L'Amérique déclenche une guerre des composants au reste du monde
L'INFO DU JOUR - Coup sur coup, Joe Biden vient de signer deux décrets interdisant l'exportation de puces électroniques GPU vers 120 pays, et fermant la porte des États-Unis aux voitures connectées utilisant des composants chinois ou russes.
Les attaques ne viennent pas toujours du camp où on les attend le plus. Ainsi, les constructeurs européens et chinois redoutent (à juste titre) les prises de position protectionnistes de la future administration Trump, mais c’est finalement du côté de Joe Biden que les choses se compliquent, à quelques jours de son départ de la Maison Blanche.
Coup sur coup, deux décrets viennent sacrément compliquer la vie des marques étrangères et même, dans l’un des cas, celui d’une gloire locale : Nvidia. La première capitalisation boursière au monde, devant Apple et Microsoft s’est en effet vue limiter l’exportation de ses processeurs GPU. Si les pays alliés des États-Unis (France, Grande-Bretagne et Allemagne) sont épargnés, et pourront continuer d’utiliser ses puces, il n’en est pas de même pour 120 autres pays, dont, naturellement la Chine.
L'automobile dommage collatéral
Les constructeurs occidentaux sont-ils sauvés pour autant ? Pas tous. Volvo est Chinois, et certains de ses modèles, comme ceux de Polestar et Smart sont nés et fabriqués là-bas. La question se pose également pour les Tesla Model Y, assemblée à Shanghai. On est évidemment en droit de penser que ce petit coup porté à Elon Musk n’est pas pour déplaire à Joe Biden.
Bien sûr, l’idée n’est pas destinée à enfoncer l’industrie automobile, mais plutôt à freiner les avancées internationales de l’intelligence artificielle, un domaine très américain et hautement sensible, surtout dans le domaine de l’armement.
Reste que l’automobile, même si elle n’est qu’un dommage collatéral dans cette affaire, y regarde de près depuis quelques jours, car les puces Nvidia, sont déjà utilisées, par exemple, dans le système embarqué MBux de Mercedes, dont les Chinois BAIC et Geely détiennent près de 20 % du capital. Quant à Renault, il partage, à armes égales, la propriété de Horse, sa nouvelle entité thermique.
Évidemment, c’est du côté de Nvidia qu’on est le plus remonté. Pour son boss, Jensen Huang, « trop c’est trop ». Et il en appelle à la nouvelle administration Trump pour annuler le décret. On souhaiterait pousser le monde de la tech dans le camp du nouveau président que l’on ne s’y prendrait pas autrement.
Mais si ce décret ne vise pas spécialement l’industrie auto, un second texte, signé par Joe Biden la semaine passée, s’en prend directement à la filière. Il bannit tout simplement du territoire américain les voitures connectées équipées de pièces ou de composants russes ou chinois. Le texte officiel va plus loin, puisqu’il évoque les logiciels «ayant un lien suffisant avec la Chine ou la Russie», ce qui peut donner lieu à moult interprétations, tout comme le terme « connecté », puisque du GPS à une connexion internet quelconque, l'usage est multiple et très généralisé.
Des décrets qui ne résisteront pas longtemps
Évidemment, pour Volvo, Smart et Polestar, c’est la double peine. Privés de puces Nvidia et de systèmes de connexion, les marques de Geely voient la porte des États-Unis se fermer devant eux. Mais peut-être pas pour très longtemps. Car Tesla étant également concerné, on peut compter sur Musk pour pousser la nouvelle administration à annuler les deux décrets. Celui sur les véhicules connectés fait suite à une enquête publique concluant à un risque pour la sécurité nationale ? On peut présager que Donald Trump l’invalide en expliquant qu’elle est truquée. Une fake news en somme.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération