Crise des semi-conducteurs : l’affaire Nexperia tourne au vinaigre pour les constructeurs européens
Les constructeurs automobiles européens doivent affronter une nouvelle crise des semi-conducteurs. L'affaire Nexperia met sous tension les approvisionnements de puces électroniques. Derrière la fébrile bataille pour éviter l’arrêt des chaînes de montages, se dessinent les limites de la politique industrielle européenne.

Le pire n’est jamais sûr, mais il s’approche à grandes enjambées pour les constructeurs européens confrontés à une nouvelle pénurie de semi-conducteurs.
Depuis que le gouvernement batave a décidé, fin septembre, de reprendre le contrôle du fabricant de puces Nexperia à son propriétaire chinois pour des raisons de sécurité nationale (soupçons de transferts de technologies) Pékin a décidé par mesure de rétorsion de bloquer les exportations de puces électroniques de ses usines chinoises vers l’Europe.
Éviter la paralysie
Sur le terrain, la situation devient critique. Les lignes d’assemblage pourraient s’arrêter « d’ici quelques jours », alarme ce mercredi l’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA). Pour éviter le pire les constructeurs du Vieux Continent et la Commission européenne tentent fébrilement de désamorcer la crise. « Nos membres travaillent avec des stocks de réserve, mais les approvisionnements diminuent », prévient Sigrid de Vries, directrice générale de l’ACEA.
Chez Mercedes, le patron Ola Källenius cherche déjà, dans l’urgence, des fournisseurs alternatifs. Volkswagen, de son côté, affirme disposer encore de marges de manœuvre à court terme, tout en préparant des plans de repli. L’équipementier français Valeo a réussi à certifier des puces de substitution pour « 95 % de ses composants », quand Bosch reconnaît qu’« à moins d’un assouplissement rapide des restrictions, des ajustements temporaires de la production ne pourront être exclus. »
Médiation européenne
À Bruxelles, les diplomates multiplient les échanges. Une délégation chinoise est attendue ce vendredi dans la capitale européenne pour tenter d’apaiser les tensions. « L’objectif est de rétablir les flux commerciaux au plus vite », assure Olof Gill, porte-parole de la Commission. Mais aussi d’atténuer les tensions commerciales entre la Chine et l’Union européenne autour des matières premières critiques. Au-delà de la péripétie, l’affaire Nexperia met en évidence la dépendance structurelle de l’Europe aux technologies étrangères et la difficulté d’un continent à parler d’une seule voix.
Sortir du piège de la dépendance
Prise au piège, l’industrie automobile européenne se débat pour éviter la paralysie. Ces semi-conducteurs, souvent basiques mais indispensables, entrent dans tous les systèmes électroniques des véhicules : freins, tableaux de bord, transmissions, assistance à la conduite… Sans eux, aucune voiture ne sort des chaînes de montages.
Les constructeurs, eux, veulent croire qu’ils éviteront la panne sèche. « Nous devons apprendre à fonctionner dans un environnement instable », glisse un cadre du groupe Stellantis à Bloomberg. Beaucoup renforcent désormais leurs stocks stratégiques, d’autres relocalisent une partie de la production électronique, tandis que les équipementiers accélèrent leurs partenariats avec des fabricants européens comme STMicroelectronics ou Infineon.
La souveraineté industrielle en question
La question de la souveraineté industrielle se pose de nouveau. La pénurie actuelle agit comme un électrochoc : elle force constructeurs, gouvernements et institutions à se coordonner enfin, à diversifier leurs sources mais aussi à agir et investir dans une production locale.
Cette fois, il ne s’agit plus seulement d’éviter quelques arrêts de lignes, mais d’assurer une souveraineté technologique à l’Europe dans un monde de moins en moins ouvert.














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