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Faut-il acheter en occasion une voiture "tricheuse", touchée par le scandale Volkswagen ?

Dans Guide fiabilité / Actu occasion

Manuel Cailliot

Cela n'aura échappé à personne, le groupe Volkswagen a traversé une énorme zone de turbulences ces dernières années. Avec 11 millions de voitures touchées par un scandale de triche aux émissions polluantes, et une campagne de rappel géante à la clé. Mais au fait ? Peut-on acheter les yeux fermés une voiture concernée par ce scandale, surtout après son rappel ? Caradisiac fait le point.

Faut-il acheter en occasion une voiture "tricheuse", touchée par le scandale Volkswagen ?

Tout commence donc en septembre 2015, lorsqu'éclate le scandale Volkswagen, dit "dieselgate", ou "VWgate". Pour faire simple, Volkswagen reconnaît à cette date qu'un logiciel "truqueur" a été utilisé dans des millions de voitures diesels produites par le groupe. Son but ? Pouvoir reconnaître le moment où la voiture est en train de subir un test d'homologation. Et ainsi activer tous les systèmes antipollution à ce moment, afin de satisfaire les normes.

Mais en dehors de ces conditions, les systèmes de réduction des émissions polluantes, et en particulier les oxydes d'azote (NOx), seraient inopérants. Et les valeurs relevées en sortie d'échappement bien loin de celles fixées par la réglementation, parfois jusqu'à 25 fois plus élevées !

 

Cette découverte fait donc (logiquement) scandale. Les têtes tombent dans le groupe, des enquêtes sont diligentées dans de nombreux pays, spécialement aux États-Unis. Et Volkswagen devra faire face au paiement d'amendes record (plus de 27 milliards d'euros depuis le début de l'affaire).

Mais pas seulement. Suite à la découverte de cette triche, le groupe allemand s'engage bien sûr à rappeler et à mettre à niveau tous les véhicules concernés. Et ils sont nombreux, on les estime à plus de 11 millions en tout, toutes marques confondues (Volkswagen, Audi, Seat, Skoda, et même Porsche). En France, ce sont 960 000 véhicules qui sont comptabilisés.

Après avoir étudié des solutions, les campagnes de rappel débutent (avec retard) en février 2016, et ce n'est même qu'à l'été 2016 que la solution validée arrive pour les derniers moteurs 1.6 TDI. Et les mises à jour se sont étalées jusqu’à fin 2017. La campagne est d'ailleurs toujours ouverte.

 

Acheter une occasion tricheuse : une bonne idée ?

Mais revenons à la question principale de l'article : faut-il acheter une voiture concernée par le scandale. Un de ces 11 millions de modèles, qui a été doté du logiciel tricheur, et qui, théoriquement, a été rappelé ?

Déjà, quels sont ces modèles ? Il s'agit dans leur grande majorité des autos équipées d'un moteur diesel TDI de type EA189, dont la cylindrée va de 1.2 à 2.0 en passant par 1.6, et respectant (théoriquement donc) la norme de pollution Euro5. Ils ont été commercialisés de 2008 à 2015. Quelques modèles dotés du V6 TDI sont aussi concernés, marginalement, chez Volkswagen, Audi et Porsche.

À l’époque, Caradisiac avait publié un article reprenant la liste exhaustive de TOUS les modèles concernés, année par année. Vous pouvez le retrouver ici : https://www.caradisiac.com/Scandale-Volkswagen-la-liste-exhaustive-des-modeles-concernes-104819.htm

Faut-il acheter en occasion une voiture "tricheuse", touchée par le scandale Volkswagen ?

Ces autos ont donc bénéficié d'un rappel (action codée 23R7), pour les remettre "dans les clous". Pour les moteurs 1.2 et 2.0 TDI, il a suffi d'une reprogrammation des boîtiers de gestion électroniques, gérant l'injection et les systèmes de dépollution. Pour le 1.6 TDI, ce fut un peu plus compliqué, c'est d'ailleurs lui qui a été mis à niveau le plus tardivement. Car en plus d'une reprogrammaton, il a fallu ajouter une nouvelle pièce au circuit d'admission, au niveau du débitmètre : une grille de conditionnement de l'écoulement d'air.

