L'Europe s'attaque aux biocarburants
C’est une décision de la Commission européenne inattendue qui a provoqué l’ire de tout un secteur de la profession agricole. Celui-ci est lié à la cause de la propulsion mécanique et donc de l’automobile puisqu’il met du carburant dans les réservoirs. C’est pour ça qu’on l’appelle biocarburant. Sa part dans les transports était promise à 7 % en 2020. Une perspective qui s’éloigne avec cette volonté politique affichée de freiner le recours aux agro carburants d'ici 2030.
Pour le coup, ça impacte sérieusement les perspectives de tout un secteur économique. Avec la précarité sociale comme corollaire. C’est justement cet avenir sombre qu’ont mis en avant les cultivateurs européens, furieux d’un tel revirement.
Mais c’est ainsi. La Commission a annoncé qu'elle souhaitait réduire de manière draconienne la part des biocarburants de première génération dans les carburants des transports entre 2021 et 2030 : ils tomberaient ainsi à 3,8 %. Première génération veut dire le bioéthanol issu de céréales ou de betteraves dans l'essence vendue en Europe et le biodiesel produit à partir d'oléagineux, comme le colza ou le tournesol dans le gazole. Ces agro carburants sont pointés du doigt en raison de leur impact négatif sur la production alimentaire, la déforestation et, à terme, le climat.
À la place, la Commission table sur des objectifs croissants d'incorporation de biocarburants dits avancés, fabriqués à base de déchets agricoles et forestiers ou de micro-algues, pour atteindre 3,6 % en 2030. Pour le moment, le pétrole compte pour 94 % de l'énergie utilisée pour faire marcher voitures, camions, bateaux et avions en Europe.
Les professionnels de la filière sont vent debout et rappellent que leurs carburants sont la seule alternative réelle sur le long terme aux carburants fossiles, lesquels sont moins respectueux de l'environnement que les biocarburants conventionnels. Sans eux, assurent-ils, l'Union Européenne ne parviendra pas à réaliser ses objectifs en matière de climat et d'énergie.
"Le premier débouché des oléagineux français est le biocarburant", déclare à l'AFP Gérard Tubéry, producteur d'oléo protéagineux dans l'Aude. Le Syndicat des énergies renouvelables (SER), principale organisation professionnelle du secteur dans l'Hexagone, a de son côté mis en garde contre la mise à mal « des sites industriels et plusieurs dizaines de milliers d'emplois en France ».
Autant d’arguments socio-économiques qui devraient attirer l’attention d’un Parlement européen qui s’était déjà opposé à limiter à 5 % le taux d'incorporation des biocarburants de première génération. La proposition de la Commission est donc encore loin d'être adoptée et effective.
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