Des youngtimers nerveuses : Peugeot 205 XS ou Renault 5 GTX ?
Pas réellement sportives mais vives et rapides, les 205 XS et R5 GTX procurent déjà un bel agrément de conduite, en plus de parler au cœur des fans de youngtimers. Mais entre ces deux françaises classées X, laquelle choisir ?

Comme tout le monde n’avait pas les moyens de s’offrir une 205 GTI ou une R5 GT Turbo (sans même parler du montant de leur prime d’assurance !), Peugeot et Renault ont développé des versions rapides mais moins sportives de leurs citadines à succès. Atteignant, voire dépassant les 180 km/h, les 205 XS et R5 GTX affichent une belle polyvalence, entre confort au quotidien et puissance quand on veut s’amuser.
Toutefois, celles-ci sont restées dans l’ombre de leurs glorieuses ainées, ce qui rejaillit à l’heure à l’actuelle sur leur cote, encore abordable. Ainsi, dès 4 000 €, on peut encore se faire plaisir avec l'une des deux rivales, aux caractères pourtant bien différents. Laquelle vous correspond-elle le plus ?
Les forces en présence

Peugeot 205 XS (1987 - 1992), berline 5 places, 3 portes, 4 cylindres, 1,4 l atmo, 85 ch, 820 kg, 178 km/h, à partir de 5 000 €.

Renault 5 GTX (1987 - 1991), berline 5 places, 3 - 5 portes, 4 cylindres, 1,7 l atmo, 90 ch, 825 kg, 184 km/h, à partir de 4 000 €.
Présentation : sportives tièdes mais citadines chaleureuses

Avec la Citroën BX lancé en 1982, la Peugeot 205, apparue en 1983, a largement contribué à sauver PSA d’une faillite probable. Dessinée avec talent par les designers emmenés par Gérard Welter (en particulier Gérard Godfroy), la 205 a été mise sur le marché en dépit de tests cliniques désastreux. Mais le patron de Peugeot croyait en elle, et il a eu raison puisqu’elle s’est rapidement hissée à la première marche du marché français.

Si, dès son lancement, la 205 a été proposée en version rapide, la GT (80 ch), elle attendu 1986 pour se décliner en XS, dotée du moteur XY8 de la GT, d’une carrosserie à 3 portes et d’une présentation rappelant celle de la GTI. Dès juillet 1987, les 205 bénéficient d’une grosse mise à jour, apportant un nouveau tableau de bord et surtout des mécaniques modernisées.
Remplaçant les blocs X (fabriqués à Douvrin), les TU, apparus sur la Citroën AX, gagnent nettement en économie et en puissance, le 1 360 cm3 de la XS passant à 85 ch. La boîte, nouvelle elle aussi (désormais séparée du carter moteur), tire plus court qu’auparavant, au bénéfice de la vivacité des reprises. Elle pointe à 178 km/h, et franchit les 100 km/h en 10,6 s.

Facturée 67 584 F en 1987, la 205 inclut le combiné d’instruments façon GTI (mais sans le mano de pression d’huile notamment), les sièges sport voire les projecteurs longue-portée mais facture les vitres électriques alliées à la fermeture centralisée… Ces éléments sont livrés en série à partir du léger restylage de l’été 1992, où le TU laisse la place à un 1,6 l XU à injection et catalyseur (89 ch). Auparavant, en 1990, la 205 a reçu des clignos "cristal" et des feux arrière façon 405. En 1993, la XS est retirée.

Au moment de remplacer la R5, on est un peu perplexe chez Renault. Ce modèle a remporté un succès incroyable, comment le rééditer ? Finalement, on décide de créer une nouvelle R5, au look rappelant celui de sa devancière, mais armée d’une technologie moderne. C’est Marcello Gandini qui est chargé du design (intérieur et extérieur), alors que techniquement, on récupère la plate-forme de la R9, en la raccourcissant. Dotée d’une mécanique transversale, la Super 5 est dévoilée fin 1984.