 

On aurait pu penser qu'avec tout ça, c'était fini, et qu'on n'en entendrait plus parler. Que nenni !

C'est pourquoi aujourd'hui se pose la question. Faut-il ? Ne faut-il pas acheter une voiture tricheuse, rappelée ou pas d'ailleurs ?

Elle ne sort pas d'un chapeau. En effet, nombreux sont les acheteurs potentiels à se la poser. Tout simplement parce que cela ne s'est pas toujours passé comme prévu. Explications.

Depuis le début, Volkswagen affirme, communiqué rassurant à l'appui, que : "la mise en œuvre de la mesure technique n'a pas de conséquence négative sur la consommation de carburant, les émissions de CO2, les performances et le couple du moteur, les émissions sonores ni la longévité du moteur et de ses composants. Tous les chiffres relatifs à l’homologation par type pour le véhicule resteront valides. Les autorités de régulation compétentes ont expressément confirmé que les exigences réglementaires en la matière sont respectées. La confirmation s'applique également aux exigences en termes de longévité des systèmes de recyclage des gaz."

 

Un rappel qui a entraîné de très nombreux soucis

Hélas, ce n'est pas du tout le constat fait par une partie des propriétaires qui ont subi le rappel !

Difficile bien sûr de savoir précisément quelle est leur proportion, mais elle est non négligeable. Dès les premiers passages en concession pour mettre à niveau leur auto, les premiers mécontentements se sont exprimés.

Pertes de puissance, moteur qui broute, allumage de voyant moteur, consommation plus importante, changement de comportement moteur, les témoignages sont clairs. Et ces désagréments arrivent parfois dès la sortie de concession, souvent quelques jours après ou dans les mois qui suivent. En même temps que la colère des propriétaires.

Faut-il acheter en occasion une voiture "tricheuse", touchée par le scandale Volkswagen ?

 

Une étude, publiée en janvier 2018 et menée par Test achats, une association de consommateurs, belge, affirme que 45 % des voitures rappelées ont des problèmes après la mise à jour du logiciel truqueur. Les soucis les plus fréquemment rencontrés par les personnes interrogées étant une surconsommation de carburant, une perte de puissance et ensuite des soucis mécaniques.

En France, 60 millions de consommateurs a aussi rapidement relevé des soucis, et sur son forum, des centaines de cas sont recensés.

Ici même sur Caradisiac, les propriétaires expriment leur mécontentement (voir certains avis de propriétaires).

Les soucis mécaniques les plus courants sont ceux concernant la vanne EGR (recyclage des gaz d'échappement), le FAP (filtre à particules), les injecteurs, et des broutements du moteur.

Faut-il acheter en occasion une voiture "tricheuse", touchée par le scandale Volkswagen ?

La grogne des utilisateurs a été telle que Volkswagen, ainsi que les autres marques touchées, Audi, Seat, Skoda, ont mis en place une "mesure de la restauration de la confiance client" (sic). C'est-à-dire que tout va bien, le rappel n'a pas de conséquences, mais en cas de problème, on prend en charge. C'est en substance la teneur de cette mesure. Ainsi, en cas de souci consécutif à la mise à jour, et ce dans un délai de 2 ans, les marques étudient la prise en charge des réparations ou du remplacement de certaines pièces. Ce sont les suivantes : sonde lambda, détecteur de température, clapet de commutation du recyclage des gaz d’échappement, vanne de recyclage des gaz, transmetteur de pression différentielle, injecteur, pompe haute pression, répartiteur de carburant, vanne de régulation de pression, capteur de pression et conduite d'injection.

On sait donc quels sont les organes pouvant connaître des soucis après le rappel. Merci VW d'être aussi clair sur ce point. Cependant, pour que la prise en charge soit étudiée (mais pas garantie), il faut que le véhicule ait moins de 250 000 km et qu'il ait été entièrement entretenu selon les préconisations du constructeur. Et dans son réseau. Ceux qui en sont sortis en seront pour leurs frais. Parfois élevés !

