2. Essai - Brixton Crossfire 500 : la super A2
Quoi de mieux qu'une bonne et longue balade moto sur des routes variées au tracé non moins divers ? Le temps nous aura peut-être joué des farces, avec ses pluies éparses, mais jamais la Brixton 500, elle, n'aura baissé les bras ni rendu les armes. C'est en compagnie de Julien que nous sommes allés faire les photos dans le Vexin. Sac sur le dos (contenant quelques effets légers seulement) et nous voici à forcer le rythme.
Le Vexin. Un petit coin de paradis pour trails et roadsters, qui aurait dû mettre à mal les suspensions de la nouveauté Brixton. Elles se montraient en effet désagréablement fermes au départ de la concession Mondial City hébergeant le parc presse, et ce à l'avant comme à l'arrière.
Les irrégularités de la route, les pneumatiques s'en occupaient, mais elles étaient inopérantes pour les reliefs de type éclate-spi, nid-de-poule géante et autres tremplins pullulant sur nos routes. Une fermeté faisant pourtant ressortir une bonne hydraulique, malheureusement trop fermée de base.
500 km et de nombreux cahots plus tard, tout a changé : on retrouve un peu de confort. Un peu, seulement, mais c'est un bon signe. L'huile mieux laminée et les températures plus élevées n'étaient pas étrangères à ce fait. Au fil des kilomètres, les éléments KYB n'ont en tout cas eu de cesse d'apporter plus de "velouté". Forcément, en partant de 0, nous avions de la marge…
De fait, un réglage ne nous est plus apparu aussi nécessaire au fil du temps. Approchant les 1 000 km, fessier et lombaires avaient donc fait autant de chemin vers un accord avec les suspensions que lesdites suspensions en avaient fait du chemin pour se roder. De quoi parvenir à un compromis. Libre à chacun ensuite de privilégier cap ou confort, en fonction de sa conduite et de ses attentes.
Avec le setting de base, la tenue de route est largement favorisée. On peut même apprécier une rigueur uniquement contrecarrée par la monte pneumatique et par son association avec les jantes à rayon, moins rigides que celles à bâtons en l'occurrence. Rien de trop perceptible, cela dit, mais une petite phase de transition ayant demandé un temps d'adaptation pour une mise sur l'angle sereine.
Petite moto dans l'absolu, la Brixton 500 Crossfire ne rechigne aucunement à se laisser mener sur l'angle et se révèle à la fois vive et légère à placer. La stabilité est également au rendez-vous, ce qui ne gâte rien. Surtout que le freinage, aussi bien à l'arrière qu'à l'avant se montre redoutable d'efficacité. Précis, puissant et dosable, il peut compter sur la centrale allemande Bosch pour répartir efficacement l'effort et permettre d'optimiser les distances d'arrêt.
D'autant plus que l'ABS se montre très difficile à déclencher, favorisant un excellent contrôle des phases de stabilisation, de ralentissement et d'arrêt. Assurément l'un des points nous ayant le plus et le mieux surpris sur cette Crossfire. Comme quoi J.Juan progresse et sait faire de très bons éléments. Un point important, sachant que la roue avant ne bénéficie que d'un disque. Alors autant que l'ensemble soit bon !
Conséquence directe de cette facilité et de ce guidage naturel ? Rapidement, l'aisance d'un conducteur confirmé vient à bout d'une garde au sol plus limitée que sur un roadster sportif. Qu'à cela ne tienne, le sentiment de sécurité acquis au fil des kilomètres permet de dépasser les appréhensions et de continuer à en mettre, comme l'on dit. Une chose est sûre : le gros cube Brixton ne rechigne pas à l'effort niveau moteur.
Du coffre et du peps !
Là encore, c'est une excellente surprise. On ne savait trop qu'attendre de ce moulin. Ce type d'architecture (bicylindre en ligne) est connue de longue date sur les japonaises, et elle brille déjà dans les parties cycles telles celles des Yamaha MT-07, Honda CB 500 R ou encore Z650. Justement, en parlant de CB 500, le souvenir de la version des années 2000 revient en mémoire, tant au niveau de la sonorité que du comportement du moteur. Un très bon signe.
Enjoué, le bloc ne fait aucunement ses 35 kW et on lui en donne volontiers davantage si l'on ne prend garde au compteur. Et ça, c'est une excellente nouvelle. Lorsque rien ne manque jamais niveau reprise ou allonge, lorsque l'agrément est constant et que les performances répondent présent, on peut dire qu'un moteur est une réussite.
Et en ce sens, celui de la Crossfire en est une sur toute la ligne. Sonorité réjouissante, caractère pétillant, il se révèle rapidement excellent, prompt à offrir de bonnes sensations et à faire oublier que l'on roule en A2. Vibrations comprises ! Tout juste peut-on lui reprocher un calibrage d'injection entraînant une légère coupure par moments, aux alentours de 3 000 tr/min. Curieux, mais pas rédhibitoire. Seules les évolutions en agglomération peuvent voir ce phénomène se produire lorsque l'on dose au pouième près les gaz. Le reste du temps, il est tout simplement parfait, et même sportif dans son comportement. Un comble.
La CB500 autrichienne est née
Loin de se ménager, le bicylindre s'emploie à mêler le comportement des 390 KTM (au monocylindre autrichien de conception lui aussi) et celui des 500 Honda actuelles. Il prend donc ses révolutions à cœur une fois passé la barre des 7 500 tr/min, tandis que l'on savoure quotidiennement ses capacités à chasser la morosité d'un coup de poignet droit. Attachant à souhaits, il est la belle découverte de ce milieu d'année 2020 et quoi qu'il arrive, un encouragement pour Brixton à continuer sur la voie des gros cubes.
Le premier rapport pousse ainsi aux alentours de 75 km/h, puis le second 105, et ainsi de suite par pas de 30 km/h, tout en sachant que le bridage A2 intervient aussi sur la vitesse de pointe, située cela dit aux alentours de 170 km/h compteur. Pas mal pour un A2, non ? Largement de quoi assurer et rassurer. Surtout avec son tempérament fougueux.
Et l'autre bonne nouvelle, c'est que ce niveau est atteint sans consommer à outrance : il est possible de tourner autour des 4,5 l/100 km, et de dépasser les 300 km d'autonomie sans se priver. La Brixton Crossfire 500 affiche donc des ambitions plus qu'urbaines, ouvrant les horizons de ses adeptes.
Enfin, la sélection nous est apparue précise et la boîte de vitesses bien étagée, ce qui ne gâte rien. Restent des commandes aux pieds paraissant être les parents pauvres de ce beau tableau : aussi bien la pédale de vitesse que celle de frein font résolument… chinois. Dommage. Pour le reste, la Brixton Crossfire 500 fait carton plein.
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