Si son succès mettra un peu de temps à se mettre place, la Renault finira par lutter contre la 205 de façon acharnée pour la 1ère place du marché français ! En 1987, comme sa rivale sochalienne, la Super 5 bénéficie d’un restylage, plus léger ici mais qui s’accompagne d’une nouvelle variante : la GTX. Sous son capot, elle accueille le gros moteur F de 1 721 cm3. Fort de 90 ch, il emmène la petite Renault à quelque 184 km/h (0 à 100 km/h en 9,9 s). Rapide !

Nantie d’une décoration sportive, la GTX bénéficie de sièges pétales, d’une instrumentation riche avec compte-tours et jauge à huile, de projecteurs antibrouillards, d’une banquette arrière rabattable 1/3-2/3 voire de boucliers ton caisse, mais demande un supplément pour les vitres électriques combinées à la fermeture centralisée. A 67 200 F, la Renault est un poil moins chère que la Peugeot. Fin 1989, la gamme est remaniée, la GTX devenant GTX Saga, mieux équipée : vitres teintées et électriques, fermeture centralisée à télécommande et rétro droit sont désormais de série. La GTX disparaît pour 1991, suite au lancement de la Renault Clio.
Fiabilité/entretien : mécaniques solides, carrosseries friables

Le moteur TU3S de la 205 se révèle très solide (hormis des soucis de joint de culasse en début de carrière), tout comme la boîte de vitesses. Seule la carburation se révèle capricieuse à froid, alors que les éléments d’allumage, à changer périodiquement, ne sont pas aisés à trouver. Pas de souci, en revanche, pour la courroie de distribution, à renouveler avant 100 000 km. On surveillera cela dit les fuites (joint de couvre-culasse, arbres de transmission).
Comme sur les Peugeot des années 80, les roulements des bras tirés de la suspension arrière prennent du jeu, engendrant des modifications de carrossage. Dans l’habitacle, les renforts latéraux des sièges ont tendance à s’avachir, puis à se déchirer, mais l’ensemble ne vieillit pas si mal. En revanche, la corrosion est un point crucial, car elle attaque les passages de roue arrière, le tour de pare-brise, les planchers ou encore les bas de caisse.

Le bilan est très similaire pour la R5 GTX. Très solide fondamentalement, son moteur F pâtit toutefois d’un carburateur dont la semelle accuse une fâcheuse tendance à se déformer, entrainant des soucis de fonctionnement parfois pénibles. Comme sur la 205, la courroie de distribution est à changer avant 100 000 km, alors que les fuites ne sont pas rares aux mêmes endroits, quoique bénignes. Quant à son habitacle, il n’a jamais bien vieilli.
Mal assemblés et laids, les plastiques sont cassants, et les sièges s’avachissent, même s’ils se déchirent moins que ceux de la 205. Par ailleurs, les accessoires électriques ne sont pas très endurants. Enfin, la corrosion attaque sérieusement la Super 5, à des endroits similaires à ceux de la 205, avec un peu plus de virulence.
Avantage : égalité. Les moteurs sont solides mais les habitacles moins. La Peugeot souffre d’une suspension arrière sensible, la Renault d’une propension un plus forte à rouiller.
Vie à bord : une Peugeot plus avenante

Dans la 205, on est accueillis par des sièges confortables et une présentation plaisante. Arborant des formes douces, le tableau de bord se révèle par ailleurs très correctement fabriqué, et s’équipe d’une boîte à gants immense. L’ambiance lumineuse, typique des années 80, se double d’une habitabilité très correcte mais, comme on l’a vu, l’équipement reste succinct. Pire, les passagers arrière doivent se passer de ceintures à enrouleurs ! Quant au coffre, il varie de 216 l à 1 200 l banquette rabattue, selon la méthode de calcul de Peugeot.

Sièges confortables également pour la Renault 5 GTX, mais la présentation… Certes, le dessin du tableau de bord n’est pas inintéressant, mais il semble bien agressif et surtout, se taille dans des plastiques de basse qualité, mal ébavurés et assemblés de façon lâche… Dommage, car par ailleurs, l’habitacle se révèle spacieux à l’avant. A l’arrière, c’est selon la carrosserie. En 3-portes, c’est petit, en 5-portes (empattement allongé), l’espace se révèle plutôt appréciable. Variant de 233 l à 957 l, le coffre vaut bien celui de la 205.
Avantage : Peugeot. Plus joliment dessiné, le tableau de la 205 est aussi bien mieux fini que celui de la Super 5. L’habitabilité et le confort étant équivalents, la Peugeot prend l’avantage.
Sur la route : nervosité pour la 205, allonge pour la Super 5.

Quoiqu’un peu haute, la position de conduite de la 205 apparaît bien étudiée, alors que le siège (s’il est en bon état) assure un maintien très convenable. Dès le démarrage, le moteur se signale par sa sonorité très sympa, puis sa vivacité. Quelle allégresse à prendre des tours ! La voiture étant légère, il délivre d’excellentes performances, les reprises étant d’ailleurs favorisées par la boîte très courte. Très agréable et rapide dans son maniement, celle-ci renforce le plaisir de conduire cette petite machine à la direction légère et communicative.
Honnêtement, en usage courant, elle n’a pas grand-chose à envier à une GTI 1.6. Si ce n’est son train avant : ici, il manque un peu de précision, et sur le mouillé, la motricité est vite précaire. Cela n’oblitère pas une excellente tenue de route, complétée par une suspension remarquablement amortie. Le confort est donc étonnant, mais sur autoroute, le moteur tourne vite (4 500 tr/min à 130 km/h) et se révèle bruyant : la 205 XS préfère les virolos, même si ses freins sont faiblards…

A bord de la Super 5, on est initialement déconcerté par le volant légèrement excentré vers la droite. On s’y fait et on apprécie le moelleux du siège. Cela dit, le moteur, moins jovial que celui de la 205, ne montre pas la même alacrité à l’approche de la zone rouge, où il vibre. En revanche, il est plus costaud à mi-régime, et au final, autorise globalement des chronos un poil meilleurs, sans avoir l’air de forcer.
Ceci est aussi dû à l’étagement de boîte beaucoup plus long, surtout en 5e, où les reprises sont moins bonnes que sur la 205. Heureusement, la commande apparaît, elle aussi, douce et rapide. Niveau châssis, la R5 semble plus souple que la 205, mais son train avant affiche une meilleure précision, de sorte que le comportement, certes moins vif, présente une homogénéité plus avérée. Surtout, sur autoroute, le moteur de la GTX tournant nettement moins vite que celui de la XS (3 600 tr/min à 130 km/h), la Renault est nettement plus silencieuse. Malheureusement, elle ne freine pas mieux…
Avantage : égalité. Si vous préférez l’amusement et les sensations, vous prendrez la 205, si vous ciblez le calme et les allures autoroutières, c’est la R5 qu’il vous faut. Pas de victoire ici.
Budget : des petites qui montent

Effet GTI oblige, la cote de la 205 XS devient folle. Comptez 5 000 € pour un exemplaire en bon état, mais frôlant les 200 000 km, 6 000 € avec 100 000 km de moins. Les autos de moins de 100 000 km sont toutes à plus de 8 000 €. Un bon conseil : prenez une GT ou une XT, elles procurent exactement les mêmes prestations et coûtent aisément 1 000 € de moins.

Une belle R5 GTX réclame 4 000 € à 200 000 km environ, et 4 500 € à 150 000 km, et déjà plus de 6 000 € à moins de 100 000 km. Elle aussi prend de la valeur ! Face à la pompe, nos deux rivales affichent des exigences comparables : 7,5 l/100 km en moyenne.
Avantage : Renault. Bien moins chère et pas plus gourmande que la 205, la R5 GTX emporte ici une victoire nette.
Verdict : meilleur rapport prix/prestations pour la Renault.

Certes, la 205 a pour elle un habitacle plus joli et mieux fini ainsi qu’une attitude plus amusante sur route, mais la Super 5 semble, selon nous, un choix plus avisé. En effet, elle coûte nettement moins cher, affiche des performances un chouia supérieures, propose un comportement routier plus rigoureux et une meilleure insonorisation sur autoroute.
Comme les deux rivales se révèlent d’une fiabilité et d’une gourmandise équivalentes, autant se diriger vers la Renault, moins coûteuse, à moins d’opter pour une 205 en version GT ou XT. Là, elle refait son retard.

Thème | Avantage |
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Budget | Renault |
Avantage | Renault |
Pour trouver des annonces, rendez-vous sur le site de La Centrale : Peugeot 205 et Renault Super 5.
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