Attention, il faut nuancer, car ces soucis exprimés n'arrivent pas toujours et des contre-exemples existent. Nos confrères d'Auto Plus avaient même constaté sur une Golf 6 1.6 TDI 105 de 95 000 km une amélioration des performances, une consommation stable et un fonctionnement moteur plus "rond" après la mise à jour.

 

Acheter une voiture non mise à jour est sans risque, mais peu écolo

Pour les acheteurs, c'est donc un casse-tête. Première solution : acheter une voiture qui n'a pas été rappelée. Et elles sont nombreuses. Une étude de Transport & Environnement, ONG belge une fois encore, estime qu'en France, 74 % des modèles Volkswagen ont été mis à jour, et 54 % seulement si l'on inclut les autres marques et les autres moteurs que les types EA189. On a donc 1 chance sur 4 de tomber sur une VW en état d'origine, et presque 1 sur 2 si on inclut Audi, Seat, Skoda et Porsche. Mais ces autos polluent, beaucoup, et rejettent des NOx en veux-tu en voilà... Pour la conscience écologique, et maintenant qu'on le sait, c'est un peu... sale.

Les risques en termes de possibilité de circulation sont pour autant quasi nuls, même si Volkswagen, en début de campagne de rappel, faisait signer une décharge de responsabilité à ceux qui refusaient d'effectuer la mise à jour, informant d'un risque d'immobilisation administrative du véhicule. Un risque qui ne s'est jamais concrétisé. Et nous l'affirmons ici : il n'est pas obligatoire de faire la mise à jour.

 

Dans tous les cas, concrètement, c'est le meilleur moyen d'acheter une voiture qui fonctionne correctement.

 

Acheter une voiture rappelée est plus risqué

Acheter une voiture rappelée est plus risqué. Soit elle fonctionne correctement, Cela a l'air d'être le cas, tout de même, pour une grande partie des autos. Mais elle a vu ses performances se dégrader et sa consommation augmenter (rares sont les cas où ce n'est pas le cas). À vous alors de voir si cela vous convient malgré tout.

Soit elle fonctionne mal, ou fonctionnera potentiellement mal dans un avenir proche. Ce n'est pas garanti à 100 % mais le risque est élevé. En effet, le fait que le système de dépollution fonctionne désormais à plein régime va potentiellement accélérer le vieillissement de la vanne EGR déjà encrassée, du FAP, du piège à Nox, des injecteurs. Et si la voiture n'est pas ou plus éligible à la mesure mise en place par VW, c'est cuit, ce sera pour votre poche.

Piste intéressante : se pencher sur un achat de voiture qui a déjà été rappelée, mais dont les soucis arrivés consécutivement ont déjà été résolus par le vendeur, soit à ses frais, soit via la mesure de restauration de confiance de Volkswagen. Lui poser la question et examiner les factures d'entretien et de remplacement des pièces sera à ce titre instructif.

 

Dans tous les cas, rappelée ou pas, la valeur en occasion de ces autos est minorée. D'une part parce que c'est un diesel, et que tous les diesels, à problème ou pas, souffrent en ce moment. Et la réputation des TDI "tricheurs" est aussi sulfureuse, ce qui diminue encore un peu leur valeur. Difficile à quantifier mais en tout cas, c'est un élément qui encourage les acheteurs à négocier. De ce point de vue financier, c'est donc un point positif.

 

Pour résumer, en France, 74 % des modèles Volkswagen tricheurs ont été mis à jour, 54 % seulement si l'on tient compte des autres marques. Le rappel a entraîné des soucis sur une grande partie des autos (surconsommation, perte de performance, soucis mécaniques parfois graves. La marque a décidé de prendre en charge les dommages collatéraux dans la limite de 250 000 km, et d'un entretien réalisé dans le réseau.

Concrètement, acheter une voiture non mise à jour est la solution la plus sûre, mais la moins écologique. Acheter un modèle mis à jour est une loterie. Soit des problèmes surviendront et pourraient ne pas être pris en charge, soit ils sont déjà survenus, et le propriétaire aura déjà effectué les réparations nécessaires.

Dans tous les cas, le prix est bas et plus facilement négociable.

Au final, une réponse de normand à la question du titre : "pt'être ben que oui, pt'être bien que non". Il faut en tout cas, et vous l'êtes désormais, se montrer conscient des risques.

 

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