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Au Japon, cinq constructeurs accusés de tricherie

Dans Faits divers & Insolite / Justice

Michel Holtz , mis à jour

L'INFO DU JOUR - Selon une enquête du ministère des transports japonais, Toyota, Mazda, Suzuki, Honda et Yamaha seraient impliqués dans une fraude aux homologations. Plusieurs autos sont retirées de la vente jusqu'à leur mise en conformité. Une affaire qui, pour autant ne touche que l'archipel. Le point sur les modèles concernés et l'ampleur de la triche.

Au Japon, cinq constructeurs accusés de tricherie

Imaginons que la grande majorité des constructeurs français, ou allemands, soient accusés de tricherie, et sommés de stopper leurs livraisons sur leur marché domestique. C’est exactement ce qui se produit actuellement au Japon avec Toyota, mais aussi Suzuki, Mazda, Honda et Yamaha, ces deux derniers n’étant impliqués que pour leurs deux roues. Mais tous sont accusés d’avoir triché lors des homologations, spécifiques au Japon, concernant leurs véhicules.

Si le scandale qui secoue l’archipel depuis hier est aussi énorme, c’est que non seulement il touche les fleurons nationaux (hormis Nissan, Subaru, Lexus et Mistubishi) mais, qu’en plus, il n'implique pas seulement, comme l’avait fait le dieselgate Volkswagen en 2015, les normes anti pollution, mais aussi la sécurité même des autos, puisque ce sont, entre autres, les crashs test qui sont en cause, et plus particulièrement ceux touchant les occupants des autos, mais aussi les piétons.

La vente de certains modèles suspendus

De plus, ces accusations émanent non pas d’une ONG, mais bel et bien du ministre des transports nippon qui met en cause les constructeurs et leur demande de suspendre immédiatement la vente de certains de leurs modèles.

Mais qu’est ce qui a bien pu mettre la puce à l’oreille des autorités ? En fait, l’affaire remonte à deux ans. En 2022, Hino Motors, une filiale de Toyota, a été prise la main dans le pot à confiture de la triche en sous-estimant ses émissions de C02. L’an passé, rebelote : deux autres filiales sont accusées : Daihatsu, déjà pour des crashs tests, et Toyota Industrie qui exagérait sur la puissance de ses moteurs.

Les ventes de la Toyota Yaris Cross sont suspendues au Japon.
Les ventes de la Toyota Yaris Cross sont suspendues au Japon.

Du coup, le ministère a diligenté une enquête générale et 85 entreprises du secteur, maisons mères et filiales, ont été passées sur le gril. Les investigations ne sont pas achevées, et les conclusions d’hier ne sont qu’un rapport d’étape.

Le coup est rude pour Toyota qui enchaîne les mises en cause et voit sa réputation malmenée. La marque aux 32 milliards d’euros de bénéfice est évidemment la plus scrutée et la direction a immédiatement réagi à cette mise en cause. Elle n’a pas nié, mais évoqué des « erreurs » plutôt que des « fraudes » et pris des mesures immédiates. Les ventes de Corolla Axio (berline) et Fielder (break), ainsi que de Yaris Cross sont ainsi suspendus au Japon. Sachant que pour cette marque, comme pour les quatre autres, seul l’archipel est concerné, les normes n’étant pas les mêmes dans le reste du monde.

Même punition pour le coupé-cabriolet Mazda MX5 RF.
Même punition pour le coupé-cabriolet Mazda MX5 RF.

Chez Suzuki, les éléments de langage sont différents. Le constructeur, suite à l’injonction ministérielle, a mené sa petite enquête en interne et a découvert une « irrégularité », et non pas une « erreur » qui remonte à 2014. Pour la marque, le problème est lié à un problème de freinage : il était plus court lors du test que dans la réalité. Suzuki a donc refait le test en question, en rectifiant le modèle le mois de mai dernier. L’Alto Cargo, a priori seul modèle concerné n’étant plus commercialisé, un simple rappel devrait régler le problème.

Du côté de Mazda enfin, d'anciens modèles sont touchés, à l'instar de Suzuki. Mais le troisième Japonais a surtout dû stopper net ses livraisons de Mazda 2 et de MX5 RF (la version coupé cabriolet). En cause : un logiciel partiellement désactivé pendant les séances d'homologation qui rappelle furieusement le dieselgate allemand. La marque n'évoque pas d'erreur, mais présente ses excuses.

Des homologations réalisées par les constructeurs eux-mêmes

Pour autant, comment se fait-il que les constructeurs incriminés aient pu faire des « erreurs » ou commettre ces « irrégularités ». C’est que les normes et homologations japonaises sont réalisées dans des conditions très différentes de celles qui sont appliquées en Europe, par exemple, ou elles se déroulent dans un cadre indépendant, sous l’œil des autorités.

À l’inverse, dans l’archipel, tout repose sur la confiance. C’est le constructeur lui-même qui réalise les tests en interne, sans que l’autorité, qui a, au préalable défini les critères d’homologation, ne vérifie quoi que ce soit à postériori. Sauf dans le cadre de cette enquête dont les premiers éléments ont été révélés hier. Une enquête qui, lors de ses résultats finaux pourrait bien remettre en cause cette étrange forme d’autorégulation.

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