Dix ans avant la Bugatti Veyron, la Jimenez Novia ose un moteur W16
LES VOITURES LES PLUS RAPIDES DU MONDE - En 1995, soit une décennie avant la révolutionnaire Bugatti, un artisan français concevait une supercar à moteur 16 cylindres. Mais Roman Jimenez n'est jamais parvenu à mettre sa Novia sur le marché.
Lorsqu’on évoque un moteur W16, on pense bien évidemment à la Bugatti Veyron, la première supercar de Molsheim à embarquer un tel bloc. Sauf que 10 ans avant l’italo-Alsaco-allemand, un fou furieux a osé créer et fabriquer une voiture ainsi propulsée.
En 1985, dans son petit atelier de Monteux, au pied du Mont Ventoux, Ramon Jimenez a une idée. Cet artisan est aussi motard et dans son garage, sa Yamaha lui fait de l’œil. Pourquoi ne pas implanter son 4 cylindres à cinq soupapes par cylindre dans une voiture ? Évidemment, il n’est ni le premier ni le dernier à vouloir réaliser une telle greffe. Sauf que Jimenez est têtu car non seulement il va aller au bout de son projet, mais ne va pas se contenter d’un seul bloc japonais, mais il va en relier quatre pour constituer un étonnant W16 à 80 soupapes et concevoir l’auto qui va autour.
567 ch et 10 000 tr / mn
Dix longues années plus tard, la Jimenez Novia (l’anagramme d’avion) existe bel et bien. Côté design, l’affaire ne va pas révolutionner l’histoire de l’automobile, avec une ligne qui fait les yeux doux à la Porsche 917, à la Dauer 962 et à tout ce qui se fait au rayon voitures de course de ces années-là.
Mais côté mécanique, il en va tout autrement et c’est du jamais vu. Non seulement le W16 fonctionne, mais il développe la bagatelle de 567 ch pour 4,1 l. Pas mal du tout. D’autant que son origine motarde lui autorise une zone rouge à 10 000 tr/mn. Encore mieux. On ajoutera que le poids de l’auto ne dépasse pas 890 kg, et l’on se prend à rêver.
Ce n’est pas tout : la Jimenez offre même un extracteur d’air pour un bon effet de sol, et une hauteur de caisse variable selon l’humeur de son pilote. L’intérieur quant à lui est revêtu d’un joli cuir et dispose même de la clim. La vitesse de pointe ? Elle est donnée pour 380 km / h. Quant au 0 / 100 km / h, il est expédié en 3 s.
De quoi appâter quelques riches clients pas rebutés à faire un gros chèque et plutôt admiratifs du travail d’un homme seul. Car Ramon a fabriqué son auto sans aide aucune, et sans le moindre financement extérieur. Seul Michelin est venu à son secours et lui a promis de fournir des pneus adaptés, spécialement conçus pour le curieux engin.
La Novia se heurte à l'écueil de l'homologation
Hélas, pour qu’une auto puisse être vendue pour la circulation au quotidien, et se voir immatriculer, elle doit être homologuée en subissant, notamment, un crash test. Pour Ramon, l’opération est impossible. Il a déjà dépensé plus de 100 000 euros pour concevoir et fabriquer son premier prototype et il lui est impossible d’en assembler un second, faute de sous. Il tente bien de rechercher les financements nécessaires, mais les portes des banques comme des industriels, se ferment les unes après les autres.
La Novia restera unique. Elle trône toujours dans le garage familial, et la petite entreprise de Ramon a été reprise par son fils. Aujourd’hui Jimenez Motor existe toujours, à Monteux, au pied du mont Ventoux. Elle est spécialisée dans la découpe au laser. Un domaine à la fois si loin et si proche de l’automobile.
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