, le groupe de Volfsburg arrive devant BMW et Mercedes.

Des parts de marché en baisse et une image vieillissante

Que s’est-il passé ? Comment les marques d’Outre-Rhin ont-elles réussi à ne plus détenir que 5 % des parts du marché local. Elles ont pourtant vendu plus de 4 millions de voitures là-bas l'an dernier. Sauf que les Allemandes vendues en Chine sont très majoritairement des thermiques, alors que le pays bascule dans l’électrique plus qu’aucun autre. Les autos à batterie devraient y représenter un tiers des ventes cette année. Des électriques 100 % chinoises pour la plupart d’entre elles. Du coup, les constructeurs de la vieille Europe passent pour des ringards justes bons à satisfaire quelques Chinois âgés (et plutôt fortunés) qui s’accrochent aux pétrolettes.

BMW, avec son partenaire local Brilliance, continue à miser sur la Chine, malgré des ventes en baisse.
BMW, avec son partenaire local Brilliance, continue à miser sur la Chine, malgré des ventes en baisse.

Pourtant, de VW à Mercedes en passant par BMW, les Allemands produisent aussi des électriques. Sauf que personne ne semble au courant de l’autre côté de la grande muraille. Alors il faut réagir avant qu’il ne soit trop tard. Volkswagen a ouvert le bal au mois d’avril en posant 1 milliard de dollars sur la table pour investir dans un centre de R & D sur place. Un centre qui, bien évidemment, sera entièrement destiné à la conception de futurs modèles électriques. BMW vient de surenchérir il y a quelques jours en dépensant 1,3 milliard de dollars pour fabriquer sur place un modèle électrique et la batterie qui va avec. Un modèle qui viendra s'intégrer dans sa nouvelle et future collection d'électriques baptisée "Neue Klasse" et qui devrait être commercialisé en 2026.

Les constructeurs pleurent, les équipementiers rient

Sauf que les effets de ces investissements ne se feront pas sentir avant trois ans, au minimum, sur le marché chinois. Et, malgré de lourdes campagnes de communication lancées d’ici là pour faire entendre aux Chinois que les Allemands existent, Byd et consorts risquent de creuser leur trou, et de piquer d’avantages de parts de marché encore. Une déconfiture européenne qui ne gêne pourtant pas outre mesure d’autres entreprises bien de chez nous : les équipementiers. Du côté de chez Bosch, Siemens et Valeo, c’est la fête. Les constructeurs chinois sont en passe de devenir leurs principaux clients, sans qu’ils ne soient nullement attachés à un quelconque sens du patriotisme européen. Cette manne chinoise dont ils profitent ? « C’est un simple rééquilibrage » explique Stefan Hartung, le boss de Bosch au journal Le Monde. Pas sûr que ses homologues de Volkswagen, BMW et Mercedes voient l’équilibre des forces exactement de la même manière que lui.

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