La Citroën DS a failli inaugurer l’antiroulis actif
Non contente de redéfinir les normes en matière de tenue de route et de freinage, la mythique DS était bien partie pour éliminer toute forme de roulis grâce à un système potentiellement révolutionnaire : l’Antigite.

Une Activa avant l’heure ! Plus de trente ans avant que la Xantia virant à plat ne soit commercialisée, Citroën planchait déjà sur une Ds parée de cette qualité. Extraordinairement avancée par sa tenue de route, son confort ou encore son freinage, grâce à sa suspension hydropneumatique, la grande berline de Javel péchait tout de même par un roulis assez important.
Paul Magès, inventeur du système haute pression de la DS, en était bien conscient, d’ailleurs, avant même sa conception, il avait déjà étudié un dispositif empêchant à la fois le tangage et le roulis dès 1944. Mais avec la DS, il va passer à la vitesse supérieure, avec l’Antigite. Ingénieux, cet équipement fonctionne avec l’électricité : une sorte de pendule circule dans des résistances, reliées à des électrovannes.

Celles-ci s’ouvrent et se ferment en fonction de la position du pendule, laissant passer ou pas du fluide hydraulique. C’est simple sur le principe mais terriblement complexe à mettre au point. En 1946, Magès a revu l’Antigite, préférant un principe n’utilisant que des ressorts et de l’hydraulique. Cette fois, il en dépose le brevet ! Cela dit, pris par d’autres projets, Magès n’ira pas très vite sur l’Antigite, mais il fait tout de même tester à Pierre Bercot, patron de Citroën, un prototype de DS qui en est doté.

Effectivement, la voiture vire à plat mais en plus, elle fait mieux travailler ses pneus. En ressort une tenue de route améliorée de 30 %, sachant que de ce point de vue, la voiture était déjà une référence. Quant au confort, son autre qualité majeure, il est augmenté : incroyable. Bercot, enthousiasmé, demande à Magès si cette invention est prête à être commercialisée. L’ingénieur autodidacte douche les espoirs de son patron : il lui révèle qu’il faut encore quelques années d’études.
Peut-être exagère-t-il, mais effectivement, Magès est très occupé par ailleurs. Surtout, il se méfie de la direction de Citroën qui, contre son avis, a remplacé le Lockheed contre un fluide maison (le LHS) pour le système hydraulique de la DS, ce qui s’est traduit par des fuites catastrophiques. Tout ça à cause d’une histoire de royalties. Pour éviter que ce cauchemar ne se reproduise, Magès veut prendre son temps pour bien peaufiner l’Antigite, mais travaillant sur d’autres projets, comme la future GS, il le laissera de côté, avant de prendre sa retraite en 1974. L'Antigite rejoint donc les moteurs secrets de la DS parmi les projets abandonnés. Il faudra attendre vingt ans pour qu’un système comparable soit commercialisé, sur la fameuse Xantia Activa.